Chapitre 1

2.7K 166 266
                                    

C'était le jour de foire. Chaque année, les habitants de Sweet Amoris délaissaient leurs occupations pour se rendre au village voisin, qui se trouvait à quelques heures de marche, pour fêter ensembles le retour de l'été. Les plus jeunes se réjouissaient de ce jour de fête, et pressaient leurs parents pour se rendre le plus vite possible dans la bourgade d'à côté. Chaque personne s'affairait à rassembler les quelques sous qu'ils avaient réussi à gagner grâce à leur dur labeur afin de profiter au mieux de la fête.

Seule une jeune fille ne participait pas à l'atmosphère joyeuse et détendue. Elle se tenait à l'écart, dans l'écurie, et caressait pensivement la crinière d'un des chevaux. Sa longue et épaisse chevelure rousse était roulée en chignon, et masquée par un fichu. Elle portait la tenue traditionnelle des paysannes, composée d'un jupon rapiécé, de bas de grosse laine, de sabots, d'une jupe et d'un corsage de toile. Le sien était vert, rappelant la couleur de ses yeux. Elle était assez grande, et comme la plupart des femmes de province, n'était pas très ronde, à cause du manque de nourriture. Elle aurait pu être qualifiée de belle, mais ses yeux étaient légèrement trop gros, tout comme sa bouche. Néanmoins, ces défauts lui conféraient un certain charme.

Brisant sa tranquillité, elle qui s'était retirée là pour être seule, un jeune homme poussa la porte de l'écurie et s'écria :

« - Hortense ! Viens, on part ! »

Avec un soupir, elle se tourna vers l'intrus qui dérangeait son sanctuaire. En effet, cet endroit l'apaisait. Lorsqu'elle avait besoin de calme, ou de se consoler, elle se glissait là, parmi les chevaux, et se couchait dans la paille près d'une bête afin de laisser bercer par sa respiration.

La jeune femme fit face à son interlocuteur. Ce dernier avait des cheveux blond foncé, des yeux verts, et suintait l'arrogance par tous les pores de la peau. Il portait un pantalon de toile couleur sable, une chemise en tissu épais, une veste marronne, et également des sabots. Malgré sa misérable tenue, il avait une démarche et une posture fière, et exhibait sans se priver ses muscles acquis grâce au dur labeur. Il soupira :

« - Qu'est-ce que tu fais encore là avec ces bêtes ?

- Je pensais, Dakota. »

Il éclata de rire, avant de la saisir par le bras :

« - Les femmes ne pensent pas Hortense. Y'a aucun intérêt à ça.

- C'est sûr qu'à toi, ça ne doit pas t'arriver souvent de réfléchir. »

Elle se dégagea violemment de son étreinte, et lui fit face en croisant les bras :

« - Je ne vais pas à la foire, donc laisse-moi tranquille.

- Comment ça, tu viens pas ?

- Il faut bien que quelqu'un garde le village. »

Il haussa les épaules en ricanant :

« - Et bien sûr, y'a que toi pour le faire. Et comment tu vas t'occuper pendant qu'on est pas là ? »

Elle se mordilla la lèvre avant de répondre :

« - Il faut que je termine de repriser le bas de ma mère, et...

- Mais tu peux le faire plus tard ! Voyons, tu dois venir à la foire ! Je vais pouvoir te présenter à tous mes amis !

- Non merci. »

Elle se retint d'ajouter ce qu'elle pensait réellement. Elle ne voulait pas qui l'exhibe comme sa future femme devant tous ces amis qu'elle jugeait stupides. Car oui, pour son malheur, Dakota l'avait déjà demandée en mariage. La rousse avait eu beau prétexter le besoin d'intégrer la nouvelle, d'arguer qu'elle se trouvait trop jeune, le jeune homme revenait sans cesse à la charge pour lui arracher une réponse positive. Elle fronça le nez, voulant à tout prix repousser le plus possible le moment où elle serait à lui. Il remarqua sa grimace, mais se méprit sur son sens, et attrapa son poignet pour la sortir de l'écurie :

Son âge? Quelle importance puisque je l'aime... (Amour Sucré) ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant