Chapitre 2

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- Bouge tes fesses punaise, grogna Amon.

Le garçon que je détestais depuis toujours était en train de me secouer, sûrement pour me forcer à quitter l'estrade sur laquelle nous étions juchés avec trente-huit autres adolescents qui rêveraient de nous voir mort dans moins de deux jours...

Complètement vidée, et toujours en train de pleurer je me laissai faire comme une marionnette. Il m'attrapa un bras et me tira à sa suite sans faire preuve d'aucune douceur ; et j'étais dans un état tellement léthargique que je ne pensai même pas à protester, sachant pertinemment que je n'en aurais jamais la force et qu'Amon ne cherchait qu'à m'aider pour l'instant. Je savais que la vraie Leg l'aurait insulté et se serait débattue comme une furie. Le problème c'était que là, je n'avais même pas l'impression d'être moi-même, c'était comme si j'étais dans un cauchemar particulièrement déplaisant et que j'essayais par tous les moyens possibles de me réveiller...

Sauf que je n'étais pas en train de dormir et que c'était bien la réalité. Ma réalité.

Avec le bras qu'il me restait, j'essuyai rageusement mes larmes, et me mordis violemment l'intérieur de la joue pour ne pas continuer à pleurer. J'essayai de me concentrer sur la pression qu'Amon exerçait sur mon bras droit, ce qui marcha assez vu comment il serrait fort.

- Tu me fais mal crétin ! pleurnichai-je à moitié.

Il me considéra d'un œil surpris, ne s'attendant sûrement pas à ce que je prenne la parole, et encore moins d'une voix chevrotante. D'habitude quand je m'adressai à lui c'était toujours d'un ton dédaigneux et sûr de moi... Il devait me trouver bien pitoyable.

Cette pensée souffla ma peur pour laisser place à la rage d'être dans un état pareil devant des caméras ; le pays tout entier avait pu me voir pleurer comme une faible. Peut-être que j'en étais effectivement une, mais au moins j'aurais pu avoir l'intelligence de pleurer plus tard... J'arrêtai totalement de chougner et lançait mon regard le plus noir à mon partenaire pour me redonner une contenance.

- Ne me regarde pas comme ça ! s'esclaffa-t-il, c'est pas ma faute si t'es un petit bébé !

Pas vraiment l'effet recherché...

- Bon ! Taisez-vous tous ! cracha la voix du président.

Je délaissai Amon pour regarder la personne qui avait eu le malheur de piocher mon nom, je le maudissais d'être tombé sur mon nom même si ce n'était qu'un coup du hasard...

Le garçon soupira et lâcha gentiment mon bras, à mon plus grand bonheur. Tous les autres Choisis nous imitèrent et regardèrent Trash avec crainte. Seuls quelques petits reniflements et sanglots brisaient le silence de la pièce dans laquelle on se trouvait désormais. D'une forme plutôt basique, une grande table trônait au milieu. Le président était assis sur une chaise surélevée de velours rouge, tel une sorte de roi. Aucun d'entre nous, futurs cadavres, ne l'avions imité, et ce n'était pourtant pas les chaises qui manquaient... Disons que les militaires présents à chaque sortie n'aidaient pas à se détendre.

Je jetai un coup d'œil discret à mon partenaire, refusant de le remercier de m'avoir traîné jusqu'ici. Même si je ne l'aimais pas, je préférais que ce soit lui qu'un militaire. Cet imbécile me fit un clin d'œil lorsqu'il remarqua mon regard, et je me détournai immédiatement en soufflant d'énervement.

- Comme vous le savez tous, vous êtes les Choisis de cette année, reprit la voix du président. Comme ce sont les cent-quatre-vingt-dix-neuvièmes Jeux, nous avons décidé de faire une édition spéciale.

Le Jeu : SurvivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant