Chapitre 15

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Amon marchait droit devant, sourcils froncés et dents serrées, le corps tendu à l'extrême tant il était concentré. En le regardant davantage, je pouvais remarquer que ses mains étaient prises de légers tressautements, bien qu'elles tiennent fermement son épée acquise récemment.

Je soufflai et agrippai ma hache, la serrant presque contre moi pour me rassurer. C'était fou comme on se sentait deux fois plus fort avec un truc meurtrier dans les bras (même si je n'avais jamais soulevé une hache avant ce jour). Nous avions trouvé ces deux armes peu après être arrivé à nous hisser sur le trottoir, dans un grand sac noir avec une lampe frontale dont Amon s'était équipé.

J'étais encore trempée après notre baignade improvisée, et je grelotais à cause de la fraîcheur de ces souterrains. D'ailleurs il m'était apparu assez rapidement que l'endroit dans lequel nous nous trouvions n'avait rien de banals égouts ; le tout était constitué de grandes galeries sombres, creusées minutieusement de façon à être à peu près sûr que ça ne s'effondre par sur nous. Le sol était en goudron, ce qui me permettait d'épargner mes pieds d'autres souffrances, à mon plus grand bonheur.

Le problème majeur était que les galeries étaient entièrement plongées dans la pénombre. D'où la lampe.

– Amon attends moi, glapis-je en entendant un bruit sourd sur ma droite.

– Bouge Legacy... grogna-t-il alors que je courrais presque pour me coller à son bras droit.

Je le forçais à bouger sa tête, de manière à ce que la lampe accrochée à son front éclaire l'endroit d'où était venu le bruit qui m'avait fait décamper.

– Tu vois ? Y a rien... Arrête de t'en faire.

Je lui pinçais fortement le bras que je m'étais accaparé, histoire qu'il cesse de prendre tout ça avec autant de légèreté. Une peur sourde me prenait les tripes depuis que nous avions atterri ici : je n'avais aucune idée de si Rhymer et Prune étaient bien là, ni si l'épreuve valait toujours pour nous ou si on allait perdre, et je savais encore moins si ces galeries étaient habitées ou non ! Quoi que pour le dernier point, étant donné le sadisme de Trash, j'avais une petite idée sur la réponse. Et ça n'aidait pas les frissons de terreur, qui parcouraient mon corps, à partir. Loin de là.

– J'ai entendu quelque chose ! affirmai-je avec entêtement. Je ne suis pas folle !

Pour ne pas être folle, je ne l'étais pas, mais alors pas du tout. Un second choc, cette fois sur notre gauche, le prouva au monde entier. Amon eut le même réflexe que moi : pivoter violemment la tête de ce côté. Sauf que dans son cas, c'était nettement plus utile vu qu'il avait la lampe... Pourquoi n'y en avait-il qu'une seule ? soupirai-je intérieurement.

La lumière éclaira faiblement le coin voulu, et je me redressai d'un seul coup, les pupilles dilatées par la peur.

– OK, d'accord... marmonna mon partenaire en avisant le... Truc Mutant qui nous faisait face.

Truc Mutant. Il n'y avait pas d'autre mot pour qualifier la bestiole qui se tenait à cinq mètres de moi à peine. Mon cœur s'affola dans ma poitrine, et je serrai encore plus fortement si possible ma hache. Les jointures de mes doigts devaient sûrement être blanches à force, mais ce n'était pas ma préoccupation principale.

Non, ma préoccupation principale était Truc Mutant, lui et ses canines qui faisaient facilement la taille de mon bras. J'entendis Amon déglutir alors que j'étais toujours collée à son bras.

Les yeux rouges (rouges vifs !) qui nous fixaient patiemment me permirent d'établir un plan d'attaque presque parfait :

– AAAAAAAAAAAAAAH ON COURT !

Le Jeu : SurvivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant