Chapitre 1

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Chapitre 1

«Elle était triste et joyeuse à la fois, un doux mélange de lune et de soleil.»

Tout le monde à le regard rivé sur cette étrange fille, aux côtés d'un garçon à la musculature très développée.

Personne ne parle, personne ne bouge. Il n'y a que la musique en bruit de fond.

La nouvelle est appuyée contre son ami, et mâche un chewing-gum. Ses yeux sont maquillés de marron et d'or et se baladent sur chacun de nos visages.

Elle lève le bras et je remarque une cigarette, coincée entre ses doigts. Elle la porte à ses lèvres colorées en violet très foncé et inspire longuement avant de recracher lentement la fumée. 

Son regard est glacial, tranchant. Et sa bouche s'étire en un petit rictus moqueur. Ses longs cheveux tombent en cascade sur ses épaules dénudées.

– Elle n'a pas l'air sympa, chuchote Agathe dans mon oreille

J'hoche la tête. C'est vrai. Elle semble aussi chaleureuse qu'une brique. Brennan la détaille longuement. Il lorgne ses longues jambes bronzées et remonte vers sa poitrine mise en valeur dans un haut de bikini blanc.

Elle se tourne vers son ami et j'observe ses lèvres bouger. Il haussent les épaules et tout deux font demi tour et s'éloignent. Elle tourne une dernière fois la tête et fait une bulle avec son chewing-gum, les yeux rivés dans ceux d'Agathe. Puis elle jette son mégot dans le sable et rejoins le grand brun en quelques foulées légères.

C'est seulement une fois qu'ils ont disparu totalement que les commentaires fusent de toutes parts.

– Non mais tu as vu comme elle m'a regardée ? s'exclame Agathe. En plus, elle a jeté sa cigarette dans le sable, c'est dégoûtant, ajoute-t-elle en retroussant son petit nez.

Je la repousse légèrement et sors de l'eau. Je retrouve Brennan, les yeux toujours plantés dans le vague, à l'endroit où se trouvait la nouvelle fille.

Je secoue ma main devant mes yeux et rit doucement.

– Tu vas t'en remettre ? je demande.

– Tu as vu comme elle était sexy ?

J'acquiesce. C'est vrai qu'elle était particulièrement attirante, bien qu'un peu provocante.

– Plus personne n'osait parler. Un phénomène, je constate.

– Ça tu l'as dit, mon pote ! J'arrive pas à croire que cette bombe vienne dans notre petite ville minable.

Je secoue la tête.

– Elle n'est pas minable. Elle est juste très petite.

Il lève les yeux au ciel et fini son verre de soda d'une traite.

– Oh, je t'en prie Caleb. On est vingt par classe et il n'y a qu'une supérette. Alors petite ville, c'est peu de le dire.

Agathe arrive, et elle à l'air folle de rage

– Regarde ! s'exclame-t-elle en brandissant le mégot plein de sable. Comment ose-t-elle le jeter où elle veut ? Ce n'est pas chez elle, ici. Ce sont les terres de mon père.

Brennan se racle la gorge et intervient. 

– Tu sais, je crois qu'elle s'en fiche royalement. De toute façon, elle est partie.

Agathe soupire et pose sa tête son mon épaule. Je passe un bras autour de sa taille. Tout le monde dit qu'elle est folle de moi. J'ai peine à y croire. Elle est très proche de tout les garçons. Il faut dire que elle aussi, elle est très attirante.

– D'ailleurs, qu'est-ce qu'elle à dit à son ami body-buildé ? 

– Hum, réfléchit Brennan. Quelque chose comme "Viens, c'est naze ici. On se tire." Et après, elle est partie. C'est dommage, constate-t-il en haussant les épaules, je l'aurais bien admirée un peu plus longtemps.

Je lève les yeux au ciel. Brennan est toujours à l'affût d'une potentielle petite-amie. Mais il ne semble pas avoir remarqué que la nouvelle était accompagnée d'un autre. Et que ce dernier n'avait pas l'air d'être du genre à rigoler.

– Bon, s'exclame Agathe en soufflant. Moi, ça m'énerve de parler d'elle. On ne l'a connaît même pas de toute façon. Je vais changer la musique.

Elle s'éloigne jusqu'à la sono en de grandes enjambées. Pendant une dizaine de minutes, elle n'était pas au centre de l'attention, et elle déteste ça. Alors si la nouvelle se retrouve dans notre classe, cela promet quelques étincelles, et pas mal de rebondissement.

Mais je crois que c'est tout ce dont j'ai besoin dans la vie : du rebondissement.

🚬

Lorsque je pousse la porte de chez moi, peu après la soirée, ma mère me lance un drôle de regard.

– Où étais tu ?

– Au lac. Avec mes amis.

– Tu as vu l'heure qu'il est ?

Je soupire et m'excuse. C'est vrai qu'il est plus tard que d'habitude. Mais j'ai dû aider Agathe à ranger les tables et à charger les enceintes pour la musique dans mon 4x4 avant de les déposer chez moi. Un vrai périple.

– Comment était ta journée ? me demande mon père en débarquant dans le salon, ses lunettes grises à montures métalliques chaussées sur son nez.

– Ça allait. Il y a une nouvelle au lycée.

Ma mère lâché précipitamment la fourchette qu'elle tenait dans la main. Je sais que c'est surprenant, surtout dans notre ville. Mais de là à en faire tomber la vaisselle, n'exagérons rien. Ma mère ajoute toujours un côté dramatique à tout.

– Ne dis pas de bêtise, Caleb.

Je soupire. Elle ne me croit jamais. Elle veut toujours être la première à découvrir les choses pour ensuite les transformer en une information croustillante qu'elle pourra servir à ses amies. Je déteste lorsqu'elle croit que je mens. Surtout lorsque ce n'est pas le cas.

Mon père est déjà retourné dans son bureau. Il travaille beaucoup en ce moment, même si je ne vois pas tellement la différence mis à part qu'il est absent à la plupart des dîners.

– Vas faire tes devoirs. On mange dans une demi-heure.

Je monte rapidement dans ma chambre et me laisse tomber sur mon lit. Je suis exténué. Je jette un coup d'œil au thermomètre sur le bord de la fenêtre. Il fait encore 26°C. J'ai l'impression que la chaleur persiste même la nuit.

Je n'ai plus d'énergie. J'ai juste une envie : m'entourer de glaçon et ne plus bouger.

Mon téléphone vibre dans ma poche. Je l'en extirpe et hausse les sourcils. C'est un message de Brennan. Dénué de sens.

Alyssa Palmer

Coney Island Queen ♚ - [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant