- Andrew, on a un problème !
- Quoi ? Demandai-je distraitement.
- Les loups-garous ont entamé une bataille de nourriture dans le réfectoire !
Je relevai les yeux vers le garçon qui venait de m'apostropher dans le couloir. Une bataille de nourriture. Le problème était une bataille de nourriture. Je soupirai en me détournant, ordonnant simplement qu'on aille chercher l'un des professeurs de l'établissement, Camillien gérerait cela très bien. J'avais autre chose en tête que les simples enfantillages de marqué.
Mes doigts caressaient l'enveloppe blanchâtre que je venais de recevoir, apporté par un corbeau. Il n'y avait qu'une seule et unique personne usant d'un moyen aussi peu moderne. Un marqué. Ou plutôt une marquée. Je retournai l'enveloppe découvrant l'écriture ronde et enfantine de Tamara. Mon cœur se pinçait d'indécision face à l'ouverture de cette lettre. Que contenait-elle ? Encore des slaves d'injures ? De bonnes nouvelles ? Ou de mauvaises ? Au fond, je savais qu'elle n'en contenait pas vraiment de bonne, comment pourrait-elle en contenir quand rien ne semblait plus tourner rond.
Mollement, je me glissai dans les couloirs de Dacer jusqu'à accéder à mon bureau. Avant, je prenais toujours un plaisir certain à m'engouffrer dans cette immense pièce à la décoration vieillotte mais totalement à mon goût. J'aimais la sensation de confort qu'elle m'apportait, me rappelant que malgré tout la souffrance d'une vie, j'avais réussis à obtenir un certain bonheur. Bonheur illusoire et qui avait éclaté dès la seconde où Keyli avait franchis les murs de mon établissement.
« - Elle va bien, m'annonça la voix bourrue d'Isidora confortablement installé dans un coin de la pièce.
- Je sais, approuvai-je. Sinon tu serais déjà redevenue une simple peinture ornemental.
- Si tu le sais, cesse donc de te torturer, feula-t-elle. »
Ne me laissant pas l'occasion de lui répondre, elle se leva, se retourna et se rallongeant en m'offrant son dos. Je la regardai fait avec impassibilité en m'avançant jusqu'à prendre place sur le siège de mon bureau. Je basculai ma tête contre le dossier dans un soupir immense. Il était aisé de dire qu'il ne fallait pas se torturer l'esprit, mais c'était plus compliqué à concrétiser.
Dix semaines. Cela ne faisait que dix semaines qu'elle avait disparut. Que six semaines sur plus d'une cinquantaine. Le désordre qu'avait causé son départ avait éclaté dès la première semaine, divisant le groupe que je pensais pourtant très soudé. Me divisant moi et Tamara. Je passai ma main dans mes cheveux brun devenu trop long et que je songeai à raccourcir sans que je n'en trouve la réelle motivation. Je ne trouvai la motivation pour rien et cela en devenait réellement frustrant.
« - Lit donc cette fichu lettre, gronda à nouveau Isidora en redressant sa tête velu dans ma direction. Ton esprit tourmenté m'empêche de dormir.
- Je t'ai connu moins exécrable, soulignai-je sobrement.
- Tu n'es pas le seul à souffrir de son départ, rétorqua-t-elle en relaissant tomber sa tête sur ses pattes. J'exprime ma tristesse par ma mauvaise humeur, voilà tout. »
- Cela ne l'explique pas pour le reste du temps, soulignai-je à haute voix.
Pour seule réponse elle grogna à mon encontre mais je souriais simplement. J'étais réellement apaisé qu'Isidora soit encore présente, elle était comme un lien infime qui m'unissait encore à Keyli. Un moyen d'être certain de sa survie. Et aussi un moyen pour lutter contre la solitude qui s'établissait autour de moi.
Kenan avait été le premier à quitter le groupe, affirmant qu'il devait trouver son Dieu. Je m'étais montré aussitôt très dur envers lui, ce n'était pas une voie qu'on entreprenait à la légère mais le démon n'en avait fait qu'a sa tête. Il voulait aller en Autre Monde, il en avait fait la promesse à Keylinda. Dès l'instant ou lui et Devon eurent quitter le village elfique, chacun ce mit à réfléchir et tous trouvèrent la même réponse à leurs questions. Nous devions tous devenir plus fort. Nous devions tous suivre le chemin que Keylinda et Kenan avait déjà choisi d'arpenter, du moins si nous souhaitions pouvoir rester au côté de cette jeune femme si unique.
VOUS LISEZ
Water Lily : l'éclosion.
FantasyQui suis-je ? Depuis bien longtemps cette question me tourmentait. La réponse qui me venait le plus souvent était que j'étais la fille d'Eleonore et de David, j'étais aussi la petite-fille de Nana et j'étais l'amie de Tamara, d'Andrew et de tous les...