Chapitre 2

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Chapitre 2 :


Il essayait désespérément de se relever et devinait aisément le sourire sur le visage du brun... Et il détestait ça, se sentir impuissant et faible. Il tremblait, mais cette fois de rage, son corps le lâchait un peu plus à chaque instant et il détestait ça, se sentir minable devant quelqu'un. Il aurait pu en pleurer de colère...

_ « Tu essaies de faire quoi là ? » Demanda Bill. « Parce que là tu fais un peu pitié quand même. Je sais pas si t'es au courant, mais tu étais presque mort en arrivant ici, ton cœur t'avait lâché pour ainsi dire. Tu crois franchement pas que tu vas pouvoir gambader comme ça tout de suite ? Si ? Parce que putain ça voudrait dire que ton cerveau est gravement atteint alors. »

Bill pouvait voir la mâchoire se crisper de Tom et son regard haineux planté dans le sol. Toutefois, il n'avait pas peur, ce jeune homme n'aurait pas pu faire de mal à une mouche à ce moment là et c'était justement ça qui énervait le plus le blond, c'est que tout ce que disait Bill était vrai. Bien sûr l'interne allait trop loin et il le savait aussi, mais c'était plus fort que lui, voir quelqu'un se tuer comme ça, se détruire à petit feu avec une telle merde, ça le bouffait et il ne pouvait pas rester de marbre, même si ne pas s'en mêler aurait sans aucun doute été la meilleure solution pour lui.

_ « Aller c'est bon rallonges toi maintenant. Si tu insistes encore demain matin, je te déposerais moi même sur le parking de cet hôpital et tu pourras aller te défoncer en toute liberté. Pour le moment dors. »

Tom avait sursauté et son visage était on ne peut plus en colère, ou peut-être triste aussi. Bill pouvait être tellement méprisable et parler de façon tellement crue et en même temps c'était tellement vrai. Il se rallongea en tournant directement le dos au brun qu'il détestait déjà au plus haut point, ou alors il se voilait juste la face pour ne pas dire que c'était lui qu'il détestait le plus sur cette terre...

La nuit fut l'une de ses plus calmes, l'une des rares où il pouvait dormir plusieurs heures sans se réveiller une seule fois. La lumière filtrait entre les volets légèrement entrouverts, mais son corps le remis directement à sa place, le lançant de toute part, le tiraillant, lui rappelant l'endroit, le comment, le pourquoi. Il ouvrit les yeux péniblement, les frottants vigoureusement pour retrouver tous ses esprits.

Une habitude, un malaise ou je ne sais quoi d'autre encore, mais son corps se recroquevilla sur lui même, ramenant ses genoux jusque sous son menton, les bras entourant et serrant fort ses jambes. Il se sentait bien et tellement mal à la fois. Son corps était endolori, il ne ressentait pas encore le manque, mais son esprit, lui, ne lui laissait aucun répit. Il devait trouver de l'argent et vite avant que le manque ne l'empêche même de bouger.

Il aurait pu saisir cette chance de s'en sortir, mais il n'était pas conditionné pour ça. Sa plus grande peur n'était pas de mourir d'une overdose, mais de ne pas trouver sa dose. Il ne craignait pas de ne pas s'en sortir car il était déjà foutu. Il avait fait tellement, subit trop, vécu mal pour finalement mourir jeune ? Oui, sûrement. Cela devait être son karma, son destin. Une vie de merde, une fin de merde. Normal non ?

Il se leva difficilement, mais certes mieux qu'il y avait quelques heures, et il ouvrit les volets roulants. Le soleil levant lui éblouit la vue l'espace d'un instant, mais le spectacle ne le laissait pas de marbre. La vue était splendide et le rouge du ciel l'hypnotisait. Il était là, en chemise d'hôpital, debout devant cette fenêtre qu'il n'arrivait pas à lâcher. Sa main se crispait sur cette vitre et son front cogna lourdement sur son poing serré. Peut-être aurait-il préféré mourir finalement...

Il sentait les larmes envahir ses yeux fermés et il avait horreur de ça. Il sentait qu'il allait craquer s'il ne partait pas d'ici très vite. Alors, prit d'une violente pulsion, il enfila ses habits aussi vite qu'il le pouvait et sortit en trombe de sa chambre. Il heurta une infirmière qui se retrouva les fesses par terre, criant légèrement, mais sans plus. Le personnel médical connaissait son dossier, les toxicos étaient prit avec des pincettes à cause de leurs réactions parfois dangereuses, souvent imprévisibles.

IllusionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant