Wasn't Expecting That.

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L'année de ses sept ans, Ulysse est venu nous voir pour nous poser la question la plus étrange et amusante qui soit pour un enfant de son âge.
Je ne me souviens plus vraiment de ce que l'on faisait ; je crois qu'Harry et moi étions dans le jardin et que les deux grands étaient en train de jouer ensemble dans le salon. Il s'est avancé timidement, comme s'il hésitait à venir nous rejoindre, et j'ai remarqué qu'une de ses boucles blondes lui tombait dans les yeux. C'était à ça que je me référais pour savoir quand l'emmener chez le coiffeur sinon il aurait fait comme son père, il aurait eut les cheveux longs. Ce qu'Harry se plaisait à me rappeler d'ailleurs : « S'il ne veut pas les couper, on ne les coupe pas. Je les avais plus longs encore et j'ai pourtant réussi à t'attraper. » Ce à quoi je répondais toujours qu'il ne m'avait pas attrapé, puisque j'étais venu de mon plein gré.

_Papou, c'est vrai que lorsqu'on est mort, on devient de la poussière ?

Sur le coup, mes doigts, qui montaient et descendaient le long du bras d'Harry contre moi, se sont stoppés, et j'ai dû avoir l'air surpris parce qu'il s'est rapproché et a fait une grimace pour se justifier.

_C'est Pamela qui m'a dit ça.

Je lui aurais bien répondu mais je ne savais pas comment faire. C'était – c'est un sujet dont je n'ai jamais vraiment aimé parler, la mort.

Ironique non, quand on pense à ce que je suis en train de faire...

... Quoi qu'il en soit, ce jour-là, c'est avec soulagement que j'ai entendu la voix d'Harry prendre la relève.

_C'est une manière de voir les choses, il a donc expliqué doucement en le prenant sur ses genoux.

Sa main est aussitôt passée dans ses boucles et a sourit, mais il n'a pas eut le temps d'ajouter quoi que ce soit puisque, presque horrifié, Ulysse a enchainé :

_Alors ça veut dire qu'il y a pleins de morts sous mon lit ?!

Et je n'ai pas pu m'en empêcher, j'ai ris. J'ai ris et j'ai secoué la tête quand j'ai vu que ça l'avait vexé.

_Mais non chéri, il n'y a personne sous ton lit, promis. La poussière-là, c'est juste parce que Papou a oublié de passer le balai.

Harry a failli protester, je l'ai vu au regard outragé qu'il m'a lancé – c'était mon tour de faire le ménage cette semaine-là, mais il n'a rien dit, et pour me faire payer, il m'a laissé me débrouiller tout seul avec la pagaille qu'il avait semé dans l'esprit de notre fils. Assez juste.

_Ce que Papou a voulu dire avec la poussière, j'ai alors entamé sans vraiment réfléchir, c'est que quand une personne meurt, elle monte au ciel, donc elle devient de la poussière d'étoile.

C'était venu tout seul, et au regard que m'ont lancé Ulysse et Harry, j'ai su que j'avais réussi à tout arranger.

_Alors il n'y a personne sous mon lit ?

_Non mon cœur, a aussitôt assuré Harry en l'embrassant, il n'y a personne sous ton lit.

Ulysse est donc reparti, soulagé, vers la maison, et j'ai senti des lèvres contre ma joue. Un baiser tout doux, rien que pour moi. J'ai souris et tourné la tête pour voir que ses yeux verts étaient déjà rivés sur les miens. La lumière du jour faisait briller les petites étincelles dont je vous ai déjà parlé et le vent faisait voler quelques unes de ses boucles brunes. C'est stupide comme les éléments parviennent à embellir n'importe quoi quand on est amoureux, n'est-ce pas ?

Dans ces moments-là, les oiseaux chantent en rendant l'atmosphère moins lourde, les nuages ont des formes romantiques, les feuilles sont beaucoup trop vertes et le bruit lointain de la ville n'est qu'un chant doux à nos oreilles. Tout est plus calme et plus serein.

Wasn't Expecting That.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant