Chapitre 22

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– Legacy ? souffla Amon.

– Oui ? marmonnai-je sans quitter des yeux l'horloge qui annonçait le temps restant. Il te reste quatre minutes et trente et une seconde, ajoutai-je, tu devrais te dépêcher Amon !

Je l'avouai, j'étais un chouilla paniquée.

Le garçon détourna ses yeux et observa la cible. Il prit une grande inspiration avant de souffler. En l'observant davantage, je remarquai le léger tremblement qui agitait ses mains.

– En fait je ne sais pas tirer, chuchota-t-il très vite avant d'encocher une flèche.

Mon cœur loupa un battement.

Puis il repartit en battant à mille à l'heure, la peur m'enserrant soudainement tout le corps, au point de sentir mon sang tambouriner sur ma tempe. Je lançai un regard horrifié à Amon.

Comment ça il ne savait pas tirer ?

– Je ne peux pas t'apprendre ! Je sais pas vraiment le faire moi...

Amon me lança un bref coup d'œil. Il restait à peine plus de trois minutes au chrono. Il hocha simplement la tête avant de prendre une posture décidée, et de commencer à viser.

Je déglutis difficilement. Je crois que j'étais complètement affolée.

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Trois minutes plus tard je respirai déjà un peu mieux. A défaut d'avoir brillé par son talent, Amon avait au moins brillé de par sa chance monstrueuse.

Il avait tiré n'importe comment et touché par miracle le rond du huit points avec la première flèche, la deuxième rien certes, mais la troisième avait fini dans le six points.

Je lui sautai au cou, complètement soulagée.

– On a géré ! m'exclamai-je. Ça nous fait vingt-six points en tout !

Amon me réceptionna plus par réflexe qu'autre chose. Il me tenait à bout de bras, l'air de ne pas savoir s'il devait me serrer contre lui ou me repousser.

Il choisit finalement l'option numéro un.

– Vingt-six sur soixante c'est pas terrible mais je suppose que ça va suffire... marmonna-t-il en acquiesçant.

J'hochai vigoureusement la tête, un sourire rassuré aux lèvres, et profitai outrageusement de ce moment dans ses bras. Je me rendis soudainement compte à quel point un contact humain de ce genre m'avait manqué.

Ma famille me manquait. Neri aussi. Toute ma vie d'avant en fait.

Je mordillais mes lèvres pour ne pas me mettre à pleurer. Amon m'aurait sûrement repoussé sinon, et j'avais vraiment besoin de me sentir à l'abri, loin du Jeu et de ses horreurs. Juste une minute de plus. Je le serrai un peu plus fort que nécessaire.

On resta comme ça jusqu'à ce que la voix du président nous sorte de notre léthargie. Amon, qui jusque là avait semblé songeur et pas vraiment présent, me poussa d'un coup en manquant de me faire tomber.

– Sympa... grinçai-je vexée de me faire jeter de la sorte.

Je ne reçus qu'un regard glacial en réponse. Le message était clair, le moment bisounours était terminé.

Je soufflai, ennuyée de ce manque de délicatesse de sa part.

– Bien ! clama Trash dont la voix sortait d'on ne sait où. Je dois vous avouer que je suis assez déçu de vos performances, vous êtes tous moyen. Aucun ne s'est démarqué.

Le Jeu : SurvivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant