Un pied devant l'autre, j'esquivai une pierre un peu trop grosse, et je recommençai. Pied gauche, pied droit, pied gauche...
J'étais complètement absorbée par ma marche, le regard collé au sol. Je ne pensais à rien, et malgré mon observation assidue de mes pieds, j'avais les yeux vitreux. J'aimais bien cette sensation : celle d'être là sans être vraiment présente.
J'avais un peu mal à la tête, un peu faim, et très soif. Chaque membre de mon corps m'envoyait des décharges de douleur. Un soupir s'échappa de ma bouche, j'avais bien peur d'être sûre à cent-dix pourcents que j'étais en vie.
Les pas d'Amon résonnaient dans mes oreilles, il était juste à côté.
Je ne pensais plus au Jeu pour le moment, je crevais juste d'envie de trouver quelque chose à manger, de l'eau, et si possible un coin d'eau qui me permettrait de me baigner. Je n'osais même pas lever un bras de peur de l'odeur qui se dégagerait de mes aisselles. En bref, la seule chose qui me ferait plaisir sur le moment ce serait qu'Amon sorte un immense lac de sous sa manche.
- Heureusement que l'espoir fait vivre, marmonnai-je.
Oui parce que je commençais sérieusement à être en déshydratation, j'étais limite prête à espérer qu'un éléphant rose s'assoit sur Trash si ça pouvait me permettre de tenir encore quelques jours. Même si entre nous je restais assez sceptique quant aux chances que ça arrive.
- Leg ?
Je relevai la tête, surprise de voir que mon très cher partenaire m'adressait la parole. Il avait vraiment trouvé ce fameux lac ?
- Mmhhh ? répondis-je avec diplomatie.
- Tu en penses quoi de tout ça ?
Mon sourcil droit se haussa tout seul, lui non plus ne comprenant pas ce qu'Amon voulait dire par là. Mon regard dû être éloquent car le garçon soupira avant de clarifier sa pensée :
- J'veux dire par ce qui nous arrive, le Jeu, Rhymer, Prune, les montres... Nous... Enfin tout ça quoi ! s'énerva-t-il en ouvrant grand les bras comme pour mettre une image sur son 'tout'.
- Rien du tout, soufflai-je.
Ses yeux bleus me transpercèrent par leur intensité. En langage Amon ça signifiait « Ta réponse ne me va pas du tout, donc dépêche toi de m'en fournir une autre et plus vite que ça ! ».
Je frissonnai légèrement. C'était dingue de voir qu'après tout ce que nous avions vécu ces derniers jours, je flippai toujours autant quand il me regardait comme ça. Parce que c'était de la peur hein, sûrement pas autre chose.
- Y a rien à en penser Amon, grognai-je finalement. On a juste été hyper malchanceux de se faire tirer et on va tous mourir.
Sur ce, je marchais plus vite, pour le distancer et ainsi lui faire comprendre que la discussion était close. Je n'avais aucune espèce d'envie de la continuer, et encore moins de réfléchir à ce que je pensai réellement de son 'tout ça'.
Je devenais folle.
Amon me faisait douter.
Je n'avais jamais eu aussi peur de ma vie.
Et j'allais mourir. C'était une certitude. Sûrement la plus affreuse de mes seize ans d'existence.
L'envie de me rouler en boule et de m'arracher les cheveux ne m'avait jamais autant attirée qu'à cet instant.
Et putain qu'est-ce que ma gorge me brûlait !
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Le Jeu : Survivre
Fiksi IlmiahAprès la Troisième Guerre Mondiale, le monde a bien changé. Seul le pays des Etats-Unis est encore debout, et pour contrôler la population Le Jeu a été créé. Quarante participants. Deux survivants. Une série d'épreuves pour déterminer les plus forts...