18. Prise de tête

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Elle

Je rentrai à mon appartement, tranquillement. J'avais laissé Anna et Maxence en tête à tête. Ils avaient certainement beaucoup de choses à se dire. 8ans de séparation ne s'inventaient pas en un claquement de doigt.

Une petite douleur à la poitrine avait plané tout du long du rendez-vous.

En réalité, j'avais tenu la chandelle des deux tourtereaux. Anna m'avait remercié de « tout son cœur » pour avoir accepté de venir avec elle, car elle savait que ça me retournait le couteau que j'avais déjà dans le ventre.

En rentrant dans ma chambre, je découvris ma fenêtre grande ouverte et mon bureau balayé. Tous mes effets personnels étaient éparpillés par terre.

Ça devait sûrement être le vent qui avait provoqué tout ce désordre. Je ramassai mes affaires, et ça me permit même de faire un peu de rangement.

Je commençai à me passer un film romantique, mais ça me démoralisa, alors je préférai regarder des photos de Cameron et moi, m'acharnant sur mon triste sort. L'être humain était ainsi: au lieu de chercher des solutions à ses problèmes ou ses peines, il préférait s'enfoncer en ne voyant que le côté négatif des choses, en restant pessimiste. On s'autodétruisait.

Lui

Un.

Deux.

Trois.

Quatre.

Euh... cinq ? Non, ça doit faire le troisième.

Quatre...

trois... deux... un...

- C'EST LA CHENILLE QUI REDEMARRE ! crié-je à bout de souffle.

Des gens commencent à s'agripper à mes épaules et à chanter la chanson de la chenille en boucle. Et moi, menant la cadence devant. Ils ont l'air de bien s'amuser mais moi, je me sens un peu... comment dire que je suis bourré sans être vulgaire ? Oh et puis merde !

- EN AVANT TOUS VOYAGEURS ! LA CHENILLE PART TOUJOURS A L'HEURE ! continué-je toujours dans le même état.

Les filles commencèrent à se faire une place à mes côtés et je m'ôtais des fêtards pour aller à leur table.

Oh, quelle coïncidence! Un visage si familier. Ce regard me lançait des piques mais je savais très bien ce qu'elle pensait réellement de ma venue à sa table. Je ne reconnus aucune de ses amies et pour cause, elles n'étaient pas dans le lycée! Mais elles étaient toutes... vraiment pas mal du tout.

Je m'assis sur la banquette à côté de ma connaissance et tentai de dire sans bégayer:

— Allons faisons un break pour une soirée. Toi et moi, c'est évident nan?

Elle commença à sourire et à se blottir contre moi. Je ne répliquai rien et la laissai faire. J'étais dans un monde ailleurs. Loin de cette ambiance de folie et de ces filles; loin de tous mes problèmes dont j'avais même du mal à me souvenir... j'étais vraiment loin. Bien trop loin pour réagir aux lèvres qui se posaient sur les miennes et aux flashs qui se projetaient sur moi. Je ne réagis pas quand elle commença à promener ses lèvres sur mon corps.

Ce ne fut même pas moi qui la fit déguerpir mais une de ses amies. Mais ce n'est pas pour mon bien. Elles voulaient « partager ». Beurk.

Les mêmes lèvres que tout à l'heure se posèrent sur ma joue et murmurèrent un semblant de « enfin ». Mais je ne pouvais plus faire comme si de rien était et allait vomir quelque part d'autre que près de ces connes.

Juste pour le jeu...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant