Coney Island Queen ♚ - [TERMINÉE]

Chapitre 15

Je crois que c'est au moment où je lui ai avoué la manière dont je la percevais que les choses ont changées. Tout est devenu beaucoup plus limpide dans mon esprit. J'ai compris des choses que je ne saisissais pas avant. C'est étonnant comme une simple personne peut changer votre façon de percevoir le monde.

- Tu ne parles jamais de ta famille, remarqué-je tout en marchant le long des vagues.

Une fois de plus, nous nous sommes retrouvés sur la plage, mais elle tenait à marcher. Alors nous voilà, les pieds dans les sables, l'eau nous chatouillant les chevilles, et son bras frôlant le mien au rythme de ses pas.

- Je n'aime pas en parler. En fait, je n'ai pas vraiment de famille. Il me reste mon père, c'est tout.

- Bien. Parle-moi de lui, alors.

Elle inspire un bon coup et sourit tristement. Je ne fais pas ça pour lui faire du mal. Je veux juste en savoir plus sur elle. J'ai besoin d'entendre cette voix chargée d'émotion que je perçois parfois, comme une brèche qui s'ouvrirait en elle.

- C'est un homme brillant. Mais personne ne le voit comme tel, en vérité. Il est... différent.

Je fronce les sourcils, dans l'attente de plus de détails.

- Attends, assied-toi avec moi.

Elle me tire par le bras vers le sol et je cède à sa poigne. Je prends place à côté d'elle, plus près que d'habitude.

- Il a fait de la prison. Plusieurs fois, pour plusieurs raisons. Mais ce n'est pas un voleur, ou un criminel. C'est juste que... il a compris certaine chose de la vie et sa vision sur le monde a changé.

Elle jette ses longs cheveux derrière son épaule et rigole nerveusement.

- Qu'est-ce que j'ai soif, bon sang. Qu'est-ce que tu dirais d'aller acheter quelques bières ?

Je me crispe et penche la tête.

- Merde. J'avais oublié, s'exclame-t-elle.

- Quoi ?

- Tu ne bois pas. Désolée.

Je pose ma main sur son bras et la rassure calmement.

- Ce n'est rien. Je peux t'accompagner, si tu veux. Mais à cette heure-là, toutes les épiceries sont fermées.

Ses épaules s'affaissent et elle soupire bruyamment.

- Merde, répète-t-elle.

Je pouffe de rire. J'ai raison : elle ne peut pas s'empêcher de toujours dire des gros mots. Et bizarrement, ça ne fait pas d'elle une fille nonchalante ou grossière. C'est limite vulgaire, c'est magique dans sa bouche.

- Est-ce que ça te dérange si on va chez moi ?

Je secoue la tête négativement. Encore une étape à découvrir chez elle.

- Finis toi histoire, avant, je déclare, impatient d'en savoir plus.

- Eh bien... c'est un peu bête de le dire de cette manière, mais il a toujours été mon modèle dans la vie. Je le remercie pour m'avoir enseigné toutes les choses qu'il savait.

- Hum... dis-je seulement. Je comprends.

Elle me sourit et je ne peux empêcher mon regard de glisser vers sa jolie bouche.

- A quoi tu penses ? dit-elle en posant sa tête sur mon épaule.

Je n'ose plus faire un mouvement de peur qu'elle ne bouge.