The Ghost Of You - My Chemical Romance.
Ce matin, à l'université, on a eu un cours très intéressant. C'était en littérature. J'ai adoré.
Je n'ai pas posé de questions, mais le cœur y était. Je n'ai seulement pas eu le courage.Je suis allée manger un sandwich à la bibliothèque, par souci de tranquillité comme tous les jours. J'ai lu un livre, puis une bande dessinée, ensuite je suis retournée en cours. La prof de TD, qui était excessivement jolie, a fait baver tous les garçons de ma classe pendant une heure et demi. Ensuite, on a eu un cours magistral de trois heures et j'ai quitté la fac. J'ai été à City Lights Booksellers and Publishers pour lire le dernier tome d'un manga et je suis rentrée, mes écouteurs vissés aux oreilles.
Ma mère m'a demandé comment s'était passée ma journée, je lui ai répondu:
-Oui, c'était bien.
Elle a eu l'air un peu déçue que je ne m'exprime pas davantage, je n'avais pas parlé à grand monde.Je savais que ça l'inquiétait, franchement, je le savais. Mais non. Je ne faisais rien pour que ça change.
Le soir-même, ma situation avait encore empiré. J'avais été tranquille depuis toujours mais cette fois, maman en avait eu ras-le-bol.
-Je t'ai pris un rendez-vous chez le psychologue demain, tu pourrais essayer de discuter avec lui, je ne sais pas, pour débloquer des choses en toi.
-D'accord, maman. J'irai. Ne t'inquiète pas. Ai-je répondu du ton neutre habituel.
-Ça ne t'embête pas ?Elle avait espéré que je réagisse, que pour une fois j'aie l'air d'être vivante.
-Non, je te fais confiance.
Son visage s'est décomposé un peu plus quand elle a entendu ça. Finalement, je suis partie dans ma chambre et je me suis endormie après avoir regardé un film dans mon lit et rangé mes affaires.
Le lendemain, j'ai été en cours et j'ai eu philo. J'ai bien écouté et me suis dit que c'est sûrement ce que le psychologue essayerait de m'inculquer. Je me suis amusée à l'imaginer, lui et sa tête de psychologue, mais j'ai fini par arrêter pour essayer de suivre.À midi, j'ai emprunté un livre à la bibliothèque et j'ai été manger dans un couloir lumineux et plutôt peu fréquenté. Je me suis assise par terre et j'ai passé le temps en regardant les rayons de soleil glisser sur les pages de l'ouvrage que j'avais pris, en écoutant les gens vivre autour sans jamais oser prendre part à leur existence.
Ensuite, il y a eu cours.
J'ai pris le bus vers dix-neuf heures et je suis directement allée à l'adresse que m'avait donnée maman. J'ai repéré la plaque de psychologue clouée au mur et je suis entrée.
J'ai pris la chaise la plus proche de la porte qui menait au bureau du médecin et j'ai attendu mon tour. J'étais la suivante à passer, il n'y avait qu'une personne dans la salle avec moi.
J'ai entendu un garçon hausser la voix de l'autre côté de l'ouverture, ce qui ne m'a pas nécessairement rassurée. Lorsqu'il est sorti, j'ai découvert un jeune homme avec des cernes et des cheveux en bataille à la Tate Langdon dans American Horror Story. L'idée typique qu'on se fait d'un jeune fou.
"Cet endroit est-il fait seulement pour les cas désespérés ?" me suis-je demandé.
Le médecin m'a fait entrer.
-Vous devez être Tristen. Je peux vous appeler par votre prénom ?
-Bien sûr.
-Asseyez-vous, je vous en prie.Je me suis assise.
-Je vais remplir votre dossier aujourd'hui, nous allons faire connaissance. Parlez-moi de vous.
Alors j'ai fait ce qu'il a dit: j'ai parlé. J'ai raconté ce que je faisais de mes journées, mes livres et mes films préférés. Mes cours. Ma vie en général. Je n'ai pas voulu aborder le sujet de mon père. Il a eu l'air embarrassé, je ne sais pas exactement pourquoi.
À la fin de la séance, je suis sortie de son cabinet avec un deuxième rendez-vous planifié alors que j'avais essayé le mieux possible de refuser, mais il avait fini par ouvrir son agenda pour me revoir et encore discuter. Ce type devait éprouver un étrange plaisir à l'idée d'être mal à l'aise puisqu'en l'occurrence c'était tout ce que je pouvais lui apporter.Je n'avais définitivement pas besoin d'un psychologue, et pourtant, j'en avais un.
Et puis cette salle d'attente, c'était affreux. C'était le genre d'endroit où il est écrit "je ne juge pas mon prochain" dans un cadre en plastique abîmé sur la porte, on se serait cru aux alcooliques anonymes. Si un jour dans la rue, on croise quelqu'un qu'on a rencontré là, c'est le drame. Il vous regarde, vous le regardez. Chacun fait comme si de rien n'était mais au fond, chacun connaît le secret de l'autre. C'est une atmosphère désagréable au possible. Oppressante. En plus de ça, maintenant, aller voir un psy signifie forcément qu'on est cinglé. Je n'étais pas cinglée !
J'ai été me promener un peu avant de rentrer. J'ai marché un peu au hasard dans des rues comme ça, si bien que j'ai failli foncer dans quelqu'un.
-Pardon ! me suis-je exclamée.
Le garçon a levé la tête et m'a regardée, le visage complètement inexpressif.

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Fade, volume 1
Fiksi UmumElle était si fade elle voulait juste exister.. Poetokyo . © 2016