Chapitre 4

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Plusieurs semaines passèrent dans une sorte de routine établie. Chaque jour, Hortense, accompagnée à son plus grand déplaisir de Dakota, se rendait au château. Là-bas, il lui semblait qu'elle plongeait dans un autre monde. La discrétion de Lysandre ne la dérangeait pas, et elle vaquait à ses occupations avec plaisir. Cela ne la rebutait pas de dépoussiérer tous les meubles dans la longue enfilade de couloirs. En effet, elle prenait plaisir à s'imaginer maîtresse des lieux, et il n'était pas rare qu'elle s'oublie, occupée à rêvasser devant les tableaux anciens.

Cependant, elle sentait confusément que le maître des lieux l'accueillait chaque jour un peu plus dans son univers. Parfois, la prenant par surprise, il lui posait des questions sur elle, et elle se sentait flattée de l'intérêt qu'il lui portait. Même s'il ne semblait le faire que par politesse, cela importait peu à la rousse. Jamais personne ne s'était intéressé à elle de cette façon, et cela la ravissait.

Mais elle gardait quand même dans un coin de son esprit les commérages du village et, parfois, elle levait sur lui un regard observateur, tentant de concilier l'image qu'elle avait de lui avec celle colportée par les ragots. Elle ne parvenait jamais à imaginer Lysandre comme un homme pervertissant les jeunes femmes, mais, après tout, personne ne voyait réellement Dakota comme il était réellement. Alors, dans ces moments-là, si l'aristocrate l'interrogeait, elle répondait sur une sorte de réserve qui le faisait froncer les sourcils. Elle s'excusait alors avec un sourire, et se remettait à la tâche sans parler davantage.

Les jours défilaient ainsi sans que personne ne s'en aperçoive. Et Hortense ne voulait pas penser au temps qui passait, car chaque minute écoulée la rapprochait de son mariage avec Dakota. Elle était si bien, dans ce château...

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Et, un jour, alors qu'elle nettoyait le tapis, Lysandre lui demanda :

« - Vous ne m'avez jamais parlé de votre père ?

- Oh... »

Elle s'arrêta de frotter le tissu, se redressa, et s'étira le dos. Elle était courbée depuis deux bonnes heures sur ce tapis, et ses reins la lançaient. Elle finit par hausser les épaules :

« - Je l'ai à peine connu, donc...

- Vraiment ? »

Il semblait attristé, et elle s'empressa de rajouter :

« - Mais cela ne me gêne pas, car j'ai très peu de souvenirs de lui. Alors... Il ne me manque pas trop.

- Ne trouvez-vous pas cela cruel ? »

Hortense baissa la tête, et réfléchit un instant. En effet, cela aurait pu l'être, si elle avait eu le temps de nouer des liens avec son père. Mais ce n'était pas le cas. Alors, elle murmura :

« - Non. Il est mort quand j'étais enfant... »

Elle releva le visage vers Lysandre, qui la fixait avec un air songeur. Il finit par hocher la tête :

« - Il est vrai que de ce point de vue... Vous avez raison, ce n'est point cruel du tout. »

Elle hésita un instant, avant de demander :

« - Et vous ? »

Lorsqu'il reposa son regard sur elle, la rousse crut qu'elle allait défaillir devant l'intensité des prunelles. Il pencha la tête :

Son âge? Quelle importance puisque je l'aime... (Amour Sucré) ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant