Chapitre 17

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Chapitre 17 :


Les jours avaient finalement continué à couler lentement après ça. Le temps filait et rien ne changeait vraiment, en mieux ou en pire, tout était pareil à quelques détails près. Bill et Tom étaient maintenant officiellement ensemble. Le dreadé ne le disait pas, mais faisait amplement comprendre à Bill tout l'amour qu'il avait pour lui. Ils ne parlaient pas de Gustav, ils ne parlaient pas non plus d'argent. Bill était de plus en plus fatigué à cause de ses boulots qu'il cumulait pour payer les cours de guitare, en plus de ses factures et tout ce qu'il pouvait avoir à payer de son côté. Ils se voyaient autant qu'ils pouvaient, entre les cours, le boulot, les besoins de Tom. La vie n'avait rien de facile, mais devenait plus douce pour le blond. Il ne se sentait pas mieux, avait toujours autant besoin de ses doses, mais il se sentait et se savait maintenant différent. Pour la première fois il aimait réellement et était aimé réellement pour ce qu'il était. Il se prenait à aimer vivre une vie banale avec Bill. Les courses, les soirées tranquilles devant la télé, les balades en amoureux, tout lui paraissait plus intéressant avec le brun.

Trois semaines s'étaient écoulées ainsi, calmement. Tom tentait de prendre le minimum de doses, mais de temps en temps, il ne pouvait juste pas refréner ses pulsions. Dans ces cas là, Bill restait sans nouvelles de lui pendant plusieurs heures. Il s'inquiétait, mais ne pouvait guère faire plus. Alors il attendait patiemment. Lorsque Tom rentrait, ni l'un ni l'autre n'abordait le sujet. Le dreadé était mal à l'aise et le brun triste. Cependant, ils essayaient rapidement de passer à autre chose.

Ils faisaient l'amour souvent, avec passion et tendresse. La vie n'avait rien de rose pour eux, mais elle était teintée de temps en temps de petites touches de couleurs qui leur convenaient plutôt pas mal pour le moment. Bill aurait bien sûr aimé plus, mais se contentait de ce que Tom pouvait lui accorder pour l'instant.

Tom, avec les changements récents apparus dans sa vie, commençait réellement à avoir du mal à accepter l'argent de Bill. Il était tiraillé entre son besoin constant d'en avoir, et le remord de le recevoir de son petit ami. Officiellement c'était pour les cours, mais cela ne changeait pas grand chose à son problème. Il se laissait entretenir et plus le temps passait et plus il détestait cela sans pouvoir trouver de solution pour y réchapper. Il se savait incapable de trouver un travail normal pour le moment et l'idée de devoir refréquenter des types comme Georg lui était juste insupportable. Il se demandait bien sûr ou Bill pouvait bien trouver tout cet argent, mais était trop lâche pour avoir envie de réellement ouvrir les yeux. Il se détestait pour ça, en plus de tout le reste.


§§§


La journée avait été longue, mais Tom avait réussi à aller à une bonne partie des cours. Il avait mangé avec Bill le soir et puis ils s'étaient séparés pour faire ce dont ils avaient besoin chacun de leur côté. Dans ces cas là, personne ne posait de question.

Il était déjà tard quand Tom entendit des petits coups frappés à sa porte. Il n'eut aucun mal à reconnaître la façon de faire du brun et sourit pour lui même en allant ouvrir. Il était légèrement stone, mais rien de bien méchant. Il regarda Bill un instant sans faire le moindre geste, le sourire aux lèvres et Bill dû se racler la gorge pour enfin se faire inviter à entrer.

Le brun s'engouffra dans le petit appartement après avoir salué d'un petit bisou le maître des lieux, mais Tom ne fut pas du même avis. Il lui attrapa les hanches pour le ramener à lui et commença un baiser passionné. Bill se retrouva coincé entre un corps chaud et un mur froid, caressé par des mains avides et embrassé par une bouche amoureuse. Il sentit ses jambes trembler alors qu'il commençait à s'exciter totalement, mais ils sursautèrent tous les deux en entendant un bruit. Bill avait juste lâché ce qu'il tenait dans sa main, sa guitare. Il avait presque oublié le pourquoi de sa visite. Il se ressaisit en se raclant la gorge.

« Hum, on commence ? » Demanda t-il en repoussant légèrement le dreadé de contre lui.

Tom resta un instant à regarder l'étui de la guitare avec étonnement. Bill était-il en train de le repousser pour un cours ?

« Pas ce soir » Répondit simplement le blond tout en recommençant à embrasser le brun.

Il n'était pas d'humeur à jouer de la guitare. Il voulait juste être dans les bras du brun à le couvrir de baiser, et peut-être un peu plus. Il voulait être doux, il voulait un moment tendre et calme. Il voulait juste être avec Bill de la plus simple des manières.

Ce qui arriva ensuite, il ne le comprit pas tout de suite. Il réalisa juste qu'à ce moment, à peine dix minutes après l'arrivée de Bill, ils étaient à s'engueuler comme des malades pour un cours de guitare. Bill voulant absolument ce foutu cours, Tom voulant vraisemblablement autre chose. Le ton montait et les langues se déliaient dangereusement. Avant même de s'en rendre compte, Bill avait craché tout ce qu'il ne voulait pas que Tom apprenne.

« Putain mais tu comprends que dalle ma parole ! Tu crois que j'ai envie de te savoir encore avec ce connard de Georg à te faire violer comme une pute tout ça pour une dose. Mais merde Tom, réveille toi bon dieu. »

Bill avait les yeux écarquillés alors qu'il réalisait ce qu'il venait de balancer au visage du blond. Il tendit la main vers Tom en se rapprochant de lui, le regard désolé et les lèvres tremblantes. Il voulait tellement que rien de tout ça ne se soit passé. Il aurait dû lâcher l'affaire plus tôt, mais il était fatigué. Il avait travaillé tard pour gagner cet argent et il n'avait pas pu se dire que Tom n'en voulait pas.

Tom claqua violemment la main du brun pour la repousser et recula en même temps. Bill ne savait pas trop ce qu'il devait comprendre dans ses yeux, mais il était sûr qu'il n'aimait pas ce regard.

« Je voulais pas dire ça, je suis déso... »
« Mais tu l'as dit ! »
« Je... Écoute..»
« Je crois qu'il vaudrait mieux que tu t'en ailles Bill »

Le brun tenta quelques minutes de se faire pardonner et faire changer d'avis Tom, mais rien n'y fut. Le dreadé était beaucoup trop énervé pour pouvoir être raisonné ou quoi que ce soit d'autre. Bill laissa juste tomber. Il partit la tête baissée et les mains dans les poches, incertain de ce que l'avenir allait lui apporter. Ou lui enlever...

Le lendemain, Bill resta la journée entière chez lui, allongé sur son canapé à ressasser tout ce qui c'était passé ces derniers mois. Il aimait Tom à la folie, c'était plus qu'une évidence, mais il n'arrivait pas à l'aider. Malgré tout ce qu'il pouvait tenter, rien n'y changeait. L'autre évidence dans toute cette histoire, celle qu'il ne voulait pas voir, était qu'il se ruinait également la santé, aussi bien physique que morale. S'il avait été un peu plus malin depuis le début, il serait partit. Il aurait pris ses jambes à son cou et aurait déguerpi aussi vite que possible. Cependant, il était juste trop tard pour y changer quoi que ce soit.

Il espérait patiemment entendre les coups contre la porte, ou la sonnerie de son téléphone, ou n'importe quoi d'autre qui impliquerait que Tom était là ou qu'il pensait à lui. Il dû se l'avouer amèrement lorsqu'il regarda sa montre alors que la nuit était tombée dehors, Tom n'allait pas lui pardonner aussi vite.

Ce soir là, Bill avait été loin de penser qu'il ne reverrait pas Tom pendant de très longues journées.


§§§


Bill était dans la salle de cours, mais n'écoutait plus depuis longtemps son professeur parler. Il n'était même plus sûr de quelle matière il enseignait. Il s'en moquait royalement en fait. Il ne parvenait qu'à penser à Tom et cela lui prenait tout son temps, toute sa tête. Tous les jours depuis une semaine il passait chez le dreadé pour voir si celui-ci n'avait pas refait surface, mais il ne pouvait que pleurer de tristesse devant le porte qui restait désespérément close et cet appartement silencieux. Il en devenait dingue, complètement malade de tourner en rond à attendre. Il n'était même pas sûr que Tom ne revienne un jour. Il ne savait même pas s'il était toujours de ce monde, mais cela il refusait catégoriquement d'y penser.

