Un tout petit dérapage. Minuscule. Rien de rien.

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Je me réveillai lentement, j'émergeai de ma torpeur avec l'habituel mal de crâne et un étrange goût de fumée dans la bouche. Je gémissais de douleur et passai ma main dans mes cheveux pour en tirer la frange trop longue, qui ressemblait plus à une mèche désormais. J'ouvrai lentement les yeux, trop consciente de la situation pour ne pas être gênée. Kenan posa ses yeux dans les miens alors qu'il me tenait fermement contre lui, ses bras sous mes jambes et mon dos tandis que ma tête reposait contre son épaule. Je ne bougeai pas mais détournai le regard, fixant un point devant moi. Je ne savais plus comment me comporter face à lui.

- Tu vas bien ? Me demanda-t-il doucement.

- Ça va, affirmai-je en passant ma main dans ma nuque. Tu peux me poser, je peux marcher seule, je me sens bien.

- Je t'emmène dans ta chambre, affirma-t-il sobrement. Et ce n'est pas une demande, Keyli.

- Bien, soupirai-je. Tu as prévenu Devon ?

- Je lui ai dit que tu ne viendrais pas.

- Et tu as précisé pourquoi ? Rajoutai-je méfiante.

- Il fallait ? Sourit-il en coin.

- Je ne veux pas que Maël se fasse des idées, répondis-je plus froidement.

- Est-ce si important ? Rétorqua-t-il sans me fixer. Qu'il ne se fasse pas de film ? Tu le sais autant que moi, son lien est faible fac...

- Non, coupai-je. Son lien se renforce. Tu as considéré comme acquis que j'allais pencher vers toi et j'ai cru que tu avais raison. Mais tu avais tort. Le lien peut s'affaiblir ou se renforcer.

Kenan serra les dents, ses mains sur moi se fermèrent et je grimaçai au contact dur mais il relâchait déjà la pression qu'il exerçait sur mon corps. Ses yeux étaient sombres et il évitait mon regard. Je n'avais pas l'intention de lui pardonner pour le moment. Je n'étais pas encore prête à le faire, peut-être le regretterai-je un jour mais pour l'instant la rancœur serrait trop ma poitrine. L'image de Shayna à moitié nue se collant à lui, me frappait à chaque fois que je posais mes yeux sur son visage fermé. Je finis par détourner le regard alors qu'il ne reprenait pas la parole, de toute façon il n'y avait rien à dire, il savait parfaitement que j'avais raison. Il s'en était rendu compte tout autant que moi.

Le silence était pesant et c'était la première fois que j'avais envie qu'il me lâche au plus vite. Pas que je n'aimai pas qu'il me tienne contre lui, justement. C'était tout l'inverse. Je me sentais plus calme que jamais, mon cœur battait lentement mais sûrement. Mes sens cherchaient à imprimer la sensation de son torse chaud, de son odeur masculine, de la sensation du souffle qui caressait le bout de mon nez. Je fermai les yeux en laissant tomber ma tête contre son épaule sans réfléchir. Je n'étais plus aussi déterminée dans ma colère. Je lui en voulais et il était hors de question de lui pardonner pour l'instant... mais j'avais besoin d'un temps de répit. Il ne fit aucun commentaire et me laissa me reposer contre lui, ne rompant pas le silence qui devenait plus doux à mes oreilles.

- Keyli... je suis désolé.

Je redressai la tête brusquement et le regardai assez penaude. Kenan ne me regardait pas, fixant un point devant lui. J'avais rêvé ? Je l'avais halluciné où il l'avait vraiment dit ? Lentement, il tourna ses yeux dans les miens et je me mordis la lèvre aussitôt. Il l'avait dit. La douceur qu'il exprimait soudainement me déstabilisait un peu plus que je ne l'étais déjà.

Je hochai la tête en signe d'accord. Cela ne signifiait pas que je lui pardonnais... juste que j'acceptais ses excuses. Kenan soupira mais ne protesta pas à mon mutisme, doucement il se pencha un peu et ses lèvres embrassèrent mon front. Mon cœur accéléra dans ma poitrine. Mais une lourdeur persistait. Je n'étais pas prête. Réellement. Mais j'arriverai à lui pardonner, c'était une évidence. Sans plus un mot ou un regard à mon attention, Kenan entra dans ma chambre sans même me demander mon avis et me déposa sur le lit. Les grognements d'Isidora le dissuadèrent de rester et je fus soulagée quand la porte se referma derrière lui.

Water Lily : l'éclosion.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant