Chapitre 2

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Nate

Je me réveille un peu confus. Tout en me redressant, j'observe autour de moi. Des taches rouges attirent mon attention vers le sol. Je vois du sang. Mon sang. Et non-loin, la lame de rasoirs qui traîne sur les carreaux de la salle de bain, me rappelant ainsi ce qui s'est passé plutôt. Ce que je me suis fait à moi-même.

Je sais que je ne dois pas faire ça, mais depuis que j'ai essayé, je ne peux m'empêcher d'arrêter. C'est comme une drogue. Me couper la peau me procure un certain plaisir. Ça me permet d'oublier ma vie de merde, mes problèmes qui ne font que s'accumuler. Ressentir la douleur me permet de me sentir mieux. Plus vivant. Ma haine envers moi, envers ce que je suis, s'atténue un peu.

Je ramasse la lame et la range dans la boîte, avec toutes les autres. Mes yeux fixent le contenant blanc, mais les détourne rapidement. Ne voulant pas me remémorer des souvenirs. Je me lève de parterre, me dirige vers le lavabo, tout en évitant soigneusement mon reflet, ouvre le tiroir à ma gauche et sors tout le matériel pour me soigner. Je passe doucement un morceau de coton, imbibé d'alcool, sur les coupures et un gémissement de douleur s'arrache de ma bouche. Brisant le silence.

Une fois que mes poignets sont bien nettoyés, je les bande et tire sur les manches de mon t-shirt pour les camoufler. En relevant la tête, mon regard croise mon reflet, mais contrairement à d'habitude, je ne les détourne pas. Examinant cette personne devant moi.

Si on regarde rapidement, on ne peut savoir si c'est une fille ou un garçon, dû à son visage. Ses traits de visage sont très fins, comme ceux d'une fille, ce qui emmène le doute. Ses grands yeux verts sont remplis d'une infime tristesse, de longs cils recourbés les habillent. Ses joues sont un peu creuses et des cernes colorent le bas de ses yeux. Son teint blanchâtre fait ressortir ses lèvres roses, fines. De quoi faire jalouser n'importe quelle fille. Et malgré son t-shirt deux fois trop grands, on peut voir que son corps est mince, presque maigre.

Je te hais. Je te déteste.

En me regardant, je ne peux m'empêcher de ressasser le passé. Mon cœur se serre et je réprime mon envie de vomir le sandwich que j'ai mangé plutôt. Je me rappelle exactement cette fameuse soirée qui a tout changé, comme si c'était hier. Je sais que c'est ma faute si ma mère passe son temps à boire, soit enfermer dans sa chambre, soit dans le salon, après le travail. Tout ça, c'est ma faute. Si j'étais né normalement, comme tous les garçons de mon âge, on n'en serrait pas là. Je m'en veux tellement de ne pas avoir fermé ma gueule ce jour-là. À cause de ça, j'ai privé ma mère de son bonheur, de l'homme qu'elle aimait. Je me déteste pour ça.

Je sens quelque chose d'humide couler sur ma joue et la nettoie rapidement. Je n'ai pas le droit de pleurer, je le mérite, pour tout le mal que j'ai fait. Je n'aurais jamais dû naître, exister.

Je longe le long couloir, en traînant les pieds tel un zombie. Arrivé dans le salon, je vois ma mère qui bien sûr n'a pas bougé depuis que je suis rentré de l'école, il y a de cela deux heures.

- Bonjour maman, je murmure, même si je sais d'avance qu'elle ne va pas me répondre.

Je m'approche un peu d'elle et je grimace en sentant la forte d'odeur d'alcool qui empeste dans la pièce. Je vais vers la fenêtre, en évitant soigneusement les bouteilles qui sont entassées sur le sol et l'ouvrent. Une fois la tâche faite, je me retourne en direction de la femme qui, il y a un temps, était fière de moi. Son regard est fixé sur l'émission qui est diffusée sur l'écran fixé au mur, l'air absent, son éternelle bouteille de vodka dans la main gauche. Elle ne fait même pas attention à moi, comme si je n'étais pas là, comme s'il y a un voile devant ses yeux l'empêchant de voir ce qui l'entoure. En la voyant ainsi, je ne peux, encore, m'empêcher de me dire que c'est ma faute si elle est dans cet état. C'est toujours comme ça. Quand elle rentre du travail, elle boit, mange à peine et dort. Elle ne parle presque jamais.

Après quelques secondes, sans aucune réaction de sa part, je me dirige vers la cuisine pour cuisiner. Je ne suis pas très bon en cuisine, mais avec le temps, j'arrive à faire des plats simples.

*

La nuit est tombée depuis plus de trois heures maintenant. Allongé sur mon lit, je regarde mon plafond. Mes écouteurs sont enfoncés dans mes oreilles, une chanson du groupe Fall Out Boy joue. Depuis enfant, la musique me permet de me détendre et, bien sûr, des moments de ma journée remontent dans mon esprit petit à petit. En repensant à tout ça, ma rencontre avec Jason revint.

Jason ne m'a jamais apprécié. Et quand, à ma première année de lycée, j'avais fait la bêtise de dire à Amy, mon ancienne meilleure amie, mon attirance pour les hommes, elle était partie le raconter à tout le monde, sa haine pour moi-si on peut appeler comme ça-, c'est alors empiré. Du coup, il passe son temps à s'acharner sur moi. Mais d'une certaine manière, je me dis que je mérite ce qu'il m'arrive.

Si je n'étais pas comme ça, les choses ne se passeraient pas de cette manière. C'est le karma comme on dit.

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Voilà le deuxième chapitre ! J'espère que vous avez aimé. Je suis vraiment désolé pour le temps que j'ai mis pour le posté. C'est pour quoi ce week-end, je vais mettre le chapitre 3 pour me faire pardonner de mon retard.

Apparence trompeuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant