19; Reese

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À MON RÉVEIL, j'ai la surprise de constater que Callie n'est plus dans le lit. Je tapote la place à mes côtés pour réaliser qu'elle est froide et que la jolie brune est probablement réveillée depuis un bon moment déjà. Cette simple pensée me rend nerveux. Peut-être suis-je allé un peu trop vite ? Peut-être n'aurais-je pas dû dormir dans le même lit qu'elle ? J'aurais sûrement dû lui laisser un peu d'espace et me comporter comme le garçon modèle qui n'hésite pas à dormir sur le plancher, peut importe les protestations de la jolie fille avec qui il se trouve. Si Calliope avait insisté pour que je dorme au sol, je l'aurais fait, mais bon sang... Il n'y a rien de moins confortable qu'un plancher !

Des souvenirs de la veille me reviennent à l'esprit, alors que j'émerge des couvertures. Je me souviens surtout de moi qui crie, puis qui pleure et pour finir, de moi qui embrasse Calliope. Un sourire béât s'installe sur mes lèvres à cette pensée. D'accord, je suis vraiment un cas désespéré. Dans peu de temps je devrais me mettre à vomir des arcs-en-ciel et à chevaucher des poneys. Voyez-vous, mon coeur n'a pas oublié les sentiments que j'avais envers cette fille.

Je m'étire rapidement, puis quitte le lit. J'enfile mon jeans de la veille, ainsi que mes bottes au cas où le père de Callie serait de retour. Je n'ai pas vraiment envie qu'il me voit sortir de la chambre de sa fille vêtue uniquement d'un tee-shirt et d'un caleçon. Je signerais mon arrêt de mort. Cependant, lorsque je sors enfin de la chambre de Callie, le père de cette-dernière ne semble pas dans les parages. Étrangement, la maison est plongée dans le silence. Ça me surprend, moi qui croyais que les familles de quatre étaient du genre plutôt bruyante le matin. Je fronce les sourcils, sentant que quelque chose cloche. Inquiet, je descends rapidement les escaliers et m'introduis dans le salon. Pourquoi ai-je cette impression de déjà vue ? Ce silence, cette inquiétude qui me ronge, mon coeur qui bat à la chamade... Tout ça me semble familier. Un peu trop familier à mon goût. Qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire ?

Je pousse un soupir de soulagement en ne tombant que sur Callie qui sirote un café, assise en tailleur sur le canapé. Elle regarde la télévision, immobile comme une statue. En me voyant entrer dans la pièce, elle lève les yeux dans ma direction. C'est alors que je remarque les cernes qui entourent ses yeux. Je fais rapidement le lien avec le café et son côté du lit froid. Si ça se trouve, Callie n'a pas dormi de la nuit.

Après quelques secondes de réflexion, je décide qu'il vaut mieux que je ne l'interroge pas sur le sujet. Je sais qu'elle ne voudra rien me dire de toute manière. Inutile de me disputer avec elle maintenant. Je suis trop heureux de l'avoir à mes côtés pour dire quoi que ce soit. Pas question de gâcher le début de ce petit quelque chose qu'il y a entre nous. Pas maintenant. C'est peut-être la meilleure chose qui m'est arrivée depuis mon retour à Green Lake.

Je m'approche de Callie, un sourire en coin. Sans prévenir, je l'embrasse. Elle paraît surprise au début, comme si elle hésitait entre me retourner mon baiser et me repousser. Néanmoins, elle me donne sa réponse lorsque ses lèvres répondent aux miennes. Nous échangeons un baiser qui me semble durée un semblant d'éternité. Une petite éternité, certes, mais une éternité qui nous suffit à tous les deux. Finalement, c'est elle qui rompt le baiser lorsqu'elle s'écarte pour me regarder quelques secondes. Un petit sourire se glisse sur mes lèvres lorsqu'elle me serre dans ses bras. Elle s'agrippe à moi comme l'on s'agrippe à son dernier espoir, bien déterminé à ne pas lâcher prise.

« Bon matin à toi aussi, Calliope. » je murmure, d'humeur moqueuse.

Callie pose un baiser furtif contre ma joue sans pour autant quitter notre étreinte. Au contraire, elle reste là, immobile comme une statue. Il y a vraiment quelque chose qui cloche. Premièrement, elle n'a pas dormi de la nuit et deuxièmement, elle se cramponne à moi comme si... comme si je venais de lui être arraché et qu'elle me retrouvait enfin. Bon sang, que s'est-il passé cette nuit pour qu'elle soit dans cet état ?

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