Partie 1: La Tour Sombre - chap VIII

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À Avalon, l'entraînement se poursuivait toujours. Le rythme en était plus lent qu'à la Tour Sombre, mais les novices progressaient régulièrement. En effet, d'un point de vue pédagogique, les méthodes des deux écoles différaient largement. Alors que les mages noirs avançaient à marche forcée, allant jusqu'à user de sévices et de punitions pour graver leurs enseignements dans l'esprit des novices, les Avaloniens préféraient nettement laisser le temps au temps, répéter aussi souvent que nécessaire et consacrer autant d'heures qu'il le fallait aux élèves pour être certain que les concepts étaient compris et maîtrisés. Bien sûr, l'instruction Avalonienne était beaucoup plus longue, mais, à en croire les mages blancs, bien plus efficace sur le long terme.

Alistair et Stéphanie parvenaient maintenant tous les deux à maîtriser les flux et la jeune fille avait appris à voler de manière un peu plus sécurisante que lors de son premier essai. Ils savaient à présent comment soutenir un sort en utilisant la main gauche pour renforcer en énergie la construction magique et avaient commencé leur apprentissage du langage mystique et des rituels associés. Christian avait expliqué aux jeunes gens que le terme de « sort » était réservé à un usage basique de la magie. Une simple manipulation des flux, en somme. Si des mots ou des gestes étaient nécessaires, s'il fallait dépasser le stade de l'unique contrôle des nuages magique, alors on parlait de « rituels ».

— Bon ! tout ça ce n'est que du vocabulaire, concluait le mage, et ce n'est pas le plus important. Enfin, pour être complet, vous devez savoir que certaines configurations que l'on désire actives sur une grande surface ou pendant très longtemps ou encore mêlant plusieurs effets divers, nécessitent une préparation longue et délicate où sorts et rituels sont employés en séquences particulières. C'est ce que l'on nomme des « rites ».

— Quand commencerons-nous à en apprendre ? demanda Stéphanie, toujours avide de nouveautés.

— Pas avant longtemps, ma chère. Les rites constituent la part la plus difficile de notre Art et celle qui demande la plus grande maîtrise. Il faut de longues années avant qu'un novice ne s'y risque.

Stéphanie répondit par une moue boudeuse et croisa les bras, l'air renfrognée. Alistair glissa une main autour de ses épaules pour la réconforter.

— Tu es toujours trop pressée, chérie. Donne-toi un peu de temps. Paris ne s'est pas fait en un jour, tu sais.

— Non, en effet, renchérit Christian. Et pour aujourd'hui, c'est au langage magique que nous devons nous consacrer.

Tandis qu'il donnait ses instructions et assignait les exercices, le mage évaluait la situation de ses élèves. À près de six semaines d'entraînement, les deux jeunes gens étaient quasiment au même niveau. Certes, Alistair maîtrisait un peu mieux les incantations. Sa prononciation du langage magique était meilleure et, surtout, il comprenait mieux la « musique » des rituels. Cependant, Stéphanie se rattrapait avec une imagination débridée et un contrôle légèrement plus efficace des flux magiques, lorsqu'il s'agissait de simples sorts. En fait, le grand atout de la jeune fille résidait surtout en sa vitesse de réflexion qui lui permettait de mobiliser les flux très vite, sentant presque immédiatement quelle était la construction magique la mieux adaptée à l'effet désiré. De plus, ils confrontaient leurs expériences magiques et s'entraidaient dès que l'un des deux rencontrait une difficulté. Ainsi, Alistair aida Stéphanie à comprendre les subtilités du langage magique et, à son tour, elle lui rendit service lorsqu'il fallut augmenter la rapidité d'incantation des sorts du jeune homme, essayant de lui donner quelques astuces pratiques.

Christian était assez content de ses élèves, en définitive. Ils étaient partis de loin, n'ayant pas une once de don en débarquant sur l'île. Jamais, Avalon n'avait eu à former des mages à partir de candidats aussi hermétiques à la magie. Le résultat ouvrait d'intéressantes perspectives quant aux recrutements futurs. Bien qu'aucun des deux ne pourrait jamais prétendre à une grande carrière et qu'ils ne constitueraient qu'un pis-aller pour la communauté, il pensait qu'ils seraient certainement capables de travailler en binôme avec des mages plus classiques. D'ailleurs, le conseil des mages lui-même reconnaissait que Christian avait fait du bon travail avec eux, obtenant une réussite inespérée.

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