Andrew se rend compte trop tard de la personne qui se tient devant lui. Son poing se fracasse contre ma mâchoire comme une boule de démolition entre en contact avec un mur de béton. Je tombe sur le sol et l'air horrifié, il n'ose pas me regarder en face. J'ose espérer qu'il n'y a pas mit toute sa force, parce que j'ai beau toucher ma joue, je ne sens aucune douleur. Ma tête se met à tourner et je n'entend que des bourdonnements sourds, ceux-ci remplaçant les cris des fraternels Hodgkin. Randy accourt dans ma direction, Andrew se laisse glisser le long du mur, une main sur la bouche, l'horreur perceptible sur son visage et le troisième, lui, se sauve par la porte donnant sur la cour arrière.
Dans mon champ de vision, je ne perçois que le visage de Randy au-dessus du mien bougeant les lèvres pour former des mots qui sonnent sourds à mes oreilles. Ses yeux transpirent l'inquiétude et sa main, incertaine, se pose sur ma joue meurtrie. Elle plonge son regard dans le mien et tente toujours de me faire la conversation mais je n'entends un pietre mot sortir de sa bouche. Tandis que je suis toujours recroquevillée sur le sol, elle passe ses bras sous mes aisselles et me soulève de terre. Les jambes flageolantes, je m'appuie sur ses épaules pour marcher vers l'escalier.
Au rez de chaussé, elle me couche sur le canapé et court vers la cuisine. À son retour, elle tient un sac remplit de glaçons et l'enrobe dans une petite serviette pour ensuite déposer le tout sur le côté gauche de mon visage. Elle place également un oreiller sous ma tête et une couverture sur mon corps avant de retourner au sous-sol une lingette humide et un bol d'eau à la main.
Tout tourne autour de moi, les meubles dansent la valse et les chandeliers ondules au rythme des vagues de l'océan. Le plafond bascule et tout d'un coup j'ai l'impression que le monde est à l'envers. Je sens les pulsations de mon coeur dans ma tempe et le goût de sang dans ma bouche. Le coeur sur le bord des lèvre, je tente de garder mon dîner dans mon estomac. Des frissons me parcourent le corps et me procurent une sensation désagréable que j'aimerais chasser à tout prix.
Peu à peu, la douleur à ma joue commence à se faire sentir. Cette fois-ci, c'est pire qu'à Halloween. Je sens chaque partie meurtrie de ma peau comme si l'on y pressait un fer rouge.
En revenant du sous-sol, Randy pose son regard de pierre sur moi. Par sa simple expression je sais que ce qu'il y a dans le sous-sol n'est pas beau à voir si l'on se fit aux bruits de fracas qui commencent à se faire entendre. Mon ouie revenant graduellement, j'essaie de ne pas me concentrer sur les bruits de verre qui éclate et de bois qui se fracture mais cela m'est impossible. Par dessus tout ce vacarme, j'entend les cris d'Andrew. Des cris de rage et de désespoir.
Ces cris sont pires que tout ceux que j'ai pu entendre au court de ma vie. Mon cœur se serre mais la douleur me ramène à la dure réalité.
Pendant une dizaine de minutes, le vacarme ne cesse de faire rage au sous-sol, pourtant, il se calme finalement. Un bruit sourd me parvient à l'oreille, celui du corps d'Andrew tombant sur le sol.
D'un pas mal assuré, je me lève du sofa et me dirige vers l'escalier.
En posant le pied sur la dernière marche, je découvre la scène. Les meubles sont renversés, les vases cassés, les tissus éventrés et un homme à genoux sur le sol au milieu de ce désordre. Je m'approche doucement pour ne pas le brusquer mais lorsque je pose ma main sur son épaule il reste de glace. Il ne bouge pas, ne sourcille pas et ne fait aucun bruit.
- Andrew, parle moi, le suppliai-je d'une voix chevrotante mais rien ne se produit.
Il reste de marbre.
- Adrielle, je te ramène cher toi, me lance Randy du haut des marches, viens!
Désemparée, je regarde Andrew et le supplie de faire quelque chose. Toujours rien. À contrecœur je lui tourne les talons et me prépare à partir.
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M'aimeras-tu encore demain?
RomanceJe peux lire en lui comme dans un livre ouvert, il ne peut rien me cacher et cela le trahit à tout les coups. Il tente de résister, de suivre ses obligations et pourtant, il en est incapable. C'est la nuit où tout a basculé qui l'a fait céder.