Le Rossignol Blanc

Question d'instinct

L'irréparable. Ce mot était lourd de sens et semblait encore résonner dans la salle de bain. Tout c'était tût, et le jeu des jets d'eau qui sonnait joyeusement quelques minutes auparavant paraissaient maintenant bien fade pour Drina qui fixait Raven sans trouver que dire. De son côté, il n'avait pas esquissé le moindre mouvement, il ne respirait même plus et la seule preuve de sa présence dans la pièce était le clapotis de l'eau contre sa peau. Il la laissait tout simplement encaisser la nouvelle sans rien dire d'autre pour ne pas la voir partir en courant. Il fixait obstinément un point fixe sur le mur de sa salle bain, semblant y voir une chose seulement visible à ses yeux. Drina le fixait lui, essayant en vain de savoir s'il accepterait de nouvelles questions, ou si son mutisme actuel signifiait qu'il ne répondrait plus à rien. Mais contre toute attente, il tourna ses yeux noirs vers elle et brisa le silence devenu pesant.

« - Le cercle est... comme une association, ou un gouvernement si tu préfères. C'est un regroupement de ce que tu appellerais « monstres », mais les monstres les plus puissants du pays. Il y a un cercle par pays et il a pour but de régir les communautés de démons et autres créature. Il y a un ou plusieurs représentants de chaque espèce qui siègent au cercle. Le but est d'éviter de malencontreux accidents.

- De malencontreux accidents ?

- Tu as sûrement connu ou entendu parler du massacre de Nazadoï, dans le sud du pays ? Toute la ville a été rasée il y a de cela 12 ans, tu étais encore jeune à l'époque. Le massacre a été un... comment dire... dégât collatéral d'une dispute entre les métamorphes et les vampires. Ces sauvages ne savent pas comment se contrôler. Enfin, tout ça pour te dire qu'en général nous essayons d'éviter ce genre de chose, nous ne voudrions pas que les humains se mettent en tête de nous chasser. L'humain est une créature tellement... idiote qu'elle ne sait pas discerner son compatriote de l'ennemi à abattre. Il y aurait plus d'humains mis au bûcher que de « monstres » tués. »

Son ton était résolument las, fatigué et quelque peu trainant. Drina savait qu'un bain mettait Raven dans d'excellentes dispositions et qu'il devenait presque aussi tendre qu'un agneau, ou disons presque aussi tendre qu'un louveteau qui vient de découvrir l'usage de ses griffes. Tellement mignon mais aussi un carnivore et tueur en puissance. Il jouait pour le moment avec la mousse du bout de ses longs doigts fins et soufflait dessus avec le plaisir de la voir s'envoler pour retomber lentement sur son visage. On aurait dit un enfant innocent. Elle chercha une question appropriée alors que d'un regard, il lui donnait l'autorisation de continuer.

« - Tu es... Tu es si vieux que ça ?

- Vieux ? Je dois le prendre mal ? Il lui jeta un regard amusé en secouant la tête. Je suis plus vieux que ton esprit d'humaine peut le concevoir.

- Et avec un ego tellement surdimensionné que mon esprit ne peut pas le supporter. »

A sa plus grande surprise, il se contenta de rire en jouant à nouveau avec la mousse. Il s'était légèrement redressé sur son séant et son torse était maintenant visible en grande partie. Détail qui n'échappa à Drina qui s'était instantanément prise dans la contemplation de la mousse qui glissait lentement le long de sa gorge, autour de son téton, et suivait la ligne de ses abdos jusqu'à son nombril. Au nom du tout puissant, qu'est-ce qu'elle aimerait suivre cette ligne avec le bout de sa langue, goûter sa peau et lécher l'eau qui ruisselait sur son torse.

« - T'ai-je précisé qu'à défaut d'avoir la capacité de lire dans les pensées, je décèle très bien les émotions humaines ? D'autant plus quand il s'agit de désir. Je suis très heureux d'être, à nouveau, la source de ton excitation.

- Je crois l'avoir bien compris, pervers narcissique que tu es.

- C'est un synonyme d'incube. J'aime le sexe tout autant que toi, ma chère prostituée. En plus c'est moi qui t'ai tout appris.