Le Jeu : Survivre

Chapitre 20

C'était encore un animal.

Evidemment. Personne ne s'était fait d'illusions.

Le plus flippant devait sûrement être que l'animal en question était entièrement et complètement... rose. Rose pétant. Le genre qui attire bien l'œil, et qui vous brule la rétine. Honnêtement, si je regardais le Jeu depuis chez moi, devant mon écran, j'aurais ri. Mais là, en étant actrice et non spectatrice, une drôle d'envie de vomir me prenait les tripes.

Les doigts plantés férocement dans le bras d'Amon, je ne bougeai pas d'un iota. Il avait l'arme. Les larmes au bord des yeux, et l'estomac au bord des lèvres, j'en venais presque à prier pour qu'il y aille et se débrouille tout seul. C'était un grand garçon après tout non ?

Il n'avait pas du tout besoin de moi !

- A...Amon... chouinai-je.

Le lapin géant rose fuchsia avait eu raison de moi. Victoire par abandon. J'en étais au point où j'étais prête à me rouler en boule dans un coin pour pleurer et attendre mille ans s'il le fallait.

- Reste là Leg, murmura mon héros.

S'il le demandait je n'allais pas le contredire ! Mon amour propre était aux abonnés absent pour le moment, par contre la trouille était bien là et ne semblait pas décidée à partir de sitôt.

Amon secoua le bras que j'agrippai, pour m'inciter à le lâcher. Ce que je fis avec difficulté tant j'étais crispée. Dur de laisser partir sa bouée de sauvetage, et d'éviter de couler sans.

Inspire .Expire. Je continuai mon exercice quelques secondes, puis abandonnai en voyant que ça ne marchait pas du tout, et que mon cœur avait toujours l'air de vouloir s'échapper de ma poitrine. Je ne comprenais vraiment pas comment Amon pouvait être aussi calme en ces circonstances.

Je reculai tranquillement (direction la sortie du bâtiment) tandis qu'il avançait, son épée bien en main, droit vers le lapin. L'animal était à deux mètres à gauche du tas d'objets, il n'y avait presque rien dans cette partie de l'immeuble, mis à part cette saloperie de poussière noire qui était partout, et quelques bouts de mur par ci par là. Vide. Voilà le mot qui me venait à l'esprit en observant la pièce. Le lapin rose avait dû sauter depuis l'étage, parce que sinon nous l'aurions repéré bien avant.

Il décida d'ailleurs de s'exprimer, tout en continuant de nous fixer :

- Pink ! Pink !

Je retins un glapissement pas très discret de sortir de ma bouche. Ce lapin rose était vraiment flippant, en plus d'être anormal.

Amon s'approchait de lui, lentement. Je ne savais pas si c'était par peur ou simplement pour réfléchir au moyen de le tuer. Peut-être un peu des deux ?

- Piiiiiiiiiiiiiiiii ! cria le lapin avec une voix horriblement aigüe qui me brisa les tympans.

Puis il bondit (un saut d'au moins dix mètres si ce n'est plus) et regagna l'étage. Je levai immédiatement la tête, pour être sûre de ne pas le perdre de vue, bien que les risques soient assez limités étant donné la couleur de son pelage. Amon resta statique devant moi, il avait aussi levé le nez en l'air et semblait observer les moindres gestes de l'animal.

- Leg ? chuchota-t-il.

- Quoi ? fis-je avec une discrétion à toute épreuve.

Un regard noir me signala de baisser le volume sonore.