Le Jeu : Survivre

Chapitre 13

– On fait quoi ? demandai-je calmement en tapotant la table du bout des doigts.

Nous étions tous assis autour d'une table ronde, je crois qu'on était en plein conseil de guerre.

– On attend qu'ils déclarent la fin de cette épreuve, grommela Amon.

Mon agacement devint encore plus fort, et je me fis violence pour ne pas balancer mon poing sur la table comme une sauvageonne, me contentant de serrer les dents. Ça faisait déjà plusieurs jours qu'on était coincés dans cette maison, et la situation commençait à devenir invivable. Cloud était peut-être dehors à attendre qu'on sorte pour tous nous tuer, Rhymer faisait des 'blagues' de plus en plus glauques, et Prune collait Amon depuis le début, me forçant à supporter le blond et son humour sordide.

La peur de mourir m'enserrait un peu plus le cœur chaque jour, et cette impression d'être emprisonnée commençait à me rendre folle.

– Et vous pensez qu'ils vont bientôt la déclarer cette fin ? sifflai-je de la manière la plus civilisée possible.

– Sûrement avant notre mort, commenta Rhymer d'un air désintéressé.

– Je ne vois pas pourquoi on parle de ça, soupira Prune en passant sa main dans ses cheveux. On attend et puis c'est tout, y a rien d'autre à faire.

Je grimaçai et me pinçai l'arrête du nez d'un geste machinal. C'était dur à avouer, mais elle n'avait pas tort ; ce n'était pas parce que je commençai à devenir claustrophobe qu'on allait sortir gambader dans la ville en prenant le risque de se faire saigner par un fou.

Mes doigts cessèrent de s'agiter d'eux-mêmes, sans que je n'y ai réellement pensé. J'essayai de ne pas penser à Cloud et ses vêtements plein du sang de ses victimes, à sa partenaire qui avait été décapité par un ours. Leur Tirage était le seul que j'avais vu, et je me rappelai que la fille avait fondu en larmes... Des visions d'horreur remontèrent soudainement à moi, toutes les scènes affreuses que j'avais pu voir depuis ma naissance, tous Les Jeux précédents...

– Leg ? LEG ?!

Une main me secoua sauvagement, manquant de me faire tomber de ma chaise. Je sursautai et revint violemment dans le monde réel, clignant des yeux sans pouvoir m'arrêter.

Tout mon corps tremblait, et des larmes venues de nulle part dévalaient mes joues. Le sang me montait à la tête, je n'allais pas bien du tout.

– Tu vas bien ? s'enquit prudemment Amon en posant une main sur mon épaule.

Je plongeai immédiatement mes yeux dans les siens, à la fois énervée de sa question et soulagée de voir le bleu habituel de ses iris. Me raccrocher à quelque chose de connu était la dernière chose que je pouvais faire, alors même que je pensais être réellement entrain de devenir folle.

– Je veux sortir... chuchotai-je en essuyant mes yeux du revers de la main.

Une lueur étrange passa dans le regard du garçon aux cheveux blancs.

– OK. OK, on y va. De toute façon on a besoin d'eau, il n'y en a plus.

– C'est vrai ? balbutiai-je en ouvrant grand la bouche d'étonnement.

Dire que j'étais choquée serait un euphémisme. Jamais je n'aurais pensé que ce serait aussi simple de convaincre Amon de mon besoin vital de prendre l'air, et si j'avais su j'aurais essayé bien avant...

– Ouais. On sort chercher des trucs ! dit-il plus fort pour que les deux autres entendent.

Après un moment de négociations où j'avais honteusement laissé Amon parlementer seul contre les deux autres, il avait été décidé que nous pouvions sortir récupérer des provisions. Prune n'était pas spécialement ravie qu'on se sépare en pleine épreuve, mais était d'accord avec le fait que nous avions besoin d'eau. Le premier jour, Amon et elle en avait trouvé dans un placard de la maison avec un peu de nourritures, mais on en manquait cruellement maintenant.