Water Lily : l'éclosion.

Libérée, délivrée. Non, je ne suis pas la reine des neiges.

Je ne parvins pas à stopper mes larmes, elles continuèrent donc de rouler sur mes joues encore et encore, s'écrasant ensuite sur le visage de celui que je retenais toujours. Ses yeux propre yeux me fixaient encore avec une profonde incrédulité avant de se gorger d'eau. Ma main se resserra sur son épaule alors que j'eus la folle ambition d'ouvrir la bouche dans l'espoir de parler. Mais les sons qui franchirent mes lèvres furent incompréhensibles. 

- Tu es vivante, murmura-t-il, fébrile mais parvenant, lui, à parler. Tu es vraiment vivante.

Il se dégagea, se redressant et me libérant du poids qu'il exerçait sur moi. Et, une seconde plus tard, je me retrouvai face à lui, trop incertaine pour savoir quoi dire ou faire. Et si j'étais entrain de rêver ? Et si tout ceci n'était qu'un tour de mon esprit ? Pire. Un tour de Dan voulant me motiver à agir ? Ses mains vinrent encadrer mon visage un instant alors qu'il ne semblait pas non plus savoir s'il était bien dans la réalité. Ses dents s'enfoncèrent dans sa lèvre alors que ses larmes se mirent à couler. L'une de ses mains délaissa ma joue pour glisser dans ma nuque. J'inspirai profondément. Le calme qui m'enveloppa n'était pas naturel. Mais bon dieu. Qu'est-ce qu'il était bon. Meilleur encore qu'aucun autre calme. Il était vivant. Il était vivant. Il était vivant. Il était là, juste devant moi. Sa main était chaude, le sang battant dans ses veines. Il n'était pas froid. Pas mort.

Je remontai ma main sur la sienne, encerclant ses doigts, aussi fort que je le pus.

- Je t'ai déjà vu plus mignonne, sourit-il en caressant ma joue de sa main libre, essuyant quelques larmes.

- Tu peux parler, articulai-je un peu difficilement mais parvenant enfin à m'exprimer.

- Mon dieu... mon dieu, mon dieu, mon dieu... je suis tellement soulagé.

Avant que je n'eus le temps de réagir, il laissa tomber sa tête contre mon épaule m'attirant contre lui avec ce même besoin de me serrer de toute ses forces. Je passai, en retour, mes bras autour de son cou et m'avachis dans ses bras. Ses bras m'étreignaient avec trop de force, bloquant presque ma respiration mais je ne m'en soucis pas le moins du monde. Il pouvait me serrer plus encore s'il le désirait. La douleur me prouvait qu'il était bel et bien réel. Des larmes humides s'écrasèrent dans ma nuque et je passai une main à l'arrière de son crâne, caressant ses cheveux. Plus jamais je ne laisserai quelqu'un me faire penser qu'il était mort. Plus jamais.

Très rapidement, sans doute même un peu trop à mon goût, il s'écarta alors qu'un bruit métallique attira notre attention. Nous n'avions pas le temps pour de telles effusions sentimentales. Mais franchement, j'eus du mal à ne pas me jeter dans les bras de Cyriel lorsque je rencontrai, brièvement, son regard avant qu'il ne se jette sur un type qui avançait sur nous, dangereusement. Il était là. Lui aussi était là. Cyriel était vivant. Et en pleine forme visiblement. Il trancha la gorge d'un homme que je soupçonnai être un loup-garou. La bête loup tomba à ses pieds sans qu'il n'en soit dérangé, préférant nous fixer avec un agacement certain.

- Vous comptez vous bouger où je dois faire tout le bout, seul ? On est content que tu sois en vie, ajouta-t-il en s'adoucissant un instant avant de recouvrir son air froid. Mais, maintenant, j'aimerais beaucoup ficher le camp de ce château.

Celui qui se faisait ainsi sermonner, avec moi, pouffa faiblement et mes yeux se tournèrent sur son visage. Il me parut plus pâle que dans mes souvenirs et les cernes sous ses yeux étaient excessivement marqués. Mais son sourire, lui, n'avait pas bougé. Ses yeux se posèrent dans les miens et j'eus un mal fou à ne pas me remettre à pleurer.

Maël. Maël. Maël.

La dernière fois que j'avais vu ses yeux, j'avais été certaine de voir la vie s'en échapper. Ils ne brillaient pas. Ne me regardaient même plus. Mais, aujourd'hui, ils brillaient plus que jamais. Sa main attrapa la mienne avec douceur et il la serra sans me lâcher des yeux.