Il ne savait pas quoi faire, où le chercher, qui appeler, comment le trouver. Le seul qui aurait pu l'aider était Gustav, mais même lui était introuvable. Bill sentait son monde s'effriter, se fissurer et finalement se briser complètement. Il n'avait plus pied. Il se noyait dans la solitude que Tom lui imposait. Il ne dormait qu'à peine, ne mangeait presque plus et c'était à peine s'il respirait.

Le dimanche arriva et il ne bougea pas de toute la journée, restant emmitouflé dans son épaisse couette, les yeux fixant distraitement la fenêtre. Il voulait juste rester là et ne rien faire, ruminer son chagrin lui semblait une bonne occupation pour le restant de ses jours. Cependant, pour une raison qu'il n'arrivait pas à s'expliquer, il se sentit obliger de s'habiller et ce fut presque en courant qu'il se rendit vers l'appartement de Tom. Il faisait presque nuit et les lumières de la ville s'allumaient alors que le brun pénétra dans l'enceinte de l'immeuble. Il était essoufflé mais ne cessa de courir que lorsqu'il fut devant la porte entre ouverte du dreadé. Là, il cessa juste de respirer.

Il était persuadé qu'il allait faire une crise cardiaque tellement il se sentait mal et que son cœur le tiraillait. Il ne lui donnait pas suffisamment d'oxygène après la course qu'il venait de faire, mais si c'était une illusion, il ne voulait pas se réveiller. Il se mordillait les lèvres nerveusement, plus par peur que ce ne soit pas Tom que par l'angoisse de le revoir dans un quelconque état.

Il souffla un coup avant de pousser la porte qui grinça légèrement. Rien n'avait vraiment changé dans l'appartement, il était toujours aussi vide et triste. Il y avait peut-être un peu de bazar, mais rien qui pourrait paraître étrange. Tom n'était pas une fée du logis après tout. Bill sentait son cœur cogner très fort contre sa poitrine, jusqu'à aller martyriser ses tempes. Il avait l'impression qu'à chaque fois qu'il posait le pied par terre, qu'on lui frappait le crâne avec un marteau et il aurait voulut juste s'allonger là et ne plus penser à rien pour que cela passe.

Il regarda rapidement dans la cuisine, la salle de bain et le salon. Il n'y avait rien, ni personne, hormis une tasse de café froid sur la table. Il se dirigea vers la chambre, pas vraiment sûr de vouloir aller vérifier. Il avait peur. Peur de ne pas y trouver Tom, ou peur de le trouver mort.

Il s'arrêta un moment devant la porte, baissant la tête et fermant les yeux. Il aurait tellement aimé être quelqu'un de fort et de courageux, ou quelqu'un de tellement plus censé. Mais il n'était que lui et il fallait qu'il fasse avec. Sa main tremblait, mais il n'avait pas froid. Il était juste complètement tétanisé. La poignée de la porte lui sembla gelé, ou peut-être était-ce lui qui était brûlant.

Il ouvrit la porte sans pour autant relever la tête pour regarder. Il gardait les yeux fortement clos, lui faisant voir des milliers de points blancs. Lorsqu'il entendit un gémissement, il sursauta et le vit. Tom était bien là, chez lui, dans son lit. Cependant Bill n'arrivait pas à être heureux, sûrement à cause de cette seringue à ses côté.

Le brun porta son poing devant sa bouche et le mordit pour ne pas crier. Il était seulement déçu, vexé, dégoûté, peiné et tellement plus encore. Les larmes coulaient toutes seules sur ses joues et il ne pouvait pas retenir les sanglots qui faisaient se convulser tout son corps. Il s'en voulait. Il en voulait à Tom. Il en voulait à la terre entière. Tout lui échappait pour le peu qu'il avait contrôlé. Il en avait marre. Il en avait assez, mais il savait parfaitement qu'il ne lâcherait rien, qu'il ne laisserait pas Tom là où il était... Pas seul en tout cas.




A suivre...

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