Wasn't Expecting That.

Je ne suis pas là pour vous raconter mon histoire en entier, je vous l'ai déjà dit et je vous le répète, parce que je sais que parfois, vous avez du mal à comprendre, peut importe combien on répète les choses.

Alors je vais faire une petite ellipse dans le temps, parce que les détails de nos premières sorties, de nos premiers cinémas, de toutes nos premières fois, ça ne vous regarde pas. Pas tout, en tout cas. Je ne suis pas ici pour vous déblatérer tous mes souvenirs, je ne suis pas là pour les voir demain, déformés et critiqués dans les journaux, je crois que j'ai déjà donné de ce côté là.
Alors aujourd'hui, je suis juste là pour vous faire comprendre que mon histoire, notre histoire, elle est vraie.

Les mois sont donc passés et pendant un moment, je me suis demandé si Harry ne ferait pas que passer dans ma vie. Vous savez, comme un nuage, une étoile filante. Tout était allé si vite au début que je me suis juste dit de profiter. C'était trop beau pour être vrai. Trop beau pour durer.

C'était exactement ce que je me disais.

Mais je me suis trompé. Il est resté. Évidemment qu'il est resté, c'était Harry. C'est Harry.
Je me suis toujours demandé ce que j'avais pu faire d'aussi bien pour mériter quelqu'un comme lui.

C'est une question que je me pose encore aujourd'hui, parfois.

Je me demande comment, après tout ce que vous avez écrit, tout ce que vous avez saboté et souillé avec vos mots, comment il a pu tenir ? Comment il a pu ne pas vouloir tout arrêter et reprendre une vie normale.

Ce que j'appelle une vie normale, c'est une vie où on peut aller faire ses courses à pieds, où on peut avoir ces jours de coups de gueule où rien ne va et s'énerver sur tout le monde sans pour autant paraître pour un connard sur les réseaux sociaux parce qu'on a juste pas envie de sourire. Une vie normale, c'est se promener dans la rue en se fichant bien d'avoir un haut assorti avec ses chaussures sous peine d'apparaître - encore - en une des magasines le lendemain, avec un joli sous-titre qui nous démonte point par point. Tout ça à cause d'un T-shirt.

C'est grave, non ? Ça ne vous choque pas ? Ça ne vous dérange pas ?
Un T-shirt.

À l'époque, Harry venait souvent dormir chez moi, c'était rare qu'on dorme l'un sans l'autre. Au bout de cinq mois, j'avais déjà la moitié de ma penderie chez lui, et la moitié de la sienne était chez moi. On se retrouvait après nos journées, on sortait quelques fois ou alors il cuisinait. Puis on allait se coucher. Tous les deux.

Quand mon entrainement finissait plus tard que prévu, il venait m'attendre dans les gradins, il me regardait courir après le ballon et il sifflait. Il lançait souvent des encouragements idiots et drôles qui faisaient rire tout le monde, et même mon coach ne disait plus rien. Il faut dire qu'Harry a toujours eu ce petit côté attachant et malicieux qui séduisait toute personne qu'il rencontrait.

C'est pour ça que je n'ai jamais vraiment compris pourquoi vous vous acharniez autant sur lui ? Sur nous ? Pourquoi ne croyiez-vous pas à notre histoire, pourquoi avez-vous toujours démonté tous nos moments de bonheur pour essayer de trouver quelque chose qui n'existait pas ?

On était heureux.
Je vous jure qu'on l'était.

On était heureux, je n'étais pas connu internationalement, vous n'étiez pas encore là...

Je ne dirais pas que ce sont les meilleurs moments de ma vie, parce que j'en ai eu tellement après aussi. Mais je dirais qu'ils sont surement les plus insouciants que j'ai pu passer. On faisait les choses parce qu'on en avait envie, on prenait la vie comme elle venait, sans se soucier des conséquences... tout simplement parce que personne ne serait là pour nous juger.