6. Retrouvailles

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Mes yeux s'embuèrent de larmes. Non, c'était impossible.

Je ne pouvais pas retenir mes larmes qui coulaient déjà le long de ma joue. Ses cheveux volaient au vent et ses figures de skate étaient aussi parfaites qu'autrefois. Elle ne me voyait pas mais moi je la discernai que trop bien. Mes genoux avaient du mal à supporter mon poids et je ne voyais presque plus rien. Mes cheveux étaient emmêlés et j'étais encore à bout de souffle, non pas parce que j'avais beaucoup courus mais à cause de cette rencontre inattendue.

Cette fille... cette fille avait changé mais je pourrais la reconnaître entre mille après dix ans de séparation. Cette fille était tout pour moi à l'époque. Quand elle avait dû partir, j'étais détruite, mon monde s'était écroulé. Je n'avais plus eu de joie de vivre, j'avais commencé à vouloir être seule. J'avais commencé à faire des conneries et à traîner avec les mauvaises personnes pour tout oublier.

Je m'en souvenais maintenant, c'était à cause de cet évènement que tout avait commencé. Puis ça s'était enchaîné comme une suite logique.

Je voulais courir, lui sauter dans les bras, lui rappeler qui j'étais, ce qui s'était passé et tout les bons souvenirs que j'avais laissé derrière moi, mais mes jambes ne répondaient plus. Mes genoux cédèrent et je tombai à quatre pattes, comme abattue.

J'enfouis ma tête dans mes deux mains et pleurai comme jamais. Je retombai sur les fesses, les jambes recroquevillées près de mon corps. Jamais je n'avais reçu un coup aussi dur. Je sentis une main sur mes épaules et une autre dans mon dos mais ma tête refusais de se relever pour voir le visage de mon interlocuteur. Je sentis une voix douce de femme me parler. Elle me secoua doucement les épaules et me caressa le dos, en me réconfortant.

Je décidai enfin de relever les yeux vers la fille et la vis. Oui, elle.

Je m'effondrai dans ses bras. J'imaginai ma tête à cet instant: maquillage qui avait coulé, fond de teint horrible, far à paupière à moitié enlevé, je m'imaginai avec cette tête et je me rendis compte que j'étais sûrement défigurée. Mais je m'en foutais, car j'étais dans les bras de ma sœur.

Elle était partie il y a bien longtemps. Quand j'avais 9ans enfaîte. Elle en avait 13 et avait une maladie de cœur qui l'empêchait de s'épanouir correctement. Elle avait dû partir vivre dans une maison de repos, une sorte d'hôpital, là où tout était monotone et ennuyeux.  Elle devait rester là-bas pour toujours d'après les médecins. C'étaient mes parents qui m'avaient répété ça quand j'étais jeune.

Je pense que je ne me suis jamais remise de la perte de ma sœur en quelques sortes. Je ne savais pas comment elle avait pu vivre ainsi. Mais voilà que je la retrouvais enfin, après tant d'année de séparation.

Elle me dévisagea tandis que moi j'inspectai le moindre trait de son visage pour le photographier si elle venait à repartir. Ses yeux s'embuèrent de larmes à leur tour et elle me reprit dans ses bras avant de commencer à fondre en larmes.

Deux sœurs qui ne s'étaient pas vu depuis 8ans et qui pleuraient dans les bras l'une de l'autre à leurs retrouvailles. Jamais je n'aurais imaginer qu'une telle scène ne puissent se produire dans ma vie, à moi. Jamais je n'aurais imaginer la revoir un jour. Mais pourtant c'était vrai.

Elle me regarda en face et commença à trembler. Elle passa ses doigts sur mes joues, près de mes lèvres, près de mes yeux, sur mon front, sur mon nez... Les larmes coulaient d'elles-mêmes à présent sur ses joues.

— Charlie ?

Et je m'effondrai en sanglot dans ses bras une seconde fois.

Il suffisait que ma grande sœur prononce mon prénom pour me faire craquer. Je ne pleurai pas souvent, ça témoignait du moment important qui se déroulait.

Si un mec que j'aimais me ferait une déclaration d'amour, je ne pleurerais pas. 

S'il venait à me quitter, je ne pleurerais pas.

Non, je ne suis pas une fille fragile. Je suis une fille forte. Plus forte que tout le monde peut le croire.

Je posai mes mains sur ses joues et l'éloignai de moi. Je me calmai et la regardai dans les yeux. J'y vis une fille triste et sans sentiments. J'y perçus une vie monotone dans une maison en noir et blanc. J'y décelai un petit cadre ou deux sœurs et un frère jouaient ensemble dans un jardin. Sur cette photo, que tient la fille, ils paraissaient heureux. Heureux avant que cette petite ne parte.

Oui, c'était elle, Noah et moi. J'avais 9 ans, elle 13 ans et lui 14. On était encore ignorants et innocents. On était encore des enfants. J'étais encore une enfant quand elle avait dû partir. J'étais encore trop jeune pour la voir partir pour toujours.

Elle posa ses mains sur mes épaules et les fit glissées le long de mes bras pour me prendre les mains avant de se relever.

— Anna, susurrai-je.

Elle sourit.

Elle serra fort mes mains et me sourit d'un sourire tellement beau que je m'étonnai que ce soit le sien. Elle m'entraîna vers le skatepark où sa planche était restée. Je me rappelai les figures qu'elle m'apprenait quand j'étais plus jeune.

Elle allait souvent faire du skate et je l'accompagnais la plupart du temps. Lorsqu'elle ne me disait pas « Non, Charlie, tu es trop jeune ». J'aimais beaucoup la regarder faire ses figures. Je l'observais à longueur de journée et jamais je ne m'étais lassée. Peut-être que maintenant, j'aimerais plus qu'elle me prête sa planche que de la regarder en faire mais je ne dirais pas non pour autant.

— Dis-moi tout, absolument tout, commença-t-elle.

— Je sais pas par où commencer... je fais du skate depuis que tu es partie, j'ai des notes misérables, je fais un j... ( Je me repris vite avant de commettre l'irréparable ) je sors avec quelqu'un, il s'appelle Cameron...

— Vraiment? Le Cameron? Le petit garçon qui ne cessait de te pousser à la récré?

J'éclatai de rire face à cette réflexion en essuyant les dernières larmes rebelles au coin de mes yeux.

— Oui, c'est lui. Le petit diablotin comme tu l'appelais. Tu sais, il a changé.

J'omis de dire dans quel sens. Elle serait déçue de lui.

On commença à parler de tout et de rien. J'avais tellement de choses à lui raconter. De sa vie là-bas; de la mort de nos parents qu'elle avait appris seulement depuis peu et c'était donc pour ça qu'elle était revenue; de son cœur, qui allait beaucoup mieux, sinon elle ne serait pas revenue; de mes notes; de mes soirées; de ses soirées; de Noah; de Cameron; de ma « popularité » si on pouvait appeler ça comme ça...

J'avais tout à lui dire. Toute ma vie sans exception. A part bien évidemment le jeu. Et cette omission me torturait, car c'était bien la chose qui emplissait le plus ma vie en ce moment.

Bientôt, la nuit tomba. On ne s'était même pas rendue compte de l'heure et déjà 19h sonnait. Elle était arrivée seulement aujourd'hui et n'avait pas de logement alors je lui proposai de dormir chez moi.

On rentra à l'appartement et je vis Cameron dans mon canapé en train de siroter un smoothie.

Média: Anna Collins aka Selena Gomez

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Que pensez-vous de Anna et sa situation?

Ces retrouvailles, émouvantes ou cucul? Ahah, j'ai toujours le mot pour sortir de l'émotion ;)

Je vous souhaite de bonne vacances

Aller kissou !! 😙

Juste pour le jeu...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant