chapitre 13

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Chapitre 13 :


Ils finirent de manger rapidement et Bill ne pouvait s'empêcher de regarder Tom avec un brin de fierté dans les yeux. Il avait su dégager ce Georg d'une telle manière, avec indifférence, c'était tellement pire que de lui mettre une raclée. Le dreadé lui, était toujours soucieux. Il ne cessait de s'inquiéter pour Gus de manière incontrôlée. Il n'osait imaginer le pire, mais seuls les scénarios noirs lui venaient en tête. Avant même d'avoir fini de manger, Bill lui proposa d'aller chercher leur ami tout de suite, ne supportant pas la souffrance de Tom, et pour tout dire, s'inquiétant énormément lui aussi. D'un simple regard ils se comprirent et se levèrent en même temps, se dirigeant déjà vers la sortie. Le brun ne séchait que rarement les cours, mais ma foi, il avait une bonne raison aujourd'hui. Il avait le même mauvais pressentiment que Tom et cela valait toutes les excuses du monde. Il voulait juste vérifier qu'il se trompait.


Ils marchaient silencieusement vers l'appartement de leur ami, aucun n'osant prononcer le moindre mot, tous deux se perdant dans leurs pensées. Bill pouvait distinguer le tremblement que provoquait l'angoisse sur le corps du dreadé, mais il ne pouvait rien n'y faire. Il ne se sentait pas assez fort pour le rassurer alors que lui-même n'était pas sûr de ne pas trembler de manière identique. Le vent était encore froid malgré le début de l'été, mais les journées commençaient à rallonger. Le ciel avait cette teinte rouge orangée significative de beau temps, mais ni l'un ni l'autre ne réussissait à l'apprécier.


Ils pénétraient dans l'ascenseur et ne se regardaient toujours pas, Tom avait même la tête baissée et les yeux fermés. Il flippait. Plus qu'il n'avait jamais flippé pour personne, plus qu'il n'avait jamais flippé pour lui-même. Il essayait de calmer les battements de son cœur en respirant profondément, mais sursauta lorsque l'ascenseur s'arrêta. Les portes s'ouvraient mais il n'arrivait pas à bouger, se sentant collé, attaché, fixé au sol. Bill le regarda un court moment et fini par lui prendre la main et quand leurs yeux se croisèrent, ils reflétaient la même crainte. Ils n'avaient pas besoin de parler pour savoir ce que l'autre pensait, leurs esprits étant irrémédiablement focalisés sur la même issue fataliste.


Ce fut Bill qui frappa à la porte. Rien. Tom commença à s'acharner sur la sonnette. Rien. Il sortit frénétiquement les clefs de sa poche et, les mains tremblantes, ouvrit difficilement la porte d'entrée. Son premier réflexe fut de respirer profondément. Aucune odeur suspecte, c'était déjà ça. Ils se séparèrent pour explorer lentement le logement, espérant cruellement ne rien trouver. Tom commença par la cuisine. Elle était parfaitement bien rangée, nickel et pas que cela soit extraordinaire, ce n'était pas non plus comme si Gus était partit à la va vite en laissant tout en plan derrière lui. Bill était dans le salon, rien n'y traînait non plus. Ils se retrouvèrent à l'instant où Tom ouvrait la porte de la chambre. La pièce était rangée également, le lit fait et aucun vêtements éparpillés. Gus semblait avoir fait un ménage soigné avant de partir la dernière fois.


Pour une raison qu'il ne comprenait pas, Tom alla inspecter l'armoire. Il l'ouvrit doucement comme épouvanté de voir quelque chose lui sauter au visage, mais ce fut sûrement bien pire encore. Son teint devint blanc quand il réalisa et ses doigts restaient crispés contre les portes ouvertes. Gus l'avait lâché. Gus était partit et tout son monde s'écroulait à cet instant.


Bill voyait Tom s'effondrer un peu plus à chaque seconde, il le pensait sur le point de pleurer, mais au lieu de cela le blond ferma violemment la porte de cette armoire et se retourna rapidement, prêt à partir de cet appart où il n'avait plus rien à faire à présent. Le brun avait sursauté, tous ses poils s'étant hérissés sur son corps alors que la porte s'était écrasée contre le montant entre ouverte aussi vite dans un fracas épouvantable. Tom avait crié, contre lui-même, contre Gus, contre tout le monde, injuriant et frappant le mur au passage.

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