Chapitre 11

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BOUM.

L'explosion résonna dans mes oreilles, et tout mon corps en vibra. Mes dents s'entrechoquèrent et je me mordis violemment la langue sans le faire exprès. Par pur réflexe je m'agrippai avec force au petit mur en pierre derrière lequel on s'était cachés, tout en essayant de ne pas pleurer tant ma langue me faisait mal.

– Punaise ça arrache ! grogna Amon.

Je lui jetai un coup d'œil, et vis que lui avait plaqué ses deux mains sur ses oreilles. Son visage était déformé dans une grimace et ses yeux résolument fermés. Je ne m'en sortais pas si mal avec, juste, ma pauvre langue de blessée. D'ailleurs je commençai à sentir le goût du sang dans ma bouche.

Après un petit moment l'explosion cessa de faire vibrer le sol, et je pus enfin décrisper mes doigts de ce pauvre mur. Mes mains étaient tachées de sang, sûrement à cause des pierres pointues qui constituaient notre abri. Je crachai un mélange de salive et de rouge, cette fois en raison de ma langue.

– On fait quoi maintenant ? demandai-je à la cantonade en essayant d'essuyer mes mains sur mon pantalon.

– On attend. Regarde, soupira Amon en me désignant l'endroit d'où avait eu lieu l'explosion.

Le bâtiment dans lequel on avait trouvé la bombe tenait encore debout, ce qui me surpris légèrement. C'était pas comme si une énorme explosion avait eu lieu dedans hein ! Mais le plus étrange restait la fumée violette qui grimpait vers le ciel et s'échappait de toutes les ouvertures. Les fenêtres, l'entrée, de certains trous... C'était un spectacle fascinant que de voir cette fumée sortir en masse d'un gros immeuble gris et noir à moitié écroulé.

– C'est trop beau... chuchotai-je en suivant le nuage violet des yeux.

Un sourire béat me déformait le visage, et pour la première fois depuis notre arrivée dans Paris je me sentais heureuse. Ou tout du moins j'avais le cœur plus léger que d'habitude. Ça   faisait vraiment un bien fou au moral de voir une couleur éclatante dominer le gris pesant de cette ville.

– Faut attendre maintenant, commenta Amon. J'espère que ce crétin de Rhymer va ramener sa fraise, et vite...

– Mais oui, il va venir t'inquiète ! affirmai-je avec entrain.

Cette fumée avait vraiment un drôle d'effet sur moi : ça me rendrait presque positive dans un Jeu mortel où tout ne se passe jamais comme prévu.


++++++++++++++


– T'es sûr de toi là ? soupirai-je une énième fois.

Ça faisait des heures qu'on attendait que quelqu'un se pointe, et toujours personne en vue. J'avais fini par poser mes fesses sur le sol, le dos contre le mur de pierre. A part jouer avec mes cheveux et râler, je n'étais pas des plus utiles actuellement. Remarque le garçon à côté de moi non plus.

– Non mais y en a forcément qui vont venir ! C'est juste qu'il leur faut un peu de temps pour arriver c'est tout ! grogna Amon en se passant vivement une main sur le visage.

Vous voulez savoir ce qu'il y a de pire qu'une Legacy énervée ? Un Amon frustré de ne pas voir ses plans fonctionner.

Le pauvre tournait en rond devant moi depuis le début, et il commençait sérieusement à me donner la migraine.

Le Jeu : SurvivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant