Je gémis violemment lorsque mes fesses percutèrent le sol dur et jurai tout bas. Léandre me martyrisait bien assez sans qu'on me rajoute des atterrissages forcés. Mes fesses n'étaient pas aussi rembourrées qu'elles le faisaient croire. Je basculai la tête en arrière. Quand ce genre de chose ne deviendrait que des séances agréables ? Je soupirai mais me décidai à regarder autour de moi en restant assise au sol. Plus certaine, ainsi, de ne pas retomber.
Mes tout caprice, toute plainte disparurent aussitôt. Le papier beigeâtre aux fleurs marrons d'un mauvais goût criant me firent pâlir. Non, par le mauvais goût mais parce que je les connaissais. Je les connaissais même très bien. Je me mordis la lèvre et portai vivement mes doigts à mon médaillon en examinant le reste de la pièce. Avec familiarité je retrouvai le lit simple coincé entre une grosse armoire et le mur dont la grande fenêtre donnait sur l'immensité d'un champ vert. De ci de là, des dessins étaient épinglés au mur. Des dessins d'enfant. Mes dessins.
L'odeur d'herbe fraîche et de jasmin me fit frémir doucement. J'aimais tellement cette odeur. Ajoutée à cela, il y avait aussi celle de la vieillesse. C'était étrange à dire mais toute personne ayant eu la chance de connaître ses grands-parents savaient ce que représentait cette odeur. Cela m'évoquait les longues vacances d'été, passées dans cette maison. Cela m'évoquait ma grand-mère et ses rhumatismes qui se plaignait souvent de son mal de dos mais qui s'acharnait toujours sur son jardin en achevant ses maux.
- Nana, soufflai-je fébrilement.
Brutalement, je me détournai de ma chambre d'enfant et fit claquer la porte en bois en l'ouvrant. Les larmes coulèrent sur mes joues quand je fis face à une vieille femme aux immenses yeux émeraudes. La commissure des lèvres de Nana se plissa dans un sourire. Elle écarta ses bras, prête à m'accueillir comme elle l'avait toujours fait. Je ne réfléchis pas une seule seconde et me jetai contre elle, m'agenouillant pour être suffisamment petite pour qu'elle me tienne contre elle. Les sanglots éclatant dès que mon visage s'enfouit dans sa vieille robe en soie qu'elle adorait tant.
- Chut, me souffla-t-elle en caressant mes cheveux. Tout va bien se passer ma jolie tourterelle.
- Nana, murmurai-je entre deux sanglots.
- Toi aussi tu m'as manqué, m'assura-t-elle. Laisse-moi voir ton jolie visage.
Douce et aimante, Nana écarta des mèches de cheveux de mon visage et me fixa. La bienveillance dans son regard redoubla mes larmes. Elle avait toujours été extrêmement gentille avec moi. Toujours pleine d'attention. Et toujours à me gâter de façon excessive. Ma mère le lui reprochait souvent, disant qu'elle allait faire de moi une enfant capricieuse mais malgré cela elle regardait toujours sa mère avec tendresse. Elle aussi avait été choyée par cette femme, comme elle me choyait.
- Tu es devenue une très belle femme, Keylinda, je suis jalouse, affirma-t-elle en me faisant sourire légèrement.
- Tu m'as vraiment manqué Nana, soufflai-je en la serrant plus fortement.
- Toi aussi, répéta-t-elle en continuant de caresser mes boucles brunes avec douceur. Viens t'asseoir. Je vais te préparer quelque chose de chaud, tu es frigorifiée.
- Pas la peine, affirmai-je. Je suis juste froide, je n'ai pas froid.
- Tu es sûre ? Ne tombe pas malade ! Me sermonna-t-elle.
- Promis Nana, ris-je familièrement. Viens t'asseoir avec moi, j'imagine que nous n'aurons que peu de temps.
Tristement, elle opina. Sans plus se faire prier elle vint s'asseoir près de moi tandis que je m'étais installée sur le gros canapé en daim qui avait toujours traîné dans son salon. Avec le temps il était devenue mou et inconfortable mais Nana avait toujours refusé de le jeter, elle disait qu'il avait une valeur très particulière pour elle et je comprenais désormais pourquoi. C'était le même canapé que celui que j'avais vu dans le souvenir que Dan m'avait montré.
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Water Lily : l'éclosion.
FantasíaQui suis-je ? Depuis bien longtemps cette question me tourmentait. La réponse qui me venait le plus souvent était que j'étais la fille d'Eleonore et de David, j'étais aussi la petite-fille de Nana et j'étais l'amie de Tamara, d'Andrew et de tous les...