BR 5. Pois[s]on

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Deux semaines, deux longues semaines à entendre les bips des appareils de surveillance de ses constantes dans sa chambre d'hôpital. Deux longues semaines avec cette seule musique, marre, elle en avait vraiment marre. Tout l'exaspérait, les deux gardes constamment à sa porte, les infirmiers qui ne lui adressaient la parole qu'afin de lui donner des ordres et cette éternelle question: pourquoi était-elle trop faible pour tenir son rang mais pas assez pour éviter d'être kidnappée et utilisée à tout va? Oh Hinata était vraiment de mauvais poil ce jour, tout ce qu'elle souhaitait c'était une journée de sommeil sans interruptions.

Car depuis deux ou trois jours, elle n'arrivait pas à s'en souvenir, la jeune femme aux yeux blancs était dans un état profondément dépressif et n'aspirait qu'à dormir, quitte à ne jamais se réveiller. L'infirmière, une vieille femme toute ridée, venait d'emporter le plateau de son petit déjeuner. Hinata avait donc deux heures de tranquillité, trois avec de la chance.

Elle ajusta ses oreillers, remonta la couverture jusqu'à son cou et ferma les yeux, priant pour un sommeil rapide. Enfin un peu de liberté pour son esprit, pendant environ deux minutes. Car Kankurô entra sans s'annoncer dans la pièce, en tenue civile, un sac en papier à la main.

— Tiens, de quoi t'habiller. On sort d'ici.

Hinata le regarda les yeux mi-clos, pas certaine de savoir ce qu'elle ressentait à cet instant. Était-ce la joie de pouvoir sortir de là ou la tristesse de devoir quitter son sommeil si empreint de liberté? Probablement un peu des deux. Elle regarda le shinobi et tenta de percevoir son esprit à travers ses yeux mais ne vit que deux pupilles noisettes. 'Même pas bonne à comprendre une situation.' Se réprimanda-t-elle mentalement.

— Que me veux-tu? Se résolut-elle à demander, espérant ne pas avoir l'explication du jeune homme.

— J'ai eu la permission de t'emmener dehors, j'ai dit à Gaara que je n'avais pas risqué ma vie pour te libérer pour que tu meurs d'ennui ici.

— Je suis votre prisonnière.

— Invitée, aux dernières nouvelles nos villages sont alliés, fit remarquer Kankurô tandis qu'elle attrapait le sac qu'il lui tendait et se dirigeait vers la petite salle de bain attenante.

Ils continuèrent la conversation à travers la porte, Hinata, un peu plus sûre d'elle grâce à la porte qui les séparait insistait sur l'interdiction de communication avec Konoha qui pesait sur elle et Kankurô répétait encore et encore qu'il était vraiment étrange que son village l'abandonne à son triste sort sans raison.

— Mais, se rendit compte Hinata en sortant de la salle de bain vêtue d'un jean, d'une tunique bleue claire et d'une veste en cuir beige, vous n'avez pas peur que je sois reconnue dans la rue?

— Oh il est possible que quelques-uns des villageois te reconnaissent, concéda Kankurô en mettant ses mains dans les poches de son pantalon, mais aucun n'ira le dire à Konoha, on est alliés, pas potes.

La jeune femme sourit timidement, elle termina sa préparation en tressant ses longs cheveux puis suivit le ninja dehors. Une chance pour eux, il faisait beau, peu de vent donc peu de jets de sable dans les yeux.

Kankurô l'emmena à travers les ruelles du village jusqu'aux serres du village. Il s'était dit que la vue de toutes ces plantes médicinales dont il ne se rappelait jamais les noms mais pouvait en revanche cité tous les principes actifs lui ferait plaisir. Hinata soupira.

— C'est Sakura la médic-nin tu sais? Je n'ai jamais été attirée par ces études, je connais les bases certes mais pas plus.

— Mince.

Il fit une moue dépitée, déçu que sa surprise n'ait pas plu.

— On peut faire chose, tu veux aller au dojo? On peut aller lancer quelques shurikens sinon? Du shopping peut-être? Les filles adorent ça d'habitude, à part Temari mais ce n'est pas une fille...

Hinata le laissa continuer sur sa lancée. La prenait il pour une fille aussi insignifiante qui passait ses journées à s'entraîner ou à se faire belle? Il paraissait un peu désorienté, citant toutes les activités féminines qu'il connaissait, de la pédicure au collage de paillettes sur les cadres photos.

— Cuisinons, déclara Hinata, coupant le monologue qui s'éternisait.

Kankurô se figea.

— Tu cuisines toi? Il n'y a pas des serviteurs de ton clan pour ça?

Et en plus il la prenait pour une assistée.

— Oui je cuisine, c'est un mélange de force, de subtilité et de patience. De plus on peut manger à la fin.

Le ton moqueur qu'elle avait employé à la fin de sa phrase le fit éclater de rire. Ils se dirigèrent donc vers les petits commerces d'une rue avoisinante et firent le plein de victuailles. Kankurô la mena ensuite jusqu'à chez lui, il résidait au deuxième étage d'un immeuble du centre du village. Il déverrouilla la porte puis s'écarta pour la laisser entrer. Hinata découvrit un grand salon séjour aux murs peints en beige. 'Tout est beige ici.' Songea t-elle.

A gauche elle devina un couloir menant à des chambres tandis qu'à droite deux portes ouvertes desservaient l'une une petite chambre transformée en atelier aux vues des multiples marionnettes désassemblées et aux bouts de bois qu'Hinata apercevait. La seconde pièce étant la cuisine.

— C'est la première fois qu'une fille utilise le prétexte de vouloir cuisiner pour s'inviter chez moi, d'habitude elles veulent voir mes marionnettes... plaisanta Kankurô après avoir refermé la porte et jeté sa veste sur le canapé le plus proche.

Oh le rougissement de son invitée valait tout l'or du monde. Il alla mettre les ingrédients frais à l'abri et lui fit faire le tour du propriétaire, en plus de ce qu'elle avait déjà vu, Hinata découvrit deux chambres encadrant une salle de bains spacieuse.

— C'est grand et... commença la jeune femme mais il l'interrompit rapidement.

— Oui je sais c'est trop grand pour un homme seul surtout à Suna mais de une je mets ma vie en danger tous les jours pour pouvoir me l'offrir et de deux mes amis sont bien contents quand ils peuvent cuver leur vin dans ma chambre d'amis plutôt que de rentrer se faire enguirlander par papa maman !

— J'allais dire "bien agencé". Murmura Hinata confuse de l'avoir vexé.

— Pardon, je me suis emporté.

Elle lui sourit et, la bonne humeur retrouvée, se dirigèrent vers la cuisine afin de préparer les plats qu'ils avaient choisis. Ils en eurent bien pour deux heures de travail, et quatre mains ne furent pas de trop mais le résultat fut là. Kankurô savoura l'un des meilleurs déjeuners de sa vie et Hinata eut enfin l'occasion de montrer qu'elle était vraiment douée pour quelque chose.

— C'est terriblement bon Hinata, je suis sûr qu'on pourrait facilement mettre trois gouttes de baiser de la mort dedans, les gens le dégusteraient quand même.

— Trois gouttes de quoi?

— De baiser de la mort, comme son nom l'indique c'est un poison. Incroyablement efficace mais avec une odeur et un goût tout simplement infects. C'était un compliment.

— Moui, répondit la jeune femme peu convaincue.

A la fin du repas, elle commença à attraper la vaisselle pour aller la nettoyer mais Kankurô lui indiqua une magnifique invention mettant à égalité hommes et femmes devant la vaisselle: le lave-vaisselle. Ils mirent tout en vrac dedans et lancèrent un programme.

Ils récupérèrent ensuite leurs vestes et se préparèrent à partir. Kankurô déverrouilla la porte et s'apprêta à l'ouvrir lorsqu'il s'interrompit et se retourna. Hinata ouvrit la bouche pour lui demander ce qu'il avait oublié mais elle ne put car il s'était penché vers elle et l'embrassait. Puis il se redressa et lui murmura avec un sourire.

— Elle marche bien ta technique de drague.

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