Lystair commençait à se lasser de marcher seul et de passer ses soirées en tête-à-tête avec les étoiles. Après tout, se disait-il, il n'y avait aucune raison pour qu'on lui refuse un coin de feu et un brin de discussion. Peut-être, même, pourrait-il se renseigner quelque peu sur ce monde. S'il le fallait, il était même prêt à payer sa place. Il n'avait aucune idée de la valeur marchande d'un Éclat, mais en fouillant dans sa mémoire historique, il lui semblait que toutes les monnaies en or avaient eu une grande valeur. Il espérait sincèrement que l'or soit aussi rare à Isadora que sur la Terre.
Il quitta donc la route, se dirigeant droit vers le campement installé au cœur de légers fourrés. Il avançait d'un pas tranquille, l'esprit dégagé, lorsqu'une voix le fit sursauter. Elle était douce, mais ferme, avec quelques accents chantants.
— Halte-là, l'ami ! Écarte les doigts de ta dague et évite le moindre geste suspect.
Un crissement sourd avait accompagné la mise en garde. Lystair ne parvint pas à identifier l'origine du bruit, mais décida qu'il pouvait attendre avant d'en savoir plus. Il ne savait pas avec quelle arme — à condition qu'il y en ait une — on le menaçait, mais le ton de la voix était assez ferme pour lui ôter toute velléité de riposte. Il leva les mains, lentement, en gardant les doigts écartés.
— J'ai horreur de tourner le dos à mes interlocuteurs ! lâcha-t-il. Puis-je me retourner ?
— Sans brusquerie !
Lystair pivota doucement. Il prit bien garde de ne faire aucun mouvement qui puisse être mal interprété et fit face au garde. Il sut alors ce qui avait provoqué le crissement sourd : un arc que l'on tend, cependant, il n'en avait plus rien à faire.
La sentinelle était vêtu d'une large tunique verte qui recouvrait un plastron de cuir. Il portait des pantalons de tissus fins qui épousaient son corps comme une seconde peau. Ses pieds disparaissaient dans des chaussures de toiles à semelles très fines. Pendue à la ceinture, une épée, courte et large, dans un fourreau de cuir usagé. Derrière son épaule dépassait un carquois rempli d'une vingtaine de flèches. Tout cela, Lystair ne le vit pas. Son esprit ne prit en compte ces détails que bien après, lorsque sa surprise s'estompa. Mais, pour le moment, il ne pouvait détacher son regard du visage du garde. Il était fin, avec un nez long et droit, de fines lèvres rosées et de grands yeux en amande, vert émeraude. De longs cils protégeaient les délicates prunelles surmontées de sourcils noirs et fins, bien dessinés. Son teint était peut-être un peu pâle, mais Lystair le trouva purement et simplement beau, pourtant ses oreilles étaient en pointe !
Les souvenirs télévisuels de Lystair lui dictèrent son exclamation, sans même qu'il ait le temps d'y penser.
— Mon Dieu ! Un Vulcain ! ?
L'elfe avait vu les yeux de Lystair s'agrandir comme des soucoupes et sa mâchoire descendre d'un cran. Ce spectacle l'avait déjà laissé dubitatif, mais se faire traiter de « Vulcain » le plongea dans une perplexité sans borne. Il fronça les sourcils et la corde de son arc se tendit encore un peu plus.
— Qu'est-ce que c'est, un Vulcain ? ! Je te préviens que je n'apprécie pas d'être insulté !
Lystair regardait l'homme, sans vraiment comprendre, ni trop savoir quoi répondre. Il cherchait la meilleure réponse possible lorsqu'une voix bourrue intervint.
— Elisael ! Que se passe-t-il ?
— Un rôdeur, Gerdan !
— Amène-le-nous, qu'on le voit !
La dernière remarque avait été prononcée par une troisième personne, vraisemblablement féminine. Elle vibrait d'un contralto agréable et enjoué. Tandis qu'ils avançaient vers le camp, l'esprit de Lystair fonctionnait à cent à l'heure. Il cherchait le meilleur moyen pour réparer sa gaffe. Lorsqu'ils arrivèrent près du feu, deux personnes les attendaient. Le premier était un grand gaillard de plus de deux mètres. Il portait une courte barbe noire qui lui assombrissait les joues, un surcot de maille et de hautes bottes en cuir épais. À sa hanche, une longue épée à double tranchant munie d'un manche impressionnant. Sans doute une arme à deux mains, pensa Lystair à part lui. Au côté du géant, une jeune femme, blonde aux charmes avantageux, mais quelque peu camouflés par une tunique ample. Elle portait aussi une épée au flanc, mais elle était plus fine et moins longue. Lystair en profita pour noter une grande différence par rapport au moyen-âge terrestre. Ici, les femmes ne semblaient pas être reléguées aux cuisines. Celle qui était là était armée et portait du cuir sous ses vêtements en guise armure. Elle se tenait au même niveau que l'homme. Derrière eux, une arbalète était posée contre un arbre et un lapin rôtissait au-dessus du feu. Lystair en saliva d'envie.
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Magies et Fascination
Fantasy"Ses ongles étaient sombres, mais il ne s'agissait pas de vernis. Il replia les deux doigts du milieu et traça quelques signes dans l'air, tandis que d'étranges paroles s'échappaient de ses lèvres. Aussitôt, un serpent d'énergie se matérialisa et s...