Définitivement, ça ne mène à rien. Je secoue la tête. Ce poids sur ma poitrine refuse de m'abandonner. J'avoue, j'aurai voulu qu'en le revoyant, tout devienne évident. Que je le regarde et me dise soudain : "mais tu débloque ma fille ! Allez, ce n'était que la fatigue. Tout va bien." Et je serai rentrée chez moi tranquillement.
Échec total pour le moins.
C'est pire. Mille fois pire. Surtout avec ce qu'il m'a sorti tout à l'heure. Pas tellement la déclaration en elle-même d'ailleurs, plutôt cette émotion que j'ai sentie monter en lui au moment de tout balancer. Une vague qui m'a submergée.
Alors ? Je suis bien avancée maintenant ? Quelle conclusion ?
Aucune. A part que je vais lui faire du mal si nous continuons dans cette voix. Donc stop.
Je soupire.
- Je vais rentrer chez moi.
Il se crispe, recule d'un pas, tire sur son bonnet nerveusement.
- Pourquoi tu m'as fait venir ce soir ?
Un coup au cœur. Je l'ai peiné, je le savais. J'aurai du prendre sur moi, être une grande fille et rembarquer tout ça chez moi, à Bordeaux, dans un coin de ma tête, ne plus donner de nouvelles et ce serait passer pour tout les deux. Je secoue la tête, refuse de répondre parce que je n'ai aucune réponse à apporter. Mais il vrille ses yeux bruns dans les miens.
C'est atroce ce regard. Mes jambes se dérobent, mon esprit se fait la malle.
- Franchement, Sarah pourquoi tu m'as fait venir ce soir ?
Pas pour le torturer en tout cas. Je bafouille un lamentable :
- Je n'en sais rien.
C'est vrai, je n'en sais rien. Je me sentais incapable de repartir sans le revoir. Sans comprendre. Sauf que cela n'a servi à rien, je n'ai pas plus compris et je me sens encore plus embourbée dans cette situation.
- Je n'en sais rien, répété-je en murmurant.
Je me relève, déçue, ramasse mon sac et me dirige vers notre point de départ. Je vais retourne chez mon père, dormir du mieux que je peux et reprendre la route demain. Je vais retrouver Paul, le calme de notre maison de campagne. C'est la meilleure des décisions. La plus raisonnable.
Nous marchons dans les rues sombres. De temps en temps, nos yeux se croisent. Presqu'à chaque fois, il secoue la tête en souriant. Pourquoi ? A cause de ce lien, n'est-ce pas ? De cette envie qui monte entre nous. C'est lui qui fini par me demander un peu brusquement.
- Quoi ?
Je lève un sourcil.
Toi : quoi ?
- C'est juste que...
Une petite bulle de joie éclate au fond de moi et pousse les mots hors de ma bouche.
- J'ai envie de t'embrasser.
Il s'arrête brusquement, scotchée par ma phrase. Secoue la tête, grogne, puis il repart presqu'aussitôt à grands pas. Je le rattrape.
- Quoi !
- Sarah! Tu ne peux pas me sortir des trucs comme ça !
- Mais c'est vrai ! Je suis juste honnête.
Ses prunelles rieuses glissent sur mon visage alors qu'il se mord encore une fois la lèvre. Comment peut-il imaginer que je n'aurai pas envie de l'embrasser ? C'est à moi de secouer la tête.
- Tu sais, les nanas de mon âge ne sont plus des vierges effarouchées. Je n'ai pas de soucis à avouer ce genre de choses. Pas comme à l'époque. Qu'est-ce que j'ai pu fantasmer à propos de toi à l'époque.
Il rit, l'air soudainement très intéressé.
- Ah ouais ? Vas-y dit.
Je regarde autour de moi.
- Tu es fou ? Quand même pas en plein milieu de la rue !
- Si.
J'hésites une seconde. Non, on ne serait que tout les deux... Mais comme ça, si nous croisons quelqu'un...
- Alors écris le moi ! s'exclame-t-il, pas près de lâcher le morceau.
Un banc là-bas. J'ai envie. Ce retour de la bonne humeur est agréable.
- Ok, viens.
Nous nous asseyons. J'attrape mon portable et rédige rapidement une petite phrase. Le contexte.
[Toi et moi contre un mur.]
Envoyé.
Son téléphone vibre. Il l'attrape et ouvre le message. Oh mon dieu, ses mains ! Immenses, nerveuses. Je dégluti. J'ai envie de les sentir sur moi. Il lit.
- Bordel ! crie-t-il.
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The way she falls
RomanceJe suis congelée. Qu'est-ce que je fiche là ? Je n'aurai jamais dû venir. J'allonge le pas pour me maintenir à sa hauteur. - Ethan, ralentis, je n'arrive pas à te suivre.