13.

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On est passé chez Cullen chercher des affaires pour le lendemain, puis on a tracé en métro jusqu'à la maison.

-Maman, je suis rentrée ! J'ai amené un ami ce soir, son appartement est en travaux et... C'est compliqué, ai-je expliqué alors qu'elle descendait les escaliers à grands pas.
Elle eut un petit mouvement de recul en apercevant l'ami en question et faillié louper une marche. Oui, maman, il est fou.

-Oh, Eum, eh bien, d'accord, pas de problèmes. Vous avez mangé quelque-chose ?
-Oui, merci.
-Je m'appelle Cullen, enchanté de vous connaître madame. Merci de bien vouloir de moi pour cette nuit.
-Mais pas de problème, répète-t-elle, je vais vous préparer la chambre d'amis.
-Oh, non maman, ça ne sera pas la peine. On pourra se partager mon lit.

Ma mère déglutit bruyamment, puis elle entra dans la cuisine sans un mot de plus. Elle doit être dans un état.. La pauvre vient de découvrir que j'ai des amis. Du moins un.

On a eu un petit regard complice avec mon invité, puis on est monté. La nuit, on a discuté très longtemps, d'un tas de choses telles que l'origine du rêve et des peurs, et j'ai fini par m'endormir sans même m'en rendre compte.

***

Au petit matin, je me réveillai sans plus personne à côté de moi.
Mes premiers réflexes furent de sortir de ma chambre et de parcourir la maison pour trouver Cullen. Il était assis en tailleur sur le canapé et attendait mon réveil.
-Tu as dormi ? demandai-je après l'avoir salué.

Il m'embrassa du bout des lèvres et marmonna un petit "mouais" qui voulait sûrement dire "pas plus de deux heures". 
Le pauvre, rien n'y faisait. Pourquoi refusait-il de changer d'appartement, déménager ? Il ne voulait rien me dire, se contentait de me chuchoter que c'était compliqué, ou tout simplement impossible. Cela dit, il ne m'avait pas non plus touché mot à propos de sa famille par exemple, et je ne voulais en rien l'obliger à s'exprimer a propos de ça parce que moi même ne supportait pas qu'on m'y incite.

C'était assez bizarre, parce que je ne pouvais désormais plus m'empêcher de m'intéresser à lui, il était devenu mon ami. Mon petit ami. Je me souciais de lui comme d'un frère, j'aimais être certaine qu'il prenait bien ses médicaments et je discutais avec lui, je lui changeais les idées et on riait ensemble, on passait du temps l'un en compagnie de l'autre et c'était comme un petit rituel. Une nouvelle hygiène de vie.

Il m'arrivait de me demander pourquoi il avait décidé que je méritais son attention, mais j'étais de toute évidence heureuse qu'il l'ai décidé ainsi. Enfin non, heureuse n'était pas le mot exact. C'était plutôt apaisée qui me définissait. Je me trouvais apaisée. Et vivante aussi. Cela ne me ressemblait pas vraiment de ne pas chercher de raisons aux choses et aux gens, et pourtant, je ne trouvais au fond de moi aucune motivation pour percer à jour la grande question. Je n'en avais décidément rien à foutre.

Fade, volume 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant