Partie 1: La Tour Sombre - chap V

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L'entraînement d'Alistair et Stéphanie débuta dès le départ de Daniel. Christian les emmena chez lui et ils s'installèrent dans son salon, lequel était confortablement agencé et agréablement illuminé par une large baie vitrée, orientée plein sud. Il fit apparaître sur le verre fumé de la table basse, un plateau avec deux gobelets de jus de fruit et invita les deux apprentis à prendre place dans le canapé et à se servir. Dès qu'ils se furent quelque peu détendus, il commença.

— Comme je vous l'ai déjà dit, la magie est une énergie. Or, pour pouvoir l'utiliser, il est primordial de la visualiser. Habituellement, cela ne pose pas de problème pour nos novices, car nous les choisissons précisément, en fonction de leurs prédispositions dans ce domaine. Malheureusement, aucun de vous deux n'est capable pour l'instant de voir les flux magiques.

— Ils sont invisibles ? l'interrompit Virginie.

— Pas réellement. En fait, ils sont sur un plan de la Réalité très proche du nôtre que nous appelons le plan magique. Voir les flux n'est pas un exercice de vision, mais plutôt une... transposition, je dirais.

— Un autre plan ? intervint Alistair, je ne saisis pas bien le concept.

— En fait... la Réalité n'est pas unique... plate. Il faut l'imaginer en trois dimensions, un peu comme un millefeuille. Ce que vous percevez, le plan matériel, n'est qu'une feuille parmi les autres et elles sont séparées par une fréquence vibratoire légèrement différente. Enfin, bref, peu importe la théorie, en fait. L'important est que vous soyez conscient de cela. Pour en revenir à la visualisation de l'énergie magique, je vais devoir recourir à un artifice pour que vous puissiez la voir. Tendez vos mains.

Comme ils s'exécutaient, Christian format le trident de la main droite et effectua quelques passes au-dessus de leurs paumes. Bientôt, dans un miroitement, apparurent deux paires de lentilles de contact.

— Voilà, reprit-il, avec ceci, vous verrez les flux magiques comme de vrais mages. Bien sûr, je vous conseille de ne les porter que lors des exercices, sinon votre vision du monde risque d'être un peu perturbée, l'énergie est très présente, comme vous vous en apercevrez bientôt.

— Là, on a un problème, commença Stéphanie, je n'ai jamais supporté les lentilles. C'est pour ça que je me suis fait opérer de ma myopie.

Elle souligna sa phrase en désignant ses yeux de sa main et les deux hommes, suivant le mouvement, plongèrent leur regard dans le sien. Ses grandes prunelles noisette pétillaient de malice. La baie s'y reflétait comme dans un miroir et ses compagnons y apparaissaient en ombres chinoises. Alors que Christian ne s'était pas attardé sur le spectacle, Alistair ne pouvait plus se détacher de ces larges yeux, légèrement en amande, encadrés de longs cils noirs et surlignés par de fins sourcils. Stéphanie soutint son regard sans ciller, mais avec une grande douceur et un très léger sourire en coin. Christian brisa ce lien fugace en reprenant la parole, les forçant à reporter leur attention sur lui.

— Ce sont des lentilles d'énergie, pas de verre ou de plastique. Elles ne peuvent irriter la cornée. Je vous garantis que vous les supporterez sans peine.

La jeune fille haussa légèrement les épaules et s'appliqua à poser les lentilles, imitée par Alistair. Dés qu'elles furent en place, ils testèrent leurs nouvelles perceptions en regardant autour d'eux.

— Bon sang ! s'exclama Stéphanie. Mais, c'est merveilleux. Je n'aurais jamais cru que de l'énergie puisse être si belle.

— C'est pourtant vrai que c'est chouette, renchérit Alistair.

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