Chapitre 11 :
Les minutes s'écoulaient lentement alors que les deux jeunes hommes restaient collés front contre front. Le souffle chaud de Tom faisait frissonner la peau moite du brun, l'empêchant presque de penser correctement. Son esprit ne reprenait que difficilement place et ses idées restaient vaporeuses, teintées d'un semblant de rêve, voilées par le moment qu'ils venaient de partager.
Tom s'inquiétait pour lui, faisait attention à lui, se souciait de lui, pensait à lui. Un espoir incommensurable prenait lentement mais sûrement place dans sa tête, l'envahissant, le submergeant, l'étouffant. Il ne parvenait à rien distinguer d'autre que cette foutue joie qui l'assaillait. Il ne pouvait s'empêcher de penser que tout ce qu'il avait ressenti depuis le début, depuis le premier jour ou il l'avait rencontré, que tout ceci était peut-être partagé. Il sourit pour lui même, se traitant de crétin fini. Bien sûr que Tom ne l'avait pas apprécié au début, il l'avait même haï, Bill en était persuadé.
Il se rappelait facilement leur première rencontre. Tom sur ce lit d'hôpital, presque mort, blanc comme un linge, les yeux vitreux, le corps presque froid, les cernes marquées et le regard vide. Bill avait beau se le remémorer sous toutes les coutures, il ne comprenait toujours pas comment il avait pu s'y attacher autant. Tom lui avait fait peur, lui montrant la mort trop tôt, lui imposant le malheur brusquement et la souffrance du dreadé lui avait simplement sauté au visage. Peut-être avait-il ressentit de la pitié, ou était-ce autre chose. Même maintenant il l'ignorait. Il s'en moquait également pour tout dire. Il ne voulait pas savoir comment il était arrivé là, pourquoi il s'était acharné à le coller, juste, qu'à cet instant il était bien et ne regrettait rien.
Il colla son corps davantage à celui du blond. Il avait besoin d 'un contact encore plus proche, plus intense, plus fusionnel. Ses souvenirs l'avaient rendu triste et heureux à la fois. La peur de peut-être perdre Tom un jour le paniquait. L'idée qu'il allait déjà mieux le réjouissait. C'était sûrement rien, mais il avait l'impression qu'un pas énorme avait déjà été fait par Tom pour s'en sortir et Bill ne put s'empêcher de sourire.
Les lèvres de Tom semblaient s'étirer pareillement. Bill les distinguaient à peine, les devinaient plus, mais pour une raison obscure, il le savait. Le blond se recula un peu, rougi par la gêne de leur acte passé. Son regard venait de se poser sur le sol sali et il se mordit la lèvre avant de remonter son boxer et son pantalon convenablement sur ses hanches. Le brun n'était guère en meilleure posture et le malaise le gagna lui aussi. Il voulait se rhabiller, mais un détail l'en empêchait et avant même de s'en apercevoir, Tom s'était écarté de lui et lui lançait un torchon qui traînait par là. Bill s'essuya rapidement et tenta de se mettre plus présentable. Leur ébat l'avait laissé moite de sueur et décoiffé.
Le silence les gênait, mais Tom ne le brisa qu'à peine en proposant un café. C'était plus une affirmation qu'une question, Bill ne prit donc pas la peine de répondre et se dirigea à la suite du dreadé vers la cuisine, après avoir sommairement nettoyé le sol.
Bill s'assit sur une chaise, regardant fixement Tom préparer l'eau dans la casserole et la mettre à chauffer. Il ne parvenait même plus à détacher ses yeux de lui. Il était hypnotisé, subjugué et tétanisé à la fois. Les choses allaient peut-être s'avérer plus compliquées maintenant. Il aurait sans doute dû résister, ne pas se laisser faire, mais cela n'avait même pas été un temps soi peu envisagé par son esprit. Il s'était laissé engloutir par le plaisir qu'il avait ressenti, que Tom lui avait donné. Il se demandait encore maintenant si le blond s'en rappellerait, après tout il était sous l'effet de la drogue et peut-être cela n'avait aucune importance pour lui.
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Illusion
RomanceTom et Gustav sont amis depuis longtemps et c'est ensemble qu'ils ont fini par sombrer dans la drogue. Lorsque Bill rentre dans la vie de Tom de façon involontaire, il ne peut déjà plus en ressortir. Il veut l'aider, il s'acharne, il s'accroche. Les...