Changement de programme

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Paris- école militaire - 12h


Ma sœur me regarde étrangement :

- Oh, qu'est-ce qui t'arrive ?

- Quoi ?

J'ai un gros nœud dans la gorge. J'avale un sushi de travers. Je me force à lui sourire. Ce n'est pas du tout convainquant. Ma toute petite sœur minuscule qui croit au grand amour et vient d'emménager avec son mec. Elle ne comprendrait pas.

- Tu me parles de ta vie à Bordeaux et tu as l'air tellement triste. Je ne t'ai jamais vu aussi triste. C'est ce que tu voulais non ? Bouger là-bas.

- Oui c'est juste. Ce n'est pas facile.

Je laisse passer un silence.

- Tu crois que je pourrais rester un peu plus longtemps ?

- Oui bien sûr ! Garde ma chambre encore. Est-ce qu'il y a un soucis avec ton fiancé ?

Oui, mais ce n'est pas sa faute, c'est la mienne et j'ai une idée derrière la tête. Mais je ne vais pas lui avouer quand même, que j'ai revu Ethan. Je lui en avais parlé à l'époque. Elle trouvait ça cool, m'avait poussé à le recontacter après que nous ayons quitté ce lycée tout les deux. L'idée lui semblerait moins fun aujourd'hui. Elle adore Paul. Comme le reste de ma famille et de mes amis. Tout le monde aime Paul.

Et moi je n'ai pas envie de rentrer. J'ai envie de revoir Ethan. Je ne peux pas... Pourtant ça me tue de garder ça pour moi.

- Je suis fatiguée c'est tout. Reprendre la route tout à l'heure, je ne le sens pas.

- Ok, ok.

Mon portable sonne dans mon sac.

Paul.

Il tente de me joindre pour savoir quand nous nous retrouvons ce soir.

Qu'est-ce que je veux ? Quelle décision je prends ?

J'ai répondu à Ethan tout à l'heure. Je ne lui ai pas dit que j'acceptais de le retrouver. Je suis toujours sensée partir. Je n'ai pas accepté de le revoir. Mais j'ai répondu malgré tout.

[C'est dur. Même effet qu'il y a cinq ans en plus intense parce que tu n'es plus un petit con. Je donnerai n'importe quoi pour revenir en arrière et être à nouveau contre toi juste cinq minutes. Je n'ai oublié aucune sensation.]

Aucune. Pourquoi suis-je incapable de me sortir Ethan de la tête ? On a pris un café, ça va ! Et on a échangé un aveu. Lui aussi m'a répondu.

[Ne me dit pas ça. Je n'avais qu'une envie hier, c'était de te prendre dans mes bras. Ça paraît idiot, mais tu m'émerveille plus qu'il y a cinq ans. Oui, je choisi bien ce mot.]

Mes doigts on tremblé à la lecture de ce SMS. C'est lui qui me scotche. Moi, je suis toujours la même.

Il a insisté.

[Libère toi.]

...

Cet impératif qui remue des sensations inavouables au creux de mon ventre.

[Libère toi. Cinq minutes. Ou tu veux. Ça n'engage en rien, mais je préfère te voir pour te parler que par écran interposé.]

Et si j'accepte ? Etre à nouveau en face de lui dans une rue, adossée à un porche ? Et s'il s'approche de moi. Qu'est-ce qu'il veut ? Qu'est-ce qu'il cherche ? Qu'est-ce qu'il ferait ? Et s'il tentait de m'embrasser ?

Et Paul dans tout ça ?

Je n'ai pas répondu. A aucun des deux. J'étais perdue. Mais  présent je suis certaine d'une chose : je suis incapable de retourner à ma vie d'avant. C'est déjà trop tard. Je rappelle Paul, prétexte la fatigue. Non, je ne rentre pas tout de suite. Oui il est déçu qu'on ne se voit pas avant qu'il parte. Je suis désolée. A dimanche soir.

Quand je raccroche, un message d'Ethan m'attend.

[Oui, c'est peut-être mieux que tu ne répondes pas.]

Non ! Non, ce n'est pas ça. Je veux tirer les choses au clair. Je veux comprendre pourquoi il me bouleverse à ce point. Et je me sens totalement incapable de le quitter à présent. Je lui répond à toute vitesse.

[Ce n'est pas que mon fiancé est moche. Il est extrêmement sexy. Ce n'est pas qu'il est stupide. Il est terriblement intelligent et très cultivé. Il manque parfois de patience parce que contrairement à moi il a eu une vie facile...]

Est-ce la raison ? Est-ce que ce sont nos blessures qui se reconnaissent ?

[... Ethan, ce n'est pas que ma vie sexuelle soit naze car vraiment elle ne l'est pas. Donc ce n'est pas un manque. C'est toi. Je ne rentre pas à Bordeaux. Il faut qu'on se voit.]

Ma sœur me fait les gros yeux. Elle a peu de temps à partager avec moi. Sa pause s'achève bientôt. On se voit rarement et elle ne peut pas tirer sur ses horaires puisqu'elle vient juste d'accepter ce nouveau job. Je lève les mains en signe de reddition et abandonne mon portable pour un moment.

The way she fallsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant