Water Lily : l'éclosion.

Épilogue. Geoffrey.

- Elle ne peut pas être là-bas ! Vociférai-je.

Mon point claqua sur la table en bois, résonant dans l'immense pièce que j'utilisai comme bureau. Le silence se fit morne et pesant, un silence que j'aimais savourer habituellement. Il faisait écho à ma puissance, à la crainte que l'on ressentait face à ma colère. Mais là aucun plaisir ne prenait le déçu face aux regards terroriser de mes sous-fifres. Je me levai de ma chaise et me mettait à faire les cents pas, mes yeux devenant aussi noir que ceux d'un démon sans que je n'en soit un. Zéphyr s'avança légèrement, acceptant sans ciller le regard meurtrier que je lui décochai aussitôt.

Je me calmai devant son assurance, s'il osait ainsi ne pas s'aplatir devant moi il devait avoir une bonne nouvelle. Sinon il savait qu'il mourait sur le champ. On ne me tenait pas tête. On ne m'affrontait pas. On s'écrasait, c'était tout ce que je tolérai. Je me rasseyais, me laissant tomber lourdement en ne cessant de le fixer.

Zéphyr avait trouvé grâce à mes yeux il y a de nombreuses années après m'avoir témoigné sa fidélité en tuant sa louve. Il en était pourtant profondément amoureux. Cela serait un grand gâchis de le tuer juste parce qu'il avait la prétention de penser que je ne le tuerai pas même s'il ne s'aplatissait pas comme tout les autres. Pourtant je détestai de plus en plus l'assurance qu'il prenait à chaque fois que je lui donnais une certain importance par rapport à mes autres subordonnées. Il faudrait bientôt que je le remette à sa place.

- La rumeur voudrait que son groupe « d'amis » ait tous disparut tour à tour, dit-il platement. Mes informateurs sont persuadés qu'ils ont tous eu accès à l'Autre Monde.

- Et ? Soufflai-je froidement. C'est tout ? Tu penses que cette nouvelle va calmer ma colère ?

- Non, admit-il sobrement. Mais cela signifie qu'ils ne sont pas ensemble, maître. Ne serais-ce pas le moment idéale pour les attaquer ?

- Les attaquer ? Et qui comptes-tu envoyer dans cette tâche fastidieuse ? As-tu conscience que s'ils sont parvenu en Autre Monde et à en revenir, cela signifie qu'ils ont acquérir une toute nouvelle puissance ? As-tu des guerriers aussi puissant que cela parmi tes hommes ?

- Gareth n'est-il pas votre bras droit justement parce qu'il est aussi puissant que vous ? Il pourrait s'en charger.

Aah. Je comprenais mieux. Gareth. Le seul et unique que je jugeais ayant un peu plus de valeur que tous ses visages dont les noms m'échappaient pour la plus part. Il voulait donc sa place de bras droit ? J'aimais ce sentiment de vouloir devenir plus important, plus influent. Posséder plus de pouvoir. Je me redressai, m'avançant jusqu'à un Zéphyr qui ne frémit même pas lorsque mon épaule frôla la sienne. Ce garçon qui tremblait devant moi il y a quelques années avait bel et bien disparut, remplacé par un homme plein d'ambition. Trop d'ambition.

Ma main glissa sur sa poitrine et son visage plein d'assurance se déforma enfin. Un sourire satisfait s'étala sur le mien alors qu'il écarquillait les yeux en me contemplant. Je lui adressai le plus beau des sourires, afin que sa dernière image soit la plus belle de tous. Il s'effondra lourdement au sol. Son corps prit de soubresaut alors son cœur avait cessé de battre. Le silence revint après une brève seconde de murmure. Je fermai les yeux. Hmm. Oui. J'aimais ce silence là. Celui qui suivait une mort. Celui de la crainte profonde.

- Quelqu'un à une autre brillante suggestion à me faire ?

- Tu ne devrais pas tuer nos alliés, souffla une voix masculine alors que Gareth se laissait tomber de son perchoir. Nous manquons de membre depuis quelques temps. Ce type était plutôt talentueux dans son domaine.