Chapitre 67

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Noël s'est plutôt bien passé. C'était assez triste, mais ce n'était pas si mal...
J'espère au moins que je passerai Noël prochain aux côtés de ma belle directrice aux yeux verts, mais je ne suis pas sûr que l'année prochaine, je serai toujours avec elle. Elle me manque, et je sais que cette distance entre nous n'est qu'une distance physique, alors que quand elle saura que je lui ai menti tout ce temps, ça sera la grande distance morale qui s'imposera entre nous qui me détruira le plus. Je sais qu'elle me détestera, j'en suis sûr et certain. N'empêche, je garde un îlot d'espoir qu'elle me comprendra un jour ou l'autre, je l'espère en tout cas.

Le nouvel an ? Mieux que Noël. Alex, Kyle, Sam, Vanessa, Isabelle et d'autres personnes que je ne connais pas dans un bar. Sans oublier Alex et Kyle qui criaient "Kiss kiss kiss !" à chaque fois que je passais sous le gui en même temps qu'une autre personne, et qui lançaient un "Naaaan" interminable à chaque fois que je refusais. Quand je passais en même temps qu'une fille, c'était acceptable, mais passer en même temps qu'un mec, c'était... Une autre histoire.
Ils ne savent toujours pas que je suis déjà pris, et que je refuserais de regarder une autre femme. J'ai des principes après tout.

Janvier passe, février aussi, mars de même. Chaque jour qui passe me rapproche de sa venue, mais voir le regard tueur de Wilkerson chaque matin me met de plus en plus mal à l'aise.
Son sourire espiègle, ses gestes si gentils qui cachent tellement de haine, ses paroles toutes douces qui cachent mille couteaux qui n'attendent que quelqu'un s'approche un peu trop près pour le poignarder en plein coeur. Une vraie veuve noir, tuer après avoir pris tout ce qu'il peut gagner. Dommage qu'une femme comme Samar ai un père comme ce connard.
Il ne reste plus que sept mois, donc ça fait cinq mois sans que je ne la voie pas, nous avons déjà essayé les vidéos chat une fois, mais une image retardée de cinq secondes et qui brouille tout le temps n'était pas si efficace.

***

Avril passe lentement, très lentement, extrêmement lentement. Son absence commence à peser lourd, plus lourd qu'avant même. C'est comme quand on apprend à nager : l'endroit le plus flippant est le milieu de la piscine, on ne peut plus retourner en arrière, et il reste encore un bon bout de chemin à nager.
Je me concentre sur mon boulot pour me distraire, et ça fonctionne plutôt bien, je dois dire.

Mai passe, juin de même, et juillet aussi. Ces mois passent plutôt vite, je ne peux pas dire que j'oublie que Samar est à des milliers de kilomètres de moi, mais son absence pèse... Moins ? Oui, "moins" est le mot le plus approprié.
J'espère que ce sentiment est lié au fait que je commence à m'approcher du rebord de la piscine, et pas au fait que mes sentiments envers elle commencent à s'estomper. Car il est impossible, impossible, que j'oublie cette belle femme, ou que j'arrête un instant de penser à elle.
Elle me manque ? Oui.
Atrocement ? Oui.
Mais moins qu'avant ? ... Je dois avouer que oui.

Août et septembre : deux mois chargés de travail. Pour moi, mais aussi pour elle. Elle m'appelle de moins en moins, depuis mai, on est passé d'un appel chaque jour à un appel chaque dimanche. Je ne la plains pas du tout, je sais qu'elle a un travail et un délai à respecter.
Je deviens accro à cette petite voix douce qui me salue chaque matin, et j'en suis fière.
Encore un mois et elle sera là.

***
***

- John.

Vanessa franchit la porte et avance au milieu du bureau. Elle rajuste son blazer noir et attend sagement que je relève ma tête des papiers.

- Isabelle et moi, on va aller déjeuner, tu viens avec nous ? Demande-t-elle après avoir vu que je ne compte pas quitter mes papiers.

Enfin libre ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant