25. Un dernier pardon

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   J'avais passé la journée au lit à repenser à ce qu'il m'avait dit. Je me demandai ce qui avait bien pu se passer pour qu'il revienne sur ses positions.

J'avais tant envie de me pointer chez lui en débinant tout ce qu'il s'était passé hier – car je me doutais qu'il ne s'en souvienne pas – puis de lui demander de me rendre des comptes.

Mais je ne l'avais pas fait, je ne savais pas pourquoi, peut-être car j'avais peur de croiser Emylia avec lui, et qu'ils me vomissent leur bonheur dessus.

A la place, j'écoutais des musiques nostalgiques dans ma chambre, allongée sur mon lit et comme seule occupation: regarder le plafond.

Anna n'était pas là, elle était de plus en plus rarement à l'appartement. Elle passait son temps à chercher un appartement la journée, et le soir avec Maxence, soit ils sortaient, soit ils allaient chez ses parents.

Je me sentais si seule. C'était dans ses moments-là où mes parents me manquaient terriblement. Leur souvenir revenaient et me rendaient triste. C'était un sentiment indescriptible, qui me broyait le cœur et me rongeait le corps jusqu'à la moelle.

On sonna à ma porte. Je me levai péniblement et me traînai jusqu'à l'entrée.

J'ouvris la porte et en voyant le visage qui se cachait derrière, la refermai immédiatement.

— Charlie, ouvre-moi, dit-elle posément à travers la porte.

— Barre-toi!

Je tendis une oreille attentive mais ne perçus pas ses pas s'éloigner. Elle devait rester cantonnée devant la porte à attendre que je lui ouvre. Qu'elle n'y compte pas.

— Je suis venue en temps qu'amie, poursuivit-elle sans perdre patience.

Emylia était une têtue, j'en avais eu des échos, mais je ne pensais pas qu'on entendait par là qu'elle était suicidaire. Il faut dire que la gifle que je lui avais assénée n'était rien comparé à ce que je savais faire.

— On n'est pas amie.

Malgré mon obstination à camper sur mes positions, j'étais assez intriguée par où est-ce que cet échange allait nous mener. 

— Après ce que je vais te dire, je pense que tu remettras notre amitié en question.

Je soupirai. Elle n'allait pas céder.

Épuisée de me battre, j'ouvris d'une mine lasse et elle pénétra dans l'appartement sans attendre.

— Quelle est la super nouvelle que tu veux m'annoncer?

Je fermai la porte négligemment et croisai mes bras sur ma poitrine.

— Je sais que tu ne voulais plus nous parler...

Je la coupai d'un mouvement de main l'incitant à aller droit au but.

— Je ne suis pas venue te voir avant parce que Cameron ne voulait pas, et puis, ensuite, Amber est décédée, alors il avait besoin de soutien mais...

Quoi? Amber est quoi?

Je ne pus retenir un cri de surprise. Elle comprit que je ne le savais pas. Elle afficha une expression peinée puis voulut s'approcher de moi pour me soutenir, mais je la retins à distance de la main.

Je dus m'asseoir sur un fauteuil pour reprendre mes esprits.

Je savais à quel point Cameron redoutait ce moment. Je le savais et je n'ai pas été là pour lui. Il était seul face à cette épreuve.

Et puis mon esprit fit une mise à jour et afficha le visage d'Emylia en gros dans ma tête. Non, il n'était pas seul. Il avait Emylia.

— Eh bien, tu dois être contente, ça a dû vous permettre de vous rapprocher, non? C'est ce que tu voulais au final. Bravo, tu as gagné.

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