Le Jeu : Survivre

Chapitre 17

Je tenais fermement ma hache avec mes deux mains. Hors de question de la laisser tomber alors que les bruits de pas s'intensifiaient au fur et à mesure que le temps passait.

Les yeux fermement bloqués dans la direction d'où venait le bruit, les jambes légèrement pliées pour avoir un bon appui, les dents serrées entre elles à m'en faire mal... Je devais vraiment avoir l'air d'une sauvage prête à tuer le premier intrus qu'elle verrait. Ce qui n'était pas tant que ça éloigné de la vérité au final.

Un bref coup d'œil à ma droite me confirma qu'Amon était dans le même état que moi. La lampe allumée sur son front lui donnait un peu un air de lampadaire, mais il restait suffisamment menaçant à mon goût, avec son visage aussi expressif qu'un mur de pierres.

Il tourna la tête en même temps que moi, et nos regards se croisèrent pendant une seconde.

– On tue les bestioles ?

Une pure question rhétorique, il était évident que nous n'allions pas nous laisser tuer.

– On tue les Trucs Mutants, le corrigeai-je avec détermination.

Les Trucs Mutants. Aussi étrange que ça puisse paraître j'aimais beaucoup ce surnom pour qualifier le singe mutant de tout à l'heure, mais cette fois-ci je ne doutais pas qu'il y en aurait plusieurs. Et qu'ils nous pourchasseraient.

Après le bref échange avec Amon, j'étais encore plus motivée à me servir de ma hache, j'en tremblais presque d'impatience (mais pas trop quand même... ça restait des singes avec des dents qui ressemblaient plus à des sabres qu'autre chose).

– Allez Leg un peu de courage ! murmurai-je pour moi même en essuyant mes mains moites sur ce qui me servait de pantalon.

Mon cœur s'accéléra au moment où je commençais à voir des ombres apparaître devant nous, mes doigts s'agrippèrent encore plus fort qu'avant à la poignée de mon arme, et je fis quelques moulinets avec pour me convaincre que je savais m'en servir. On allait peut-être mourir, ce n'était plus le moment d'hésiter.

Les ombres s'approchèrent de plus en plus jusqu'à ce que je les distingue entièrement. J'écarquillai les yeux de stupeur et manquai de lâcher ma hache.

Pouf. Le visage des deux personnes devant nous me fit comme un effet anesthésiant.

– C'est une blague putain... marmonna Amon en soufflant.

Je ne saurais dire s'il était exaspéré ou soulagé, mais dans mon cas la bulle de stresse dans laquelle je m'étais enfermée depuis qu'on était dans ce souterrain explosa, et je me sentis nettement mieux.
Ce soulagement !

– OH ! Leg et Amon ! Justement on vous cherchait ! pépia Rhymer dix mètres plus loin en agitant les bras comme un fou.

Je laissai échapper un bref sourire ironique en secouant la tête : il croyait qu'on venait faire du tourisme nous peut-être ? Quel idiot...

– Nous aussi ! dis-je tout de même avec le sourire.

Amon me lança un regard de travers avant de grogner des phrases incompréhensibles. J'entendis cependant les mots « con » ; « mort » et « tuer », ce qui n'était pas vraiment rassurant si on rajoutait à ça son regard meurtrier dirigé droit vers Rhymer. Et n'oublions pas qu'Amon avait une épée dans les mains.

Je laissai tomber ma hache et courus dans les bras de Rhymer, à la fois pour empêcher mon partenaire de faire quelque chose qu'il regretterait, et surtout parce que j'étais vraiment heureuse de le revoir. Il me réceptionna tout sourire, et me fis même tourner dans les airs pendant au moins trois secondes avant que je ne lui hurle de me reposer immédiatement.