09; Callie

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UNE SEMAINE. Cela doit faire au moins une semaine que je fixe cette fichue lanière de cuir. C'en est presque obsessionnel. D'une certaine manière je crois qu'elle me terrorise. Ce minuscule bout de cuir semble contenir tant de choses... Tant de choses que l'on souhaite cacher.

Lorsque Reese me l'a donné, j'ai manqué de peu d'éclater en sanglot. Avant que les choses ne se compliquent, je portais toujours cette lanière à mon poignet. Ce n'était pas grand chose, mais elle avait de la valeur à mes yeux. Reese me l'avait donné lorsque nous avions commencé à sortir ensemble, l'année dernière.

Appuyée contre mon oreiller, dans mon lit, j'examine avec attention le bracelet. Il y a toujours l'inscription que Reese avait faite au marqueur entre deux baisers que nous avions échangés.

J'approche le bracelet de mon nez et le renifle par simple curiosité. La lanière de cuir a une très forte odeur d'essence. Comme si...

Je lâche immédiatement le bracelet qui tombe sur le matelas, essayant de chasser les mauvais souvenirs qui me remontent à l'esprit. Ce n'est pas le moment de penser à ça.

Reese doit me détester à présent. J'ai agit comme l'aurait fait Moira et ça me dégoûte. Il est venu dans l'espoir d'avoir des réponses, de se souvenir. Il me faisait confiance. Et moi, je lui ai hurlé dessus, j'ai pleurniché et je suis parti. Au final, je ne lui ai rien dit. J'aurais pu tout lui dire. J'aurais eu l'impression de ne plus être seule à porter cet énorme fardeau. Il aurait regretté d'être réapparu et il aurait eu cet énorme sentiment de culpabilité qui est présent en moi. Peut-être que j'aurais dû... Non, tout lui dire aurait été un acte égoïste. Reese a droit à une deuxième chance. Il la mérite. Ce qui s'est passé la nuit de sa disparition... Je serai seule à porter le fardeau. C'est probablement mieux comme cela.

Je m'allonge sur mon lit, les yeux vitreux. Je dois me débarrasser de cette lanière de cuir. Je commençais à aller mieux et voilà que je me retrouve en possession d'un bracelet à la forte odeur d'essence. Ce n'est pas sain. Je m'en débarrasserais à la première occasion.

Bercée par la musique qui s'échappe de mon iPod, je ferme les yeux dans l'espoir de rêvasser un peu. Au lieu de quoi, les souvenirs me hantent l'esprit.  

• •
A U P A R A V A N T

La file du kiosque n'est pas très longue, à mon plus grand bonheur. Je ne tiens pas à perdre plus de deux minutes de ma vie pour acheter un billet pour ce stupide bal d'automne. Me filer cinq livres sterling pour un billet d'admission, c'est la solution que mon père a trouvée pour m'aider à intégrer correctement ma nouvelle école. J'ai beau être arrivée au dernier trimestre, l'année dernière, mon "intégration" est plutôt pitoyable. Je ne me suis aucunement impliqué dans un comité ou dans toutes activités offertes à Green Lake, en général. Mes seules amies ont été des idiotes qui ne traînaient qu'avec moi dans l'espoir qu'un beau jour, je les invite à mon - non-existant - loft à Londres. J'ai beau leur avoir répété que je venais de Newcastle et que je n'avais aucun loft là-bas ou à Londres, elles ont longtemps persisté à croire que je leur cachais quelque chose. Des idiotes, je le confirme.

Cette année, ça c'est beaucoup calmé. Mes prétendues amies m'ont lâchés les baskets et j'ai pu respirer un peu. Enfin, ça c'était avant que mon père ne se mêle de ma vie sociale et qu'il m'oblige à aller au bal d'automne.

« Salut ! » s'exclame une voix devant moi.

Je sors de mes pensées et lève les yeux vers le garçon qui se tient debout derrière le kiosque. C'est un grand brun aux yeux clairs. Je l'ai vu à de nombreuses reprises dans l'école, entouré d'une bande d'amis qui varie en fonction de la semaine. Étant le co-capitaine de l'équipe de rugby et le fils du plus grand chef d'entreprise de la région, il est évident que ce garçon est très populaire. Cependant, il ne faut pas en rester aux stéréotypes. Il apprécie tout le monde, allant même jusqu'à saluer des inconnus dans les corridors et à rester après les cours pour aider les professeurs à corriger des copies d'examen. C'est le garçon que tout le monde veut comme ami.

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