❥Chapitre 10

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  C'était de plus en plus dur de se voir. L'œil bien veillant de ma mère surveillait chacun de nos faits et gestes dès que nous étions tous les deux dans la même pièce. Mais aujourd'hui, elle travaillait et nous en profitions à fond. Jorge était en dessous sur moi, il me donnait des coups de bassin divin tandis qu'il tenait mes seins. Après avoir atteint la jouissance extrême, je m'affalais sur lui en déposant un baiser sur son torse. Nous étions, tous les deux, essoufflés comme si nous venions de faire une séance de sport. Je me couchais sur le côté et me recouvris de la fine couverture de soie que j'avais.

- Alors on en est où nous depuis la semaine dernière ?
-Martina...
-Arrête d'éviter le sujet ! S'il te plaît...
- Il faut que j'y aille.

Je sais qu'il lui faut du temps mais du temps veut dire jamais, on est considéré comme frère et sœur par tout le monde alors que nous n'avons aucun lien de sang, et si ma mère et son père se mariaient ? Je n'ose même pas imaginer tellement cette pensée m'est insupportable. C'est triste de dire ça, mais nous ne serons jamais un vrai couple, ça s'arrêtera toujours au sex, peut-être que nous ne serons toujours que des amants cachés, mais c'est mieux que rien. Je reposais ma tête sur son torse respirant son odeur. L'université, cet autre argument qui est bien évidemment contre nous, dans quelques mois, il y partira. Mais qu'est-ce que je m'imagine ? Qu'il est amoureux de moi ? J'ai l'impression d'être idiote et impuissante. Je me levai pour me rhabiller et lui me prit par la taille alors que j'étais dos à lui et il nicha sa tête dans le creux de mon cou et huma mon parfum.

- Je suis désolé que les choses soient aussi compliquées. J'aurai aimé que ça se passe autrement.

Puis il s'écarta et remit ses vêtements, je ne savais plus où j'en étais. Je l'aimais tellement et je voulais tellement plus que du sex, avant ce n'était qu'un simple souhait, aujourd'hui s'est devenu une obsession.
Le soir même, nous dînions en famille, c'était très silencieux, ma mère était vraiment bizarre en plus de ça. Elle avait à peine touché à son assiette et ne cessait de me fixer. Après ce repas glacial, j'étais de corvée avec ma mère, je l'aidais à nettoyer la vaisselle. Elle soupira un bon coup pour enfin se lancer, je savais qu'elle voulait me dire quelque chose et je commençais sérieusement à avoir peur.

  - Entre lui et moi, c'est très sérieux, tu sais. Et je pense qu'il va me faire sa demande.
- En mariage ?
- Oui, mais je veux savoir ce que tu en penses...
- Je suis contente pour toi, néanmoins, je pense que ça va un peu vite, ça fait quoi, six mois ?
- Un an.
- À mon avis, il en faut un peu plus pour se marier...

Évidemment, je retenais mes mots, j'avais envie de crier, une des choses que je redoutais le plus allais sans doute arrivée. Je priais pour que ma mère se trompe, que le père de Jorge ne lui fasse pas sa demande en mariage. C'était égoïste de ma part, mais, c'était déjà assez compliqué avec Jorge et je préférais me contenter de ce que j'avais plutôt que de le perdre définitivement. Parce que s'ils se marient, même le marché ne sera plus valable. Je fermais la porte de ma chambre à clé avant de pleurer un peu, enfouie sous ma couverture, les écouteurs enfoncés dans les oreilles. On toqua à ma porte, mais je fis savoir que je ne voulais pas être dérangé. Quelques minutes plus tard, elle s'ouvrit comme par magie et laissa apparaître Jorge une épingle à cheveux à la main. Il avait crocheté ma serrure. Je retirais mes écouteurs et séchais les larmes tandis qu'il refermait la porte derrière lui puis vint s'asseoir sur le bord de mon lit. 

-Je ne suis pas d'humeur Jorge.
-Contrairement à ce que tu penses, je ne suis pas venu pour ça, je t'entend sangloter de ma chambre. Qu'est-ce qui ne va pas ?
-Tout, ma vie en générale. J'aimerais tellement revenir en arrière et empêcher mon père de prendre sa voiture. Ou partir, loin d'ici
-Ok... Tu voudrais qu'on parte demain ? Tous les deux ? Demain, c'est le week-end et mon père a une maison au bord d'un lac, c'est à une heure ou deux d'ici.
-C'est un rancard ?
-Comme tu veux, moi, je fais plus ça pour te changer les idées.
-Tu as pitié de moi ?
-Non, juste que je suis compatissant.

Il déposa un léger baiser sur mes lèvres avant de sourire et de repartir dans sa chambre. Tout un week-end, seul avec lui. Mon cœur bat à la chamade et très vite la tristesse se dissipe pour laisser place à la fatigue. Je m'endors paisiblement en imaginant ce merveilleux week-end que me réserve Jorge. Je l'aime, j'en suis sûr.  


ChantageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant