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KAYLEE

Je me réveille sous les rayons du soleil, à vu d'œil il doit être dix heures. Je prends mon téléphone sur la commode et regarde l'heure, il est bien dix heures. Mon instinct ne m'a définitivement pas quitté.

Je me lève en étirant tous mes membres endoloris et me prépare pour cette longue matinée qui s'annonce déjà périlleuse. Je dois travailler dans un café comme serveuse, je remplace une copine qui devait garder son fils. C'est ainsi que je gagne ma vie, en servant des cafés et en écoutant des histoires sordides. Au moins, à la différence d'un bar, c'est que je n'ai pas à supporter les clients ravagés par l'alcool. J'ai déjà envisagée une carrière de journaliste quand Luke était encore en vie, c'est lui qui m'encourageait dans mes projets. Mais lorsqu'il est mort, j'ai décidé d'arrêter d'espérer de faire une belle carrière sans longues études derrière. Je n'ai pas les moyens pour cette vie de rêve.

Quelqu'un frappe. Je regarde dans le judas, le seul luxe qu'apporte cet appartement. Une petite tête brune me fait une grimace derrière la porte. Issa sait que je regarde toujours dans le judas avant d'ouvrir ma porte.

Un sourire se plaque automatiquement sur mes lèvres tandis que j'ouvre la porte pour le laisser entrer dans mon humble demeure.

- Qu'est-ce que tu fais ici ?
I : - Tu veux une tranche de pain ?
- Du... Pain ?
I : - Je suis passée à la boulangerie. Je t'ai pris une baguette ! Elle ressemblait étrangement à toi..

Je ricane en préparant les cafés et sortant le nécessaire pour un petit déjeuner de qualité.

- Serais-ce l'orge, le blé ou encore la farine qui te fait penser à moi ? C'est vrai que vu sous cet angle.. On pourrait dire que tu es presque visagiste. Tu as déjà pensé à une reconversion dans la coiffure ?

Nous rions et nous installons à table en dégustant cette fameuse et délicieuse baguette qui me ressemble tant. Issa grimace en lisant les ingrédients de mon pot de pâte à tartiner sans huile de palme. Bah quoi ? Je pense à la planète et aux animaux. On peut ne pas avoir les moyens mais aussi être écolo !

I : - Je savais que j'aurais dû ramener le nutella.
- Essaye avant de juger ! Au moins, moi, je ne participe pas à la déforestation et aux massacres des orangs outan pour mon plaisir gustatif !
I : - Toute suite les grands mots.

Nous discutons tout le reste du petit déjeuner, il me parle de sa dernière conquête en date et des soirées qui seront bientôt organisées.

I : - Au fait, tu sais que quelqu'un va habiter en face de chez toi ?

Je relève la tête brusquement vers mon meilleur ami et le fixe d'un regard interrogateur l'incitant à m'en dire plus. Quelqu'un ?

I : - c'est écrit 'loué' sur l'affiche en face de ta porte.
- Qui voudrait vivre ici ? C'est miteux en face, encore plus que chez moi c'est pour dire.

Je me tape sans arrêt des fuites d'eau à répétition, sans compter la chauffage qui fonctionne une fois sur deux. Le propriétaire de l'immeuble ne désire pas le rénover, trop d'argent. Du coup, on se tape des logements capable de nous tomber sur la tête à tout moment. L'appart d'en face.. C'est celui avec le plus de dégâts.

I : - La pauvre future personne, elle devra se laver à l'eau froide.
- On est solidaires ici, on saura s'aider mutuellement. J'espère qu'elle sera sympathique !

J'ai hâte de voir la nouvelle personne qui va devenir mon voisin de palier, en espérant tomber sur une perle rare. En tout cas ce qui est sûre, c'est que ce n'est pas une personne riche. Parce que pour habiter dans un immeuble comme ça faut le faire.

Issa s'en va et j'en profite pour me préparer calmement, n'étant pas trop à la bourre pour une fois. Une petite robe de printemps, la chaleur à l'extérieur le permettant aujourd'hui. Quelques coups de pinceaux par ci et par là, et... tada. Picasso serait très fier de moi.

Je prends mes clefs et pars de chez moi. C'est parti pour une superbe journée, quoi de mieux que de travailler d'arrache-pied pour un salaire minable ? Qui dit mieux ! Si quelqu'un un jour trouve le sens de la vie, que cette personne m'envoie un FAX de ce pas. Je descends les escaliers en trombe, réalisant que mon horloge du four n'était pas à l'heure faisant qu'en fait, je suis bel et bien en retard.

- Aie ! Putain..

En détallant à toute vitesse je n'ai pas fais attention au garçon face à moi, qui se retrouve les fesses au sol et se tenant le front d'une main. Oh merde. En ouvrant la porte j'ai touché quelqu'un, ça a dû faire mal. Je l'aide à se relever en me mordant la lèvre, honteuse.

- Je suis vraiment désolée ! Je ne faisais pas attention...

Il prend la main que je lui tend avec force et lève son regard sur moi. Ses yeux sont bruns et je me rends compte qu'avec le feu de l'action je n'ai pas pris le temps de le détailler. Il est assez... Plutôt.. Charmant.

- La prochaine fois, regardez où vous mettez les pieds, ce n'est pourtant pas si difficile. Je n'ai pas spécialement envie de me faire une rhinoplastie parce qu'une cruche ne sait pas marcher correctement.

Si nous étions dans un cartoon, mes yeux sortiraient violemment de mes orbites. Pour qui se prend-il ?

- Un simple je vous excuse aurait suffit, triple con.

Je me retourne une dernière fois en faisant un doigt d'honneur, heureusement pour moi il rentre dans mon immeuble donc sa tête sort de mon champ de vision. Attendez...

MON IMMEUBLE ?

Oh. Mon. Dieu. Ne me dites surtout pas que ce gars est mon futur voisin ? Je sens que si c'est le cas, les prochains mois vont être mouvementés...

U S U R P A T I O N - TBSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant