30. Ultime dispute

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  Elle

Je me réveillai doucement, mes rideaux filtraient difficilement la lumière du jour qui illuminait ma chambre d'une lueur tamisée. Je regardai mon réveil sans trop de pression. 11heures. Je devais m'en douter.

Je me levai de mon lit. Mes pieds foulèrent le parquet glacé. C'est alors que tout me revint.

Cette nuit de folie, le campus, la dispute, Emy, Cameron. Et le fait qu'en sortant de la chambre, j'allai le retrouver.

Rien qu'à cette pensée et aux potentielles discussions qu'on pourrait avoir, j'avais envie de me recoucher pour partir au pays de l'oublie.

Mais une mission m'attendait. On devait se rendre avec Cameron au lycée pour faire tomber Alyson. C'était peut-être la seule motivation qui me poussait à franchir le pas de ma porte.

Il était en train de prendre son petit-déjeuner. Sans un « bonjour », je me préparai mon smoothie.

Ni l'un ni l'autre n'avait envie d'adresser la parole à l'autre. La faiblesse que chacun avait eu de partir à la recherche de l'autre la veille avait disparu, laissant sa place à l'amertume et l'animosité électrique. Et de nous deux, je ne savais pas lequel avait le plus de raisons d'être en colère.

Je ne me rendais même plus vraiment compte de mon degrés de rancœur. J'aimais peut-être simplement le fait de lui en vouloir pour lui donner une leçon, ou je ne sais quoi.

Je m'installai en face de lui et bus tranquillement ma boisson avec une paille en découvrant les dernières infos sur les réseaux sociaux.

Il dégustait ses céréales imbibés de lait, un pied posé paresseusement sur la chaise. Son téléphone était posé à plat sur la table à côté de lui, il faisait défiler des publications sans y prêter grand intérêt.

Ce tableau était si triste, dire qu'avant on se partageait mon smoothie quotidien et qu'on faisait des batailles de lait. Je ne savais même pas pourquoi je rachetais toujours des réserves de ses céréales favorites. Peut-être pour que le fantôme de mes souvenirs n'en manquent pas.

Je terminai ma boisson et essayai d'attraper les derniers gouttes rebelles en les aspirant avec ma paille.

Cameron releva les yeux pour la première fois depuis le réveil et me jeta un regard noir. Rien que pour le provoquer, j'insistai en faisant plus de bruit.

— Tu as toujours été si mal élevée, remarqua-t-il.

Piquée par sa réplique, je le défiai du regard.

—  Je croyais que tu ne m'adressais plus la parole?

— Je n'ai jamais dit ça, réfuta-t-il.

Je le regardai d'une mine blasée.

— Pas un bonjour, ni un merci. Un peu plus et je te jette dehors, tu sais. Rien ne m'a forcé à t'héberger, mais rien ne me force à te faire rester.

Un soupçon de malice se balada dans ses pupilles.

— Sauf qu'à preuve du contraire, tu as besoin de moi, remarqua-t-il, et c'est toi qui voulait que je revienne.

Un sourire satisfait s'attarda sur ses lèvres. J'aurais donné n'importe quoi pour le lui ôter. En l'embrassant par exemple.

Je chassai cette idée.

— On a tous les deux besoin l'un de l'autre, déclarai-je sans croiser son regard.

En relevant les yeux, j'aperçus son expression confuse. C'est alors que je me rendis compte que la tournure de ma phrase pouvait être détournée de son sens premier.

Juste pour le jeu...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant