Chapitre 12

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Ca y est. Il est la. Il est 11 heures et il est le premier arrivé au brunch.
Il se tient devant moi sur le pas de la porte que je viens de lui ouvrir, avec un grand sourire légèrement plus relevé du côté droit et des fossettes toujours plus profondes. Il porte une chemise à manches courtes largement ouverte sur son torse tatoué. Alors que mes yeux examinent les deux hirondelles d'encre noire qui dépassent de sa chemise, il s'avance vers vers moi pour me prendre dans ses bras.
Je ne m'attendais pas à ça. Vraiment.

Salut, comment va ta cheville?

Son ton est joyeux, il semble d'excellente humeur. Contrairement à moi, qui ait passé la moitié de ma nuit à regarder les photos de moi qui circulaient, de plus en plus nombreuses, sur Twitter. Est-ce qu'il est au courant? Je pense, oui.
L'inverse ma paraît invraisemblable.

Salut, euh ça va. Karen est dans le jardin. Tu es le premier.

Cette fois, il fronce les sourcils et scrute mon visage. Je déteste ça. J'ai horreur de me sentir observée, detailée.

Quelque chose ne va pas?

Quoi? Comment peut-il me poser cette question? Des photos de moi me faisant passer pour sa petite amie avec des commentaires haineux circulent sur internet. Bien sûr que ça ne va pas! Ou alors, il n'est pas au courant? Alors que j'ouvre la bouche pour lui répondre, un couple arrive derrière lui. Il entre pour leur laisser la place et se dirige vers l'arrière de la maison.

Bonjour!

J'accueille le plus chaleureusement possible les invités, en me présentant, pour ceux qui ne me connaisse pas. J'avoue que la chaleur humaine n'est pas ma spécialité. Mais je fais de mon mieux.

Après avoir discuté avec bon nombre de personnes toutes plus riches les unes que les autres, je décide d'aller voir Smith et Nelson, car, après tout, je suis ici en grande partie pour m'occuper d'eux. Et cela m'évite de faire la conversation à une styliste hautaine ou à un grand patron intimidant.
Alors que j'essaie tant bien que mal de jouer aux voitures avec les deux petits blondinets à qui je tiens compagnie j'entends un léger rire derrière moi. Je me retourne en lâchant ma voiture et découvre Harry, les yeux brillant d'amusement. Je reconnais que mon "vroum vroum" n'était pas très convaincant.

Hé! Tu es garée en plein milieu de la route!

La voix fluette de Nelson me fait sursauter. Cette fois, Harry ne cherche même plus à être discret et explose de rire en jetant sa tête en arrière.
Quand il a finit de rire, le bouclé s'accroupit à côté de moi, toujours assise en tailleur dans la salle de jeu, et s'approche de mon oreille, ses boucles brunes caressant mon visage, pour me chuchoter:

Je peux te parler?

Je lui répond par un hochement de tête, puis il se tourne vers les garçons et leur demande en me pointant du doigt avec un petit sourire:

Je peux vous l'emprunter?

D'accord mais tu viens jouer avec nous après! Lui ordonne le petit Smith.

Marché conclu!

Harry sert la main de Smith. Je le trouve vraiment adorable quand il est avec des enfants.
En réalité, il est toujours adorable...

Harry me fait signe de le suivre d'un petit signe de la tête vers la sortie. Il m'emmène dans le bureau de John. Ma parole, il connaît mieux cette maison que moi!

Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de venir ici...

John n'est pas là, mais je suis sûre qu'il serait furieux si il apprenait que nous sommes venus dans son bureau.

Ne t'inquiète pas, John ne saura pas que nous sommes ici, et puis, dans cette pièce, on pourra parler tranquillement.

Ok...

Je ne sais pas quoi dire d'autre, je me demande toujours si il est au courant pour les photos.
Alors, il plante son regard vert dans le mien et me demande, doucement, en articulant chaque syllabe comme il le fait souvent:

De quoi as-tu peur?

De quoi j'ai peur?? De quoi j'ai peur? Mais de tout! De toi, de moi, de souffrir, d'être détruite, de reproduire les erreurs de ma mère, de la décevoir...

Ma voix se brise et une larme roule sur ma joue. Je ne voulais pas pleurer devant lui. Je ne voulais pas pleurer. Je ne devrais pas pleurer. Je m'étais jurée de ne jamais pleurer pour un homme.
Mais... Est-ce que j'ai vraiment dit ça à voix haute? Apparemment oui, parce qu'Harry me regarde maintenant avec incompréhension et toute trace de sourire à désormais quitter son beau visage.

Pourquoi te ferai-je souffrir?

Arrête, on fait tous souffrir les gens qui nous aime!

C'est impossible! Je ne peux lui avoir avouer que je l'aimais alors que je ne le connais que depuis hier et que je veux mettre fin à ce... Début de relation.
Un sourire se dessine sur ses lèvres lorsqu'il me dit:

Dans ce cas, pourquoi ne serait-ce pas toi qui me ferait souffrir?

Est ce qu'il sous entend vraiment ce à quoi je pense? Je le regarde bouche bée alors qu'il s'avance vers moi et, comme pour mettre fin à mes doutes, pose ses mains sur mes hanches, et sa bouche sur la mienne. Je lâché mes béquilles qui tombent en faisant un bruit magistral, je me tiens sur un pied et il me soutient.

Nos langues rentrent en contact et un frisson me parcourt l'échine.
Je ne devrais pas faire ça mais je n'arrive plus à penser correctement. Mon esprit est ailleurs. Dans un monde utopique.
Ici, dans cette pièce aux murs recouverts de hautes bibliothèques, il ne reste plus que nos deux corps, attirés l'un par l'autre.
Il me fait reculer et mes fesses se cognent à l'imposant bureau en chêne massif trônant au milieu de la pièce. Mes mains s'aventurent dans ses cheveux alors qu'il me soulève pour m'assoir sur le bureau, ses bras passent autour de ma taille tandis qu'il se rapproche au maximum de moi, se tenant debout entre mes jambes. Je sens son souffle chaud dans mon cou après que nos lèvres se soient détachées, non sans un gémissement plaintif de ma part.
Alors que mes esprits me reviennent peu à peu, ses lèvres se déposent dans mon cou et descendent peu à peu le long de ma clavicule. C'est trop bon...
Je dois l'arrêter maintenant. Je dois  l'arrêter avant de me laisser envoûter par son parfum, par ses baiser, par lui, tout simplement, et de ne plus pouvoir me contrôler...

Non...

Je gémis. Harry s'arrête et me regarde, il m'interroge d'un regard incertain.

Je ne peux pas, dis-je dans un souffle.

Puis je rajoute:

Pas maintenant...

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