Encore un texto de trop

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C'est fini. Ethan est dans le bus et toi, tu rentres chez toi.

Je suis épuisée. Je n'ai qu'une seule idée en tête : travailler mollement sur un manuscrit, avaler rapidement un bout et m'effondrer de bonne heure sur le lit de ma frangine. J'avance le plus vite possible pour rejoindre l'appartement de mon père. Cela me semble si loin que tout courage m'abandonne. Il fait vraiment froid maintenant que la nuit tombe.

Je songe sérieusement à m'arrêter sur le premier banc venu et ne plus en bouger jusqu'à ce que... Jusqu'à la fin du monde peut-être.

Je tente d'appeler ma grand-mère, ma seule famille. Elle me remettra les idées en place, elle. Elle me rappellera que Paul est la chance de ma vie, l'homme parfait et que je suis ridicule de prêter ne serait-ce qu'une seconde d'attention à un petit mec qui a encore tout à construire.

"Sarah, enfin. Tu es ridicule ma fille. Ne gâches pas ce que tu as."

One bird in a hand is better than two in the bushes. Proverbe que j'ai tant entendu dans la bouche de mon prof d'anglais au lycée que sur mon lit de mort, il s'agira probablement, par automatisme de mes derniers mots.

L'équivalent de un tiens vaut mieux que deux tu l'auras.

Un oiseau dans la main, c'est mieux que deux dans les buissons.

Même si l'un de ces deux oiseaux est un homme au charme magnétique, aux yeux brûlants et que tout semble vibrer autour de moi lorsqu'il est là.

Mon portable.

Je ne parviens plus à m'empêcher de lire ses messages.

[Qu'est-ce que tu fais ce soir ?]

[Tu me dis que je te plais et tu fuis lorsque je te prends dans mes bras.]

Range ce portable tout de suite. C'est terminé. Tu lui as promis de réfléchir. Tu réfléchiras. Mais sans avoir commis d'erreur avant.

J'ai tellement envie de lui répondre. Maintenant encore un peu ce lien avant que la distance géographique ne tire dessus de toutes ses forces.

Un SMS. Un seul.

[Le soucis, Ethan, c'est que lorsque tu me dévisages, je tremble. Et je détourne les yeux car j'ai peur d'être aspirée. Que si je soutiens ton regard, je ne répondrai plus de rien. Mon cerveau dégoupillerai et je craquerai lamentablement.]

Et en même temps. J'ai tellement envie de savoir... ce qui se passerai si je ne me détournai pas. La tension pourrait-elle être plus forte ? C'est impossible. Une tension plus forte, c'est du domaine de l'insoutenable. Non, pas insoutenable. Ses prunelles brunes sur moi, c'est déjà du domaine de l'insoutenable.

Je n'ai plus de vocabulaire pour tenter d'imaginer ce sentiment que je n'ai jamais connu. Dictionnaire inutile. Au feu les synonymes.

Alors serait-on au-delà des mots ?

Il faut que je sache.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 04, 2016 ⏰

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