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Je ne vais pas vous raconter uniquement nos moments de bonheur parce que vous trouveriez un moyen de retourner ça contre nous, vous penseriez que je vous dépeins un conte de fée que j'ai clairement précisé ne pas être, et vous m'accuseriez de mentir.

Ce qui n'est pas le cas.

Alors plutôt que de vous parlez d'un soir où on a mangé une pizza, emmitouflés chaudement à l'intérieur d'un plaid pendant que Pearl Harbor passait à la télé, je vais vous parler de cette fois où on s'est engueulé jusqu'à ce que je quitte la maison en pleine nuit.

Parce que oui, c'est arrivé. Et vous ne le saviez pas.

Pour être honnête cependant, je ne me souviens plus vraiment du moment exact, je ne sais plus si on était en été ou en hiver, si c'était un soir de semaine ou de weekend, mais par contre, ce dont je suis sûr, c'est qu'il pleuvait des cordes à cent miles à la ronde. J'étais rentré tard de l'entrainement parce que même sous un déluge certain, l'entraineur devait aimer nous voir courir – aucune offense bien sûr – et j'étais fatigué. Harry avait préparé à manger, il avait classé ses cours pour les prochains jours et il était assis sur le canapé en train de zapper. Et c'est amusant que je me souvienne de ce genre de détails alors que le motif de la dispute en revanche, me reste flou.

Je pense que ce devait être en rapport plus ou moins direct avec mon manque de temps libre, son travail à l'école maternelle, des vacances qu'on n'avait pas en commun et... et je ne sais plus trop. Mais vous vous doutez bien qu'avec l'épuisement de l'entrainement, l'heure tardive et l'atmosphère lourde zébrée d'éclairs qu'il y avait, c'est une conversation qui était vouée à l'échec. Et elle est vite partie en cris.

Enfin, de mon côté. Parce qu'Harry n'a pas élevé la voix. Je m'en rappelle très bien parce que c'est exactement ça qui me rendait encore plus en colère : son manque de décibel. Mais ne vous méprenez pas, le fait qu'il n'ait pas haussé le ton ne voulait pas dire qu'il n'était pas fâché ; il était juste fâché autrement. À l'intérieur. Il feignait l'indifférence et ça me rendait encore plus fou.

Alors j'ai crié encore plus et pour simple réponse, il a décidé d'aller dans la cuisine pour se chercher un Coca.

Il était silencieux, il marchait lentement sans me regarder, exprès pour m'irriter, et je l'ai suivi en gesticulant dans tous les sens tant je voulais me faire entendre. Mais ça n'a pas marché parce qu'il n'a émit que ce petit « pff » moqueur qui accompagnait le sourire ironique que j'ai toujours détesté voir apparaître sur son visage.

Parce qu'il déformait ses traits.

Seulement comme je voyais bien que ça ne nous mènerai à rien de continuer comme ça et que j'étais bien de trop sur les nerfs pour reprendre une voix calme et maitrisée, je lui ai dis d'aller se faire foutre et j'ai pris la porte.

Oui, je lui ai dis d'aller se faire voir.

La pluie tombait à verse quand j'ai posé le pied dehors mais j'avais claqué la porte d'entrée et il était donc strictement hors de question que je retourne à l'intérieur pour prendre un manteau, mes clefs de voiture ou mon téléphone. J'avais trop de fierté pour ça. Et j'étais trop énervé aussi.

Alors à la place de ce que j'aurais faire, j'ai traversé la route et je me suis dirigée vers St James en priant mentalement pour qu'Eleanor soit chez elle.

Seulement une fois devant sont petit appartement, j'ai du me rendre à l'évidence : après avoir toqué quatre fois, sonné six fois et m'être époumoné contre le PVC de la porte en alertant personne d'autre que ses voisins, elle ne m'a pas ouvert. Et contrairement à ce que certain vont penser, ça ne m'a pas rendu misérable ou défaitiste, ça m'a, au contraire, rendu encore plus furieux et je me suis mis à maudire l'univers entier.

Wasn't Expecting That.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant