33. Etat critique

483 20 0
                                    

On m'avait transporté à l'hôpital. J'étais incapable de prononcer le moindre mot, mais ils avaient expressément compris qu'ils devraient m'informer des nouvelles concernant Cameron.

D'après les médecins, je n'avais pas perdue connaissance, bien qu'il me semblait avoir des trous de mémoire car je n'avais aucun souvenir de l'ambulance. À moins que je ne sois pas venue en ambulance?

La seule image qui me hantait était celle de Cameron immobile sur le macadam.

Je me retrouvai à présent dans une chambre d'hôpital. J'étais seule. J'avais besoin de savoir comment allait Cameron.

En tentant de me lever, mon mal de crâne me ramena à la raison. Je ne pouvais pas bouger, pas tout de suite en tout cas.

Je trouvai le bouton pour appeler l'infirmière. Une grande brune avec une blouse blanche apparut quelques minutes plus tard.

Sans plus attendre, je la questionnai:

— Vous avez des informations sur l'état de santé de Cameron Watson?

Ma voix était enrouée et j'articulais mal. C'était comme si j'avais perdue l'habitude de parler, mais j'étais persuadée que c'était simplement le choc.

— Nous ne pouvons encore rien vous dire, mademoiselle.

— Mais il ne va pas mourir, affirmai-je pour me rassurer.

Face à son mutisme, mon angoisse s'aggrava. Est-ce qu'il avait des risques de mourir? Par ma faute?

Non non, je n'avais pas l'esprit clair. Ce n'était pas moi qui l'avait renversé.

— Dès que nous aurons des nouvelles, nous vous en informerons.

J'acquiesçai pour la remercier, incapable de prononcer le moindre son, ma gorge était trop serrée.

— On m'a informée que votre frère et votre sœur attendait en salle d'attente. Voulez-vous les voir?

Je hochai vivement la tête, ravalant un sanglot. J'étais un tantinet fleur bleue avec toute cette histoire, et je savais que j'allai pleurer comme une madeleine quand je verrais Anna et Noah.

Je restai allongée dans mon lit, attendant la venue de ma famille. Les minutes me semblèrent durer des heures. Je fixai le plafond bleu clair.

Si je me concentrais, je pouvais me croire dehors, à regarder le ciel indigo d'été. Je pense que c'était le but escompté.

J'avais la chair de poule.

Je remuai mes orteils, prise par une peur soudaine d'avoir perdue mes facultés. Ils s'agitaient parfaitement sous le draps blanc.

La porte s'ouvrit sur Anna. Elle avait le visage cerné par l'inquiétude et ses traits tirés me racontaient une journée mouvementée.

Elle étira un sourire jusqu'aux oreilles, j'avais l'impression d'être le nouveau nourrisson qui venait de naître à qui on allait lancer des « coucou, oh bah oui, t'es mignon ».

Noah passa à son tour la porte. Je fus surprise par sa mine. Il était si différent de la dernière fois. Il avait des rides lorsqu'il souriait et ses cheveux étaient coupés raz.

Anna me prit d'instinct dans ses bras, en faisant preuve de prudence, puis elle me regarda longuement, comme si elle avait eu peur de me perdre.

Ça n'était pas passer loin pourtant.

Un peu plus et ça aurait été moi à la place de Cameron.

Je frissonnai en repensant à son visage maculé de sang, ses paupières closes, son souffle court...

Juste pour le jeu...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant