Chapitre 88

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A chaque seconde qui passe, je commence à perdre espoir. On dirait un sablier qui se vide peu à peu de son sable, à chaque instant...

Cinq jours, ça fait cinq jours qu'elle n'a pas ouvert les yeux. Et ça fait cinq jours que je ne les ai pas fermés.

Cinq jours qu'elle est assise sans aucun mouvement le long de son lit d'hôpital. Et cinq jours que mes jambes font un effort continuel pour permettre à mon corps de faire les cents pas dans les couloirs.

Cinq jours qu'elle n'a pas dit un seul mot. Et cinq jours que je reste aussi silencieux qu'une statue, assis comme un fantôme à regarder ce fameux lit d'hôpital, permettant à mes pieds une petite pause avant de retourner dans le cercle infernal des rondes dans le couloir.

Le docteur nous dit que ce n'est pas bon signe, que ce quasi-coma n'annonce rien de bon. Depuis sa sortie de la salle des opérations, toutes ses paroles soit-disant réconfortantes ne montrent qu'une perte d'espoir. Même lui n'y croit plus ! 

"L'opération s'est assez bien déroulé mais on ne peut rien savoir. Elle est tombée sur sa tête et a sombré dans le coma. Il va falloir attendre la réaction de son corps. Si elle se réveille, tout se passera à merveille. Mais si elle reste endormie pour trop longtemps, ça n'annoncera rien de bon, et le coma ne sera que l'étape qui précède sa mort... Mais ne perdez pas espoir ! Il y a quand même un bon pourcentage de cinquante pour cent qu'elle se réveille !"

Ne perdez pas espoir. Ne perdez pas espoir ?!Et il dit ça comme si il commandait une pizza ! C'est comme si on disait à un soldat resté seul face à une armée de ne pas s'enfuir, de ne pas capituler !

Mais Samar ne mourra pas, elle restera en vie et ça j'en suis certain ! Même si tous les docteurs diront le contraire, même si la chance qu'elle se réveille n'est que d'un seul pour cent ! Elle est toujours en vie et elle le restera car c'est une battante !

- John.

Cette voix... Cette voix est la sienne. Douce mais à la fois stricte, professionnelle mais à la fois enfantine, une voix qui joue malicieusement avec les tympans de mes oreilles, les faisant vibrer qu'avec un seul murmure... Samar ?

Je me retourne avec un espoir illogique pour apercevoir Aimée, adossée au mur blanc. Habillée d'un simple jean clair et d'un pull blanc, la ressemblance physique - et vocale - entre elle et Samar est flagrante. Espérons juste que je ne l'ai pas regardé trop longtemps, elle aurait pu croire que je la matais, mais putain on dirait des sœurs !

- Mhm ?

- Qu'est-ce qui s'est passé avec Samar ? Demande-t elle du tac au tac, toujours adossée au mur.

- Je vous l'ai déjà dit on...

- Monsieur Wilkerson est passé quand tu es parti, sort-elle.

Mes yeux s'ouvrent grand à l'entente du prénom de l'autre salaud de service. J'essaye tant que possible de cacher ma surprise et ma rage alors que j'imite l'indifférence.

- Ah oui, c'est logique après tout, c'est sa fille.

- Il a dit que des rivaux l'ont menacé de tué sa fille, et que par hasard tu étais avec elle. Il avait l'air vraiment inquiet...

Devant moi se trouvent deux chemins:

Le premier, frapper le mur avec mon poing et crier aussi fort que possible, puis aller chercher Wilkerson et lui crever la tête à coup de pinces chirurgicales, pour enfin être emprisonné et être loin de Samar pour toujours.

Le deuxième, rester silencieux et compter les infirmiers qui passent jusqu'à ce qu'Aimée finisse son discours sur le merveilleux Wilkerson attentionné adorant sa fille bien aimée.

Enfin libre ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant