Chaton.

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Voilà, vous vouliez une histoire, du scoop, des rumeurs...Vous avez eu la vérité. Vous avez eu tout ce que je pouvais vous offrir sans dévoiler le peu d'intimité que vous nous aviez laissé. J'aimerais donc que je vous ayez la décence de me croire, de nous croire, et de nous laisser tranquille une bonne fois pour toutes.

Cette interview sera la dernière, la dernière fois que je parlerais devant des caméras, et la dernière fois que vous me verrez officiellement en tant que footballer. J'ai donné ma démission le mois dernier et l'annonce sera rendue publique demain. Soyez ravis d'avoir, pour la seule et unique fois de votre carrière, une avant-première réelle me concernant.

Vous pouvez partir maintenant, je ne vous retiens plus, je n'ai plus rien à ajouter que vous ne sachiez pas déjà.

-

Hey Harry... Mon Harry... Mon amour. Chaton. Je sais que tu as toujours détesté que je t'appelle comme ça mais je vais le faire maintenant. Je vais le faire parce que la salle est vide, que tout le monde est parti, et que plus personne ne m'écoute. Il n'y a plus que toi et il me reste des choses à dire. À te dire.

Je sais que j'aurais du te les dire avant, que je n'aurais pas du attendre aussi longtemps pour sortir de mon silence et que je devrais descendre de cette estrade ridicule puisqu'on est plus que tous les deux mais c'est... c'est dur. C'est tellement dur, Harry. D'habitude, quand je veux le faire, ma gorge se serre et plus aucun son ne sort de ma bouche. Mon estomac se tord et ma vision se trouble... Je suis incapable de te parler parce que ça me rappelle trop que tu n'es pas là. Que tu n'es plus là.
Honnêtement, je ne sais pas si je serais capable de me lancer si ça ne faisait pas déjà si longtemps que je parlais. Alors... Harry...

Tu me manques.

Tu me manques horriblement, terriblement, atrocement, tous ces adverbes en –ment qui sonnent pourtant creux à mes oreilles tant ils ne reflètent pas ce que je ressens en vérité. Tu me manques tellement que je comprends enfin ce que les romanciers veulent dire quand ils parlent d'un trou béant dans la poitrine. C'est ridicule, hein ? Tu me manques tellement que je n'arrive pas à en dormir la nuit. Je n'arrive plus à dormir. J'ai toujours eu tes bras autour de moi pour me bercer et maintenant, ils ne sont plus là. Ils ne sont plus là et... tu me manques Harry.

C'est douloureux et horrible et insoutenable et...

Tu as fermé les yeux un samedi. On s'était rencontré un samedi, ça semblait peut-être logique aux yeux des Parques qu'on se quitte un samedi. Une sorte de boucle. Comme tes cheveux.
Tu as souris, et tu as fermé les yeux.

Je me souviens qu'on était juste tous les deux lorsque c'est arrivé. Les enfants étaient passés en fin de matinée et avaient promis de revenir en début de soirée. Ils sont repassé tu sais, même si tu n'étais plus là pour les voir. Ils sont repassés et je n'ai rien eut à dire pour qu'ils comprennent.

Tes yeux étaient si clairs... Ils brillaient, encore, toujours, de ces petites étincelles. Je me souviens t'avoir dit que je les aimais. Que je t'aimais. Ça t'a fait sourire et tu m'as dit que j'étais stupide. J'avais ta main dans la mienne à ce moment-là, tes doigts entrelacés aux miens, puis tu m'as embrassé. Comme ça. Parce que t'en avais envie et que c'était la chose la plus naturelle du monde. Parce que c'était le bon moment.

Comme au début. Comme la première fois.

Tes lèvres étaient douces et chaudes. Pendant un instant, ça m'a rassuré, ça m'a apaisé, et je me suis dit que tout irait bien, que tout rentrerait dans l'ordre et que je pourrais continuer à partager ta vie pour le restant de la mienne. Je sais que c'était stupide, cheesy au possible et absolument pas réaliste, je t'entends comme si tu étais là. Je te vois lever les yeux au ciel comme si tu étais devant moi.
C'était notre dernier vrai baiser et aucun de nous ne l'a su. Peut-être que c'était un mal pour un bien au final, parce que si je l'avais su, je t'assure que je ne t'aurais jamais laissé t'éloigner. Je serais resté contre toi, mes lèvres contre les tiennes jusqu'à ne plus pouvoir respirer. Je me serais agrippé à tes épaules comme une étoile de mer à son rocher.

Alors c'est peut-être mieux qu'on ne l'ai pas su, tu ne trouves pas ? Comme ça, c'était un baiser piquant et doux, sans désespoir ni peine.

Puis.... Puis tu as fermé les yeux Harry.
Tu les as fermé...

Quand je suis rentré ce soir-là à la maison, tout seul,  je... Quand je suis rentré ce soir-là Harry, tu sais ce qu'il s'est passé ? Je t'ai vu.
T'étais dans le salon, ton gilet gris oublié sous un coussin du canapé... T'étais dans la cuisine aussi, ton mug était sur le bord de l'évier. T'étais dans la salle de bain, ton gel douche qui sentait la pomme posé sur le rebord de la baignoire.

Je suis allé directement dans notre chambre du coup, c'était trop dur à supporter, trop pénible à endurer, mais tu sais ce qu'il y avait sous notre lit ? Tu ne sais pas ? De la poussière !

De la poussière, c'est pas drôle ça ? T'étais toujours là. Dans la poussière. De la poussière d'étoile, hein ?

T'étais sur tous les murs Harry, sur tous les sols, à tous les étages et partout autour de moi.

T'étais même là quand j'ai enfoui mon visage dans les oreillers pour couvrir le son de mes pleurs. Tu n'étais plus là, mais ton odeur oui. Je n'ai pas changé les draps avant que tout ton parfum ai disparu.

C'est pathétique, n'est-ce pas ? Pourtant, je crois que je n'arriverais jamais à en avoir honte. Ça fait trop mal pour être honteux.

J'ai fais un discours à ton enterrement, tu sais. J'ai pleuré même si je t'avais promis le contraire et je m'en excuse. Pardon.
Je n'ai même pas été fichu de prononcer le poème que je voulais réciter, il était haché et entrecoupé de sanglots. Je suis désolé. J'ai balbutié, j'ai demandé, et j'ai juré. J'aurais pu me damner pour pouvoir te tenir une dernière fois dans mes bras. Je te jure que j'aurais pu le faire. Je crois que c'était la seule chose qui m'aurait calmé, pouvoir te serrer contre moi. C'est tout ce qui m'aurait permit de me sentir assez vivant pour continuer mais c'était précisément la seule chose qui m'était impossible d'obtenir.

C'était cruel.

Eleanor et Maddy sont venues me chercher devant l'autel tellement j'étais incapable de bouger. Oh mon amour, tes enfants... Ils t'aimaient et t'aiment tellement que j'en étais encore plus... encore plus... je ne sais même pas s'il existe un mot pour te dire combien c'était douloureux. Déchirant.

Ulysse et Eliott avaient récupéré toutes tes chansons préférées et Madeleine en a chanté une. Elle a chanté I Can Barely Say, de The Fray. Elle était magnifique, tu sais. Magnifique. Elle s'était coiffée toute seule ; elle avait fait deux tresses africaines, comme tu aimais tant. 

Quelques heures plus tard, quand tout le monde a eut quitté l'église, je suis retourné sur le banc. Sur notre banc, celui du British Museum. J'étais incapable de rentrer à la maison et de faire face aux murs remplis de souvenirs, alors je me suis assis là où on était la première fois, et il m'a fallut quelques secondes pour que je trouve le courage de baisser les yeux. Mais quand je l'ai fait, elle était là. Ta phrase. Toujours là.

« 'Till we meet again »

Je crois qu'elle n'avait jamais été aussi véridique.

Jusqu'à ce qu'on se retrouve...Parce qu'on se retrouvera, ce n'est pas une question cette fois, je suis sûr de moi. Je le sais parce que c'est impossible que quelque part ailleurs, tu ne vives pas. Tu es toujours vivant Harry, et si ce n'est pas physiquement, ce sera dans nos souvenirs, dans nos têtes, dans nos vies. Un monde sans toi n'existe pas. Mon monde sans toi n'existe pas.

Je t'aime...

« Loved you yesterday, love you still, always have and always will... »

J'ai tellement d'autres choses à te dire, j'en ai tellement et je te les dirais, c'est promis. Je ne passerais plus autant de temps sans te parler. Mais pas ici et pas aujourd'hui. Alors en attendant, je vais te dire au revoir.

Je vais t'envoyer des milliers de baisers, doux et innocents et pleins d'amour, et te dire à bientôt.

À bientôt, Chaton. »

Wasn't Expecting That.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant