Chapitre 9

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Note importante en fin de chapitre. Lisez svp

Chapitre 9

«Ça la rendait folle, de voir que le temps dévastait tout et que rien ne pouvait l'arrêter

J'ai cru qu'elle dormait. Mais en fait, c'était seulement la fille la plus silencieuse que je n'ai jamais rencontrée. Et bizarrement, son silence, à la différence de celui de ma mère, ne me dérangeais pas. Il m'apaisait.

J'avais des millions de question au bout des lèvres, et j'avais besoin de toutes les réponses qui y étaient associées.

Mais c'était comme tenir une goutte d'eau au creux de ses mains et avoir la maladie de Parkinson. C'était comme mettre une pépite d'or sous un bulldozer et s'attendre à la retrouver dans le même état.

– Je sais que t'as envie de me poser des tas de questions, déclare-t-elle au bout d'un certain temps.

Elle s'amuse à faire passer le sable fin entre ses longs doigts.

– C'est vrai. C'est juste que je ne sais pas par où commencer.

Elle tourne la tête et me détaille longuement. Elle est tellement différente des filles de la ville. Je ne sais pas vraiment en quoi, mais elle n'est pas pareille. Elle a quelque chose en plus, et plein d'autres choses en moins.

– Bon, alors euh... Commençons par le début. Où est-ce que tu habitais avant de venir ici ?

Elle ricane et pose sa tête contre mon épaule.

– Je vivais avec mon père, à Coney Island.

– Et ta mère ? Tu ne vis pas avec elle ?

Elle secoue ses longs cheveux et fixe l'horizon.

– Je ne l'ai jamais connu. Enfin, elle est partie lorsque j'avais quatre ans, environ. Alors je n'ai pas de souvenirs.

– Et pourquoi est-ce qu'elle est partie ?

Ma question doit la mettre mal à l'aise puisqu'elle pince les lèvres et ne répond pas.

– Tu ne veux pas me dire ? insisté-je.

– Non. C'est en dehors de ma limite de partage.

Je fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'elle raconte ?

– Pardon ?

– La Limite de partage. Jusqu'où je suis capable de me confier à toi. Après cette limite, c'est personnel, et ça ne regarde que moi.

J'acquiesce et réfléchie à une nouvelle question.

– Pourquoi est-ce que tu as déménagé ?

– Hum... hésite-t-elle. Crois-moi, tu ne veux pas vraiment le savoir.

D'accord. Si elle le dit. Je n'ai qu'à passer à une autre question. J'ai l'impression que si je ne les lui pose pas toutes, elles me brûleront la langue.

– Est-ce que les gens de Coney Island te manquent ?

Elle penche la tête sur le côté et son regard se pose sur ses pieds, enfouis dans le sable. L'eau les recouvrent au gré des vagues, laissant un trait d'écume semblable à de la mousse.

– Mon père me manque, surtout. Et un peu mes amis. Surtout Doug.

– Doug ?

– C'est le type super musclé qui m'a déposé au lycée, la dernière fois.

Je réfléchis deux minutes. Ah oui, ça me revient. C'est aussi celui qui l'accompagnait lorsqu'elle s'est pointée à la fête d'Agathe et que celle-ci était furieuse de devoir ramasser son mégot dans le sable.

– Je me souviens. C'est ton petit-ami qui fume.

Elle explose de rire et j'écarte les bras en signe d'innocence.

– Ben quoi ?

– Ce n'est pas mon petit-ami. C'est juste un ami, mon meilleure pote, si tu préfères.

Je souris. Suis-je bête, parfois, de tirer des conclusions aussi hâtives.

– Tu n'as pas à t'en faire, je suis sur que tu les reverras.

Elle pouffe et lève les yeux au ciel.

– Bien sûr que je les reverrais, Caleb. Je ne compte pas rester là.

L'incompréhension prend place dans mon corps. Tout le monde qui s'est installé dans notre ville n'en a plus jamais bougé. Pourquoi est-ce qu'elle voudrait changer quelque chose à cela ?

– Tu veux déjà retourner à Coney Island ? Pour y faire quoi ?

Elle fait une moue dubitative et pose un doigt sur son menton.

– Laisse-moi deviner, Caleb. Peut-être pour retrouver mon père ? Et peut-être aussi parce que je resterais dans cette ville miteuse le moins longtemps possible. Crois-moi, dans trois semaines, je serais partie.

À mon tour de lever les yeux au ciel. Je déteste son petit côté supérieur, comme si sa ville natale était beaucoup mieux que la mienne et qu'il n'était pas bon d'y mettre les pieds.

– À quoi ça servait, alors, de venir ici si c'est pour y rester un mois ?

Elle souffle bruyamment et se tourne vers moi, un air rageur dans les yeux.

– J'ai mon cota de question pour la soirée, Caleb. En plus, t'as largement dépassé ma Limite de partage.

Je râle et tente de la retenir mais elle se lève et s'éloigne rapidement.

– Alyssa ! Attends, crié-je en me levant à mon tour.

Je lui cours après mais elle est beaucoup plus rapide que moi.

Lorsque j'arrive en dehors du petit chemin qui mène à la plage, elle est déjà loin devant sur la route bitumée. Elle marche encore au milieu de la route, et semble entourée d'une aura lumineuse.

Encore une fois, je ne peux m'empêcher de la comparer avec un ange.

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Chapitre court, je sais. Il ne faut pas vous attendre à lire des pavés à chaque chapitre. En fait, c'est plutôt aléatoire. La longueur variera selon un ordre totalement hasardeux.

Ce n'est pas un roman qui est basé sur une histoire précise et montée autour d'un sujet complexe. C'est seulement une petite histoire que j'écris lorsque j'ai le temps et qui est centrée premièrement autour des ressentis de chaque personnages.

Caleb est un peu perdu, pas très sur de lui.

Alyssa est sure d'elle, mais traîne sa tristesse comme un prisonnier traîne son boulet.

Voilà l'essence de mon écriture.

Alors je vous conseille de lire cette petite histoire lorsque vous avez le temps, dans le bus ou aux toilettes, peu importe (😂). Mais vous pouvez avant tout la voir comme un passe-temps et une espèce de pause dans le présent.

Bonne lecture pour la suite.

Et merci à vous de vous aventurez ici ❤️

Coney Island Queen ♚ - [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